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SPEAKY, L’entrepreneuriat dans le sang

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Brabant wallon  / Mont-Saint-Guibert

Par Adrienne Pesser

David, Benjamin et Ludovic forment un trio de petits génies autodidactes. Leur point commun ? Se lancer dans le monde entrepreneurial et créer leur propre société. En moins de deux ans, Speaky adéjà su séduire plus de 200 000 utilisateurs dans le monde. Leur motivation ? Se lever avec le sourire, être bien dans leurs baskets et voir leur projet aboutir.

 

Les bureaux du Creative Spark, sorte de pépinières à start-up, regorgent d’esprits créatifs cachés derrière une multitude d’écrans d’ordinateur. Les frères David et Benjamin Defrenne et leur ami Ludovic Chevalier, co-fondateurs de Speaky SPRL, ne dérogent pas à la règle. Du haut de leurs 25 et 26 ans, les trois jeunes ingénieurs (en informatique, mathématiques appliquées et gestion) fraîchement diplômés de l’UCL se laissent guider par leur instinct. Ils veulent créer leur propre boîte. Un passage par NEST’up, l’accélérateur de start-up, leur ouvre les yeux sur la marche à suivre. Le but ? Vérifier le plus rapidement possible qu’une idée a une chance de fonctionner et l’amener sur le marché.

 

Sur les chapeaux de roues

La première pierre de l’édifice est posée le 1er septembre 2014. Durant quelques mois, les comparses se partagent les divans d’une véranda familiale. Soutenus par leurs parents, ils se concentrent sur leur projet. Un mois plus tard, la plate-forme Speaky en version 1.0 voit le jour. « Durant notre enfance et adolescence, on a suivi des cours de langues à l’école sans réellement apprendre à les utiliser, explique David, co-fondateur. Ensuite, partis en échange Erasmus à Séville, Valence et Shanghai, nous nous sommes tous trois rendu compte de la facilité d’apprendre une langue en côtoyant des locaux avec qui nous partageons des intérêts communs. À vrai dire, s’exprimer sur un sujet qui nous interpelle est motivant. Il s’agit de situations réelles. C’est cette expérience qu’on a voulu recréer via notre plate-forme entièrement gratuite : être au contact de gens qui veulent apprendre des langues et qui ont des intérêts communs. »

Au final, peu importe le projet, c’est l’esprit d’entreprendre qui prime et, plus particulièrement, l’envie de résoudre un problème. « À notre niveau, si on ne solutionne pas de problème, on n’a pas de raison d’être. C’est là toute l’importance de notre existence. » Sélectionnés ensuite par Bolt, accélérateur de start-up espagnol, ils prennent la direction de Malaga, en Andalousie. « Nos quatre mois sur place représentent une super expérience, aussi bien humainement que professionnellement.Sans contrainte autour de nous, nous n’avions plus qu’une seule chose en tête, Speaky. On a appris énormément, on a avancé à grands pas, on a fait beaucoup d’erreurs aussi, mais tout allait bien plus vite. Des mentors ont passé notre projet à la moulinette, afin de déboucher sur un produit optimal. »

En avril 2015, la PME active dans le domaine de l’éducation se voit octroyer une subvention de la part de l’Union Européenne. « En contrepartie de la bourse, nous sommes dans l’obligation d’utiliser certains de leurs programmes informatiques durant un certain nombre d’années. Donc le deal consiste à offrir une certaine visibilité à l’UE sur leurs produits technologiques. Typiquement, je parle ici du système de video chat qui permet de “skyper” via un navigateur. »

Ludovic, responsable marketing, s’exprime. « On a un beau challenge dans la mesure où la vision qu’on a de notre plate-forme, c’est un réseau social où toute personne qui souhaite apprendre une langue va pouvoir se connecter avec des gens qui ont le même objectif. Théoriquement, on parle ici de deux milliards de personnes. Donc le grand débat, c’est comment toucher autant de gens, et ce, sans revenu, en conservant la gratuité du site. » En juillet 2015, un accord est signé avec Altissia, la référence des cours de langues en ligne, créateur de WallanguesSpeaky représente un outil innovant pour mettre en contact tous leurs apprenants. L’accord octroie une licence exclusive à Altissiad’utiliser Speaky« En bref, nous ne générons pas d’argent via notre plate-forme, mais nous “offrons une licence” à Altissia qui, elle, nous rémunère. Outre la bourse de l’UE, ce deal nous permet de gagner notre vie et de faire vivre nos collaborateurs. »

 

Une série de petits virages

Depuis ses débuts, le projet n’a pas pris de gros tournant. Les concepteurs considèrent plutôt qu’il a emprunté une série de petits virages, progressivement. Le principe du language exchange n’a pas de limite. Pour se démarquer de leurs concurrents, les trois comparses à l’esprit joueur n’ont d’autres choix que de gagner le marché, tout simplement. « De plus en plus, on voit éclore par-ci, par-là descommunautés qui se rapprochent vraiment de la nôtre. Pour contrer ce phénomène, nous devons impérativement être les meilleurs dans notre domaine. » En toute logique, le moment est venu de prendre leur place aussi sur mobile, pour permettre d’étendre l’apprentissage sur Smartphone. « À ce niveau-là, nos concurrents sont en avance sur Android et iOS. On vient à peine de sortir nos applications. C’est tout frais, on a encore du lait derrière les oreilles », relativise David, en charge du développement sur Android.

