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© Anthony Dehez

LA FERME RENAUD

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  • / Gastronomie
Luxembourg  / Hotton

Par Laurence Cordonnier

Pour les Renaud, la terre nourricière est une richesse inestimable.

Son respect est essentiel pour garantir la santé des hommes et l’avenir de la planète.

 

Entre rires et larmes, une belle histoire

Début des années 1970, Joseph achète ses premières vaches avec, pour objectif, de nourrir sa famille d’une viande saine et goûteuse, élevée dans de bonnes conditions. Durant une dizaine d’années, il compte 5 à 6 bêtes. La vie suit tranquillement son cours. Début des années 1980, son cheptel s’élève à une trentaine de vaches. La ferme commence à produire du lait. À l’époque, Joseph est ouvrier dans une entreprise de génie civil. Pendant une période de chômage technique, Joseph prend soin de son bétail. Or, salarié, il lui est interdit de s’adonner aux tâches agricoles en journée. Lorsque les contrôleurs le mettent au pied du mur, il choisit d’abandonner son emploi principal pour se consacrer à sa passion, la ferme. Ce moment coïncide avec l’arrivée des quotas laitiers. Mais comble de malchance, l’année de référence prise en considération pour la répartition de ces quotas est sa dernière année en tant que salarié, ce qui signifie qu’il n’a droit à rien ! Il achète donc son quota à un fermier en cessation d’activités et acquiert ses premières « vraies » vaches laitières, des Montbéliardes. Ensuite, Joseph loue les terrains du camp militaire tout proche, augmentant ainsi son cheptel. Il rachète des quotas laitiers année après année. En 1997, suivant ses convictions, il décide de prendre le label bio et remplace le Blanc Bleu par des Blondes d’Aquitaine, race rustique au vêlage facile. Jusqu’en 2010, l’entreprise prospère et Fabian ambitionne de concrétiser le projet qui l’anime depuis une dizaine d’années : prendre la relève de son père. Malheureusement, au même moment,l’exploitation perd les terres qu’elle louait au camp militaire. Elle vit ses pires années, passant de 72 à 20 ha et de 90 à 20 vaches. Le financement de l’emploi de Joseph devient impossible. Le rêve deFabian est anéanti. La vie de la famille est profondément déstabilisée. Joseph prend sa retraite, laferme se sépare d’une partie de son troupeau et le quota laitier est revendu. Joseph en conserve toutefois un pour la vente directe au consommateur et, vaille que vaille, avec son fils, il continue de soigner leurs quelques animaux. Le doute est bien présent quand soudain : Terre en vue !

 

Terre-en-vue

Après de longs moments en mer, remplis de l’espoir de revoir la terre ferme, les marins d’autrefoiss’exclamaient « Terre en vue ! » lorsqu’ils apercevaient ou pensaient apercevoir une côte…Soulagement et joie prédominaient dans le cœur de ces hommes intrépides, ils pouvaient considérerêtre tirés d’affaire et entamer sereinement un prochain chapitre de leurs aventures. L’ASBL Terre-en-vue produit exactement le même effet chez les agriculteurs qu’elle soutient. Son objectif ? Faciliter l’accès à la terre pour une agriculture durable.

Les citoyens sont notamment invités à prendre des parts dans la coopérative à finalité sociale del’ASBL. Celles-ci peuvent être dédiées ou non à un projet en particulier. Concrètement, Terre-en-vue acquiert des terres agricoles afin de les soustraire à la spéculation foncière et de les confier ensuite à des agriculteurs respectueux de celles-ci, adeptes des circuits courts et impliqués dans la dynamique locale.

