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Par Laurence Cordonnier
Rire, crier, jouer, ressentir et, dans tous les cas, bouger ! Les émotions en tous genres ne manquent pas à la Ferme de la Planche. Sentier pieds nus, agrogolf et balades à dos d’âne sont au programme.
La ferme se loge au cœur du Parc naturel des Deux Ourthes, au pays des Massotais de Gouvy. Ses propriétaires, José et Marie-Christine Thiry, sont animés par un amour profond de la ruralité, de la nature et de la forêt. Au fil des saisons, ils partagent cette passion avec leurs visiteurs et proposentune infrastructure propice à la détente en famille ou entre amis : cafétéria, plaine de jeux, barbecue et espace pique-nique.
L’établissement prône un tourisme durable, responsable et respectueux de la nature. Cette philosophie lui a permis de recevoir plusieurs prix dont celui de la Fédération touristique duLuxembourg belge « Tourisme & Innovation » dans la catégorie « Attraction originale ». En effet, le sentier pieds nus proposé par la ferme est un parcours sensoriel insolite et, surtout, unique en Wallonie.
Le va-nu-pieds des temps modernes
Avant de fouler de vos nus pieds les sentiers de la ferme, il vous faut absolument connaître la légende du Massotais, dont la mission sur terre était de… réparer les souliers ! On raconte qu’il y a bien longtemps, dans la région, une caverne creusée dans le roc abritait des hommes de petite taille, appelés Massotais. L’un d’entre eux tomba amoureux fou d’une villageoise des environs, mais les parents de la jeune fille ne l’entendaient pas de cette oreille. Si bien qu’ils n’hésitèrent pas à humilier le pauvre Massotais en tournant sa taille en ridicule. Celui-ci entra alors dans une rage folle et prononça ces paroles aussi menaçantes que prophétiques : « Votre prospérité est venue épi par épi, mais votre ruine vous arrivera gerbe par gerbe ! » Ce fut donc la fin de la félicitée pour la famille de la jeune fille. Pourtant, aujourd’hui, une nouvelle histoire écrit les lettres de noblesse du « Trou des Massotais ». Il serait la première mine d’or connue en Belgique. La présence d’or en Ardenne remonterait au moins à la période gauloise et certains prétendent même que Jules César aurait mené campagne contre les Éburons avec pour objectif principal de faire main basse sur le précieux métal. Suite aux investigations menées à la fin du dernier millénaire, il est établi que les quantités d’or présentes en terre ardennaise sont infimes. La mine n’attire plus de convoitise, mais le lieu, source de toutes les légendes, reste accessible à 2 km environ au sud-est de la Baraque Fraiture.
Vous voilà donc embarqués dans l’aventure du va-nu-pieds. Même si le terme désigne au figuré une personne dépourvue, il semble bien que la marche déchaussée permette de vous enrichirémotionnellement. À en croire certains adeptes, elle aurait même des effets bénéfiques sur la santé. À la fin du XIXe siècle, Sebastian Kneipp, fondateur de l’entreprise de produits naturels allemande du même nom, a développé des cures utiles au corps et à l’esprit. Il se serait d’ailleurs lui-même guéri de la tuberculose en appliquant ces principes, aujourd’hui considérés comme préventifs. Sa méthode repose sur l’harmonie avec la nature et la responsabilité de chacun envers son propre bien-être, avec pour piliers principaux : l’hydrothérapie, l’utilisation du végétal, une alimentation équilibrée, un lien avec la nature et de l’exercice physique. La marche sur le parcours sensoriel de la Ferme de la Planche permet d’expérimenter plusieurs de ces notions.
L’agrogolf
Vous voyez le golf, le green, le protocole et le petit gant blanc ? Et bien, ce n’est vraiment pas ça !L’agrogolf s’apparenterait plutôt, s’il fallait chercher une comparaison, aux parties de croquet d’Alice au Pays des Merveilles. Ce jeu où les hérissons font office de boules et les flamants roses de maillets. Sauf qu’à la Ferme de la Planche, il n’est bien sûr pas question d’envoyer bouler les hérissons, mais plutôt de les croiser au détour de votre balade. Pratiquée en pleine nature, cette discipline atypique réserve sa part de merveilles, d’enchantements et de rencontres improbables, à l’instar de celles qu’effectue Alice. L’agrogolf prend ses quartiers à travers champs et pâtures, sous le regard intéressé des chevaux, ânes, alpagas et bovins de la ferme. Note pour les moins téméraires, la race de vache sélectionnée par José est l’angus. Celle-ci, sans corne, est réputée pour son bon caractère. N’ayez donc crainte de porter du rouge si vous en avez l’habitude.
Armé d’une solide crosse en bois, l’agrogolfeur sillonne un parcours de 14 trous. Son objectif ? Frapper une mini-balle en cuir pour se diriger successivement vers les différentes étapes. L’équipe au plus petit nombre de coups gagne la partie. Évidemment, les aspérités du terrain et les obstacles naturels – parfois collants, dus à la présence d’animaux sur le trajet – corsent fameusement les choses ! On observe régulièrement des agrogolfeurs viser un objectif précis que la balle semble fuir délibérément ! Autre constatation : d’accro au golf à agrogolf, il n’y aurait qu’un pas. Il semble en effet que les joueurs de golf traditionnel tirent mieux leur épingle du jeu que les non pratiquants quand il s’agit de manier la crosse. Mais ce détail n’empêche évidemment personne de s’amuser beaucoup et de profiter de la partie à travers prés. Cette activité originaire des Pays- Bas peut se pratiquer seul ou en groupe et est réellement à la portée de tous. Les compétiteurs y trouveront leur compte en développant leur technique, les amoureux de la nature en contemplant les magnifiques paysages ardennais.
