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Par Thierry Desiraut
En octobre dernier, dans le cadre de la Wallonie Gourmande, a été lancé le Sentier des Abbayes trappistes, 290 km de Grande Randonnée balisés pour réunir, Chimay, Rochefort et Orval, les trois abbayes trappistes de Wallonie.
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Le GR 60 commence par une halte ! Celle de l’auberge du Poteaupré, le restaurant de l’abbaye de Scourmont à Bourlers. C’est que, tant pour le randonneur invétéré que pour le pèlerin, la nourriture terrestre précède celle de l’âme sur ce sentier qui relie les trois grandes abbayes trappistes de Wallonie, un héritage des frères trappistes et les symboles d’une certaine idée de la gastronomie et de l’art de vivre du sud du pays.
Ce premier sentier thématique a été balisé par l’asbl Sentier de Grandes randonnées qui s'est également occupée du topoguide et s’inscrit dans le programme de mise en valeur de notre patrimoine touristique et gastronomique. Un parcours de 290 km a été balisé à travers la Fagne et les forêts de Chimay, les bords de Meuse puis la Famenne et l’abbaye d’Orval pour aller vers la Semois à travers le pays gaumais. Enfin, on pénètre dans le massif ardennais pour découvrir l’abbaye d’Orval et ses trésors gourmands.
Pour réaliser ce nouveau GR qui traverse 20 communes, mais il a fallu tracer un sentier de 8 km entre la ville de Chimay et l’abbaye de Scourmont. C’était le chaînon manquant. Tout au long du parcours, on retrouve le balisage classique : deux traits de peinture, un blanc et un rouge apposés sur des arbres, des rochers etc., en fonction du terrain. Mais, nouveauté pour ce GR, une signalétique particulière jalonne le GR des Abbayes. Très facilement identifiable, il s’agit d’une représentation stylisée des arches d’abbaye dans des couleurs jaunes et oranges. Impossible de les manquer.
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Le GR traverse 20 communes
Florenville
Herbeumont
Bertrix
Paliseul
Libin
Daverdisse
Wellin
Tellin
Rochefort
Marche-en-Famenne
Somme-Leuze
Ciney
Houyet
Dinant
Hastière
Florenne
Doische
Viroinval
Couvin
Chimay
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Orval
C’est la plus convoitée des trappistes wallonnes, la bière d’Orval connaît un incroyable succès depuis une dizaine d’années à tel point que la brasserie se refuse à s’engager sur de nouveaux marchés et s’obstine à limiter sa production. Ce qui renforce encore son attrait auprès des nombreux fans de cette bière atypique. Pour respecter la règle trappiste, il faut impérativement que la brasserie soit gérée par des moines. Or il y en a de moins en moins…
Depuis 1931, la bière doit surtout son goût incomparable à des variétés spécifiques de houblon, très aromatisées, qui sont liées au premier maître-brasseur d’Orval, originaire de Bavière. Et sa méthode anglaise d’houblonnage à cru lui procure une diversité d’arômes tout en maintenant son niveau d’amertume.
L’abbaye elle-même a pourtant été fondée entre 1070 et 1200. Mais la légende veut que la comtesse Mathilde de Toscane perde un anneau d’or en se penchant sur une fontaine et qu’une truite en jaillit portant l’anneau dans sa gueule. La comtesse s’écria alors « Vraiment, c’est ici un val d’or ! » Et par reconnaissance pour ce geste fabuleux, elle fonda le monastère qui deviendra l’abbaye aujourd'hui en ruines. Des ruines qui se visitent et des caves du 18e siècle où l’on peut aussi admirer des collections d’art et de ferronnerie. Sans oublier la pharmacie et son jardin de plantes médicinales.
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Rochefort
Depuis sa fondation en 1230, l'abbaye a connu une histoire mouvementée : scandales, pillages et même incendie mais elle a fini par trouver la paix et la sérénité qui la caractérisent aujourd’hui. Treize moines, âgés de 40 à 80 ans, y vivent de leur travail et y puisent la possibilité de soulager de nombreux besoins sociaux. La communauté de l’abbaye Notre-Dame de Saint-Rémy fabrique depuis le 16e siècle, une bière mondialement réputée dont la production est volontairement limitée à 300 hl par semaine. Mais elle connaît un succès international et réalise une chiffre d‘affaires de 14 millions €. Fait étonnant, la brasserie qui était une asbl, vient de se transformer en société anonyme pour… payer des impôts ! Quant au monastère, il a subi de nombreuses transformations mais conserve un portail du 16e siècle et une église néo-ogivale qui date de 1900. L’abbaye ne peut toutefois être visitée, seule son église abbatiale est accessible ainsi qu’un jardin et un étang d’agrément.
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Chimay
Durant l’été de 1850, un groupe de moines venus de l’abbaye de Westvleteren en Flandre occidentale s’est établi au lieu-dit Scourmont à quelques kilomètres de Chimay, au milieu des bois. Ces moines suivent la règle de Saint Benoît qui impose une vie de prière, d’étude, de travail manuel. Pour faire vivre la communauté, ils se lancent dans la fabrication de bière, puis de fromage. Très vite, la renommée de leurs produits dépasse les frontières, ceux-ci vont peu à peu se vendre bien au-delà de la Belgique.
Le produit des ventes (43 millions € en 2016) sert à soutenir des actions et des entreprises à finalité sociale de la région de Chimay. Le monastère lui-même est d’une grande beauté dans sa simplicité, mais on ne peut visiter que l’église et le magnifique jardin qui la borde. Le site comprend aussi une ferme, une brasserie et une fromagerie et l'Auberge de Poteauprè qui accueille chaque année des milliers de visiteurs. Le monastère offre aussi avec son hôtellerie, un séjour de ressourcement spirituel.