L’ASBL apporte en 2013 un nouvel essor au projet de la famille. D’abord, l’accès à une terre pouragrandir le troupeau, grâce à un financement coopératif citoyen. Ensuite, du soutien, un réseau, des idées ! Dans la cour de la ferme, juché sur un ballot, Fabian prend la parole, la gorge nouée, pour partager son histoire aux côtés de l’ASBL… Terre-en-vue est en marche. En quelques mois, les actes pour le terrain sont passés. Le magasin est ouvert et approvisionné en yaourts, œufs, lait, beurre, fromages frais bio de la ferme, paniers de légumes, fromages de la région et produits du terroir. La Ferme Renaud devient un lieu incontournable pour les habitants du village, un de ces endroits où l’on peut encore se croiser et échanger quelques mots.

Aujourd’hui, le projet des Renaud compte une centaine de coopérateurs et avoisine les 70 % definancement. La famille a également bénéficié de la générosité d’un proche qui leur a offert une terreà cultiver moyennant un loyer libre. Fabian croit à nouveau en son projet de reprise. Et s’il prendencore la parole du haut de son ballot, c’est pour annoncer les concours de lancer de bottes de pailledans la joyeuse ambiance d’un barbecue géant.

 

Le Petit Bourdon

Bourdon est le village de la commune de Hotton sur lequel est implantée la ferme. Le « Petit Bourdon » est le fromage star de la Ferme Renaud. Joseph le fabrique depuis toujours et le propose aujourd’hui en plusieurs versions : fromage blanc nature, bruschetta, au poivre, ail et ciboulette. Une autre production de Joseph s’appelle « Le Vachy », selon le lieu-dit situé à quelques centaines de mètres de la ferme. « Le Vachy » ressemble un peu à un Boursin®. Il est également décliné en plusieurs saveurs.

 

Renseignements :
La Ferme Renaud
Grand Route 60
B-6990 Hotton
+32 (0)470 57 43 78
 

ferme.renaud@gmail.com

www.facebook.com/lafermerenaud 

www.terre-en-vue.be 

Ouvert le vendredi de 15 h à 19 h et le samedi de 10 h à 13 h


LES VISAGES DE LA FERME RENAUD

JOSEPH
Salopette aussi bleue que ses yeux, le regard profond, le sourire franc. L’homme est aujourd’huiretraité, mais s’occupe toujours de ses bêtes et de la production de fromages.
 
MATHILDE
L’épouse de Joseph. Elle épaule discrètement son mari, tient les comptes, assure l’entretien et s’occupe aussi du magasin et de la réalisation des yaourts.
 
FABIAN
Le fils de Joseph. La petite quarantaine, le regard espiègle, une barbe de quelques jours. Le bonnet vissé sur la tête, il est occupé par les travaux de la ferme, mais s’interrompt avec plaisir pour discuter avec un client, un voisin ou pour manger une tartine de miel avec son père. Il nourrit le projet de reprendre l’exploitation familiale.
 
ANNE
L’épouse de Fabian. Son sourire illumine le magasin. Pétillante et généreuse, elle partage volontiers ses expériences culinaires en dévoilant aux clients comment associer les fraises au Petit Bourdon pour réaliser de savoureux croissants maison…
 
LOUIS
Le fils aîné de Fabian et Anne. Le maniement du tracteur, le ramassage de ballots, le fauchage et le soin des bêtes n’ont plus de secret pour lui !
 
MARTIN
Le fils cadet de Fabian et Anne. Absent au moment du reportage, il traverse habituellement la courde la ferme, balle au pied : il est supporter du Standard !
 

RECETTE DU POULET AU PETIT BOURDON

POUR 4 PERSONNES

4 blancs de poulet bio
1 ravier de Petit Bourdon
bruschetta
3 poivrons (rouge, jaune, vert)
 

Disposer les blancs de poulet dans un plat. Étaler le Petit Bourdon sur le poulet. Déposer les poivrons taillés en lamelles sur la préparation. Enfourner pendant 30 minutes dans un four préchauffé à200 °C. Inutile de poivrer et saler, car le Petit Bourdon est déjà assaisonné. Servir immédiatement en accompagnant de riz ou de pâtes. Bon appétit !

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