Pour répondre à la demande, Matthieu, le cadet de la famille Defrenne, est engagé en renfort, ainsi qu’un de leurs amis, Arnaud De Backer. Les cinq jeunes autodidactes se complètent et s’épaulent. Et David de préciser : « Dans le monde de l’informatique, il n’existe pas d’autres limites que le temps. Les solutions et supports, à l’heure actuelle, sont quasiment infinis. À force de s’exercer, on apprend sur le tas. Avoir un max de compétences regroupées au sein de l’équipe nous permet de gagner de l’argent, du temps et pas mal de discussions de longue haleine. En ce moment, on a tout ce dont nous avons besoin en interne. » L’équipe peut compter sur les conseils des membres du réseau Entreprendre Bruxelles qu’elle a rejoint il y a peu ou des autres locataires du Creative Spark« Peu importe le produit, on est souvent confronté aux mêmes interrogations, aux mêmes problèmes. Partager son expérience ou demander conseil permet de sauter des étapes. Faire une erreur que quelqu’un a déjà rencontrée avant soi serait vraiment dommage. Et c’est ce qu’on essaye d’éviter. »

L’accent sur l’épanouissement

À 25 ans, débuter sa carrière dans le monde ingrat et très sélectif de l’entrepreneuriat n’est pas ce qu’on pourrait appeler une solution de facilité. Pourtant, la chance semble sourire aux trois audacieux depuis le début de l’aventure. « Chance n’est peut-être pas le terme exact, mais ce qui est certain, c’est que nous avons de belles opportunités que nous saisissons aux bons moments. Puis, nous sommes en constante recherche d’opportunités pour faire évoluer le produit. Avant de pouvoir en saisir une, on a joué 50 cartes qui, elles, n’ont abouti à rien », se souvient David.

En deux petites années, les choses ont bien évolué et la motivation reste intacte et omniprésente. Pour se démarquer de ses concurrents, Speaky doit sortir du lot et les membres de l’équipe ne ménagent pas leurs efforts pour y parvenir. David, grand sportif dans l’âme au même titre que ses camarades, rappelle toutefois que « ça reste un marathon, ce n’est pas un sprint. Il faut laisser auxgens le temps de respirer. Au début, on travaillait minimum 10 à 12 heures par jour. Après quelques mois à ce rythme, on s’est vite rendu compte qu’autant d’heures de travail par jour représentaient en quelque sorte un frein à notre productivité. Pour l’instant, on tente de réduire nos heures de boulot, en commençant toujours à 7h30, mais en terminant beaucoup plus tôt, vers 16h. Notre principe actuel nous permet de raccourcir le temps de travail tout en augmentant notre productivité et notre concentration, tout en étant plus synchronisés avec le reste de la population, nos amis notamment. De plus, nous sommes tous de grands fans de sport, de musculation en particulier. Ça nous dégage du temps pour nous défouler. C’est un peu notre culture d’entreprise », sourit David. « Nous avons convenu de ce rythme de travail suite à une réflexion commune. On s’exprime beaucoup et sans hésitation sur nos besoins individuels vis-à-vis de la boîte. On veut vraiment arriver à un équilibre on apporte à Speaky, mais Speaky nous apporte aussi. » L’épanouissement personnel représente un facteur clé dans l’évolution de la jeune société et de ces jeunes qui n’ont pas peur de l’avenir.

 

www.gospeaky.com 


SPEAKY, FRUIT DE RÉFLEXIONS COMMUNES

DAVID

« On applique une hiérarchie aussi “plate” que possible. On ne parle pas des membres de notre équipe en tant que “patrons” ou “employés”. Tout le monde est sur le même pied d’égalité. Au niveauresponsabilités, ce ne sont pas les mêmes pour tout le monde, mais chacun de nous en a ! Quand l’on exprime ses besoins, c’est très facile de brainstormer et de trouver des solutions qui plaisent à tous. Benjamin, Ludovic et moi lisons beaucoup sur le monde entrepreneurial, le développement personnel,etc. On ne pense qu’au bien de la boîte, c’est ce qui nous guide. »

BENJAMIN

« En ce qui concerne les choix stratégiques, nous impliquons tous les membres de l’équipe. L’avis de chacun compte. C’est un élément essentiel pour la cohésion et l’évolution de l’entreprise. »

ARNAUD

« Précédemment, je travaillais pour une société de consultance informatique. J’y étais justedéveloppeur. Je veux dire par là qu’on ne m’a jamais demandé de faire plus que ce que je savais déjà faire, ce qui me paraissait un petit peu réducteur. On ne me faisait pas participer aux discussions stratégiques sur le logiciel que j’étais en train d’implémenter. J’avais une portée bien moindre que chez Speaky. Ici, je me sens totalement impliqué dans le projet, et ce, depuis le début. Cela donne l’impression que notre boulot représente déjà un investissement en soi. Je me vois évoluer et j’en apprends plus quotidiennement. »


SPEAKY EN CHIFFRES
2014
Le 6 octobre 2014 marque le lancement de la plate-forme. Depuis lors, le site est méconnaissable, il n’a cessé d’évoluer.
 
113
113 langues sont disponibles à ce jour, parmi lesquels le sanskrit, le berbère, le zoulou, le latin… etmeme le klingon !
 
1000
Chaque jour, Speaky comptabilise environ 1000 nouveaux inscrits. Ce chiffre ne cesse de croître.
 
200 000
Actuellement, Speaky compte 200 000 utilisateurs. Pour fin septembre, l’objectif s’élève à 400 000 inscrits.
 

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