Des animaux amis
Les animaux de la ferme s’impliquent dans les différentes activités proposées par le couple Thiry, et pas seulement lorsqu’il s’agit de parsemer le parcours d’agrogolf d’embûches naturelles ! Inox, dit « Loulou », est le husky majestueux qui vous accueille paisiblement lors de votre arrivée. Ensuite, vous faites connaissance avec les moutons à l’entrée du parcours pieds nus avant de croiser le reste de la ménagerie. Parmi les suggestions de la ferme, la balade à dos d’âne a tout pour séduire les plus petits (ou les plus légers, car il vous faudra peser moins de 50 kg). Pour les plus grands, il s’agit de randonner aux côtés des équidés qui porteront toutefois votre baluchon. Vous déambulerez à traversla campagne à un rythme paisible.
Un autre point d’intérêt est la présence d’alpagas sur le site. L’alpaga est le plus petit des camélidés. Compagnon d’une grande gentillesse et particulièrement intelligent, il est un compétiteur hors pair en matière d’agilité. Trapu, il est couvert d’une épaisse couche de laine et est coiffé à la Polnareff. Sa toison est plus douce, plus chaude, plus fine et plus résistante que la laine de mouton. Considérée comme une matière haut de gamme, elle est généralement exploitée dans l’industrie du luxe. La Ferme de la Planche est équipée de rouets et ambitionne de proposer bientôt des écharpes et bonnets réalisés artisanalement avec la précieuse matière.
RENSEIGNEMENTS :
LE PARC NATUREL DES DEUX OURTHES
L’Ourthe orientale prend naissance dans la commune de Gouvy ou se situe la ferme et rejoint l’Ourthe occidentale aux alentours de Nisramont (connu pour son lac et son barrage), près de La Roche-en-Ardenne. Le Parc naturel des Deux Ourthes est un écrin de nature sauvage. Il repose sur les roches les plus anciennes de Belgique et englobe six communes : Bertogne, Gouvy, Houffalize, La Roche-en-Ardenne, Sainte-Ode et Tenneville. Sur les 76 000 ha du parc, la vallée de l’Ourthe s’ouvre sur un paysage bucolique aux reliefs escarpés. Une belle variété de paysages et de la nature plein les yeux : grandes surfaces herbagées ou paissent les ruminants, forets somptueuses et hauts plateaux,reliques des dernières glaciations.
UNE EXPÉRIENCE INATTENDUE
Si vous ne marchez jamais pieds nus, que le sable de bord de mer entre vos orteils vous dérange, que vous craignez les vers de terre si vous marchez dans l’herbe et que vous évitez à tout prix de poser votre pied déchaussé sur le sol, même chez vous (on ne sait jamais), alors, vous sortirez de votre zone de confort. Pour votre plus grand bien ! Quelques centaines de mètres de marche à pieds nus sur ce sentier procure des effets similaires à une longue séance de réflexologie plantaire. Oui, sans doute, vous aurez le sentiment de vivre une expérience à la Bear Grylls, aventurier et ancien soldat des forces spéciales. Certes, dans une version « on a volé mes Stan Smith » plutôt que dans celle ou on vous parachuterait au-dessus d’un volcan. Mais tout comme lui, vous devrez faire preuve de courageface à l’adversité et vous bénéficierez, à la fin, d’une expérience vivifiante et valorisante.
Vous aurez également une confirmation (si toutefois la question vous effleurait l’esprit) : il y a bien des trucages dans le Seigneur des Anneaux ! Les comédiens jouant les hobbits ne fouleraient pas si allègrement les sentiers de la Comté (et encore moins les roches du Mordor) s’ils n’avaient pas bénéficié de l’aide de la technologie pour simuler la nudité de leurs pieds démesurés…
En marge de ces réflexions, retenez que le sentier pieds nus permet une réelle connexion avec la nature. Le parcours invite à la flânerie. Il est balisé selon trois niveaux de difficulté : enfants, adultes et extrême. Le corps est doucement en mouvement pour une durée qui varie d’1h30 à 5h selon vos envies, sur des parcours de 800 m à 3 km. Enfin, le sentier de la Ferme de la Planche est unique chez nous. Il offre des vues superbes – n’oubliez pas de lever les yeux – dont notamment un panorama à360° sur les sommets des hauts plateaux du massif ardennais et sur le Grand-Duché de Luxembourg, ainsi qu’un contact privilégié avec les animaux de la ferme, la terre, le grand air, l’eau et surtout… avec vous-même !
Conseil
Pratiquer la marche à pieds… nus est un rêve accessible à la Ferme de la Planche. Rêve ou cauchemar, à vous de voir, mais après avoir testé le concept, nous vous recommandons vivement l’expérience. Conseil : portez un short ! Et selon votre sensibilité, privilégiez une journée aux températures plutôt clémentes.