Waw magazine

Waw magazine

Menu
© Navy Pier Chicago

Les chiens aboient, le digital passe

  • Culture
  • / festival
Namur  / Namur

Par Gilles Bechet

Dogstudio est pionnier de la communication digitale en Wallonie. L’agence namuroise a signé nombre d’installations en Belgique et aux Etats-Unis où elle poursuit son développement en séduisant d’importantes institutions culturelles. Elle a aujourd’hui un bureau à Chicago.

 Le 4433 North Ravenswood Avenue, à Chicago, est un bâtiment Art Deco en briques rouges à deux étages rythmés d’étroites fenêtres, à quelques blocs de Challenger Park. C’est là, au-dessus d’un magasin de meubles, que Dogstudio a ouvert son premier bureau américain dans la grande métropole du Midwest. Un beau parcours pour cette agence de communication digitale fondée à Namur, il y a 12 ans.

« Nous bossions tous les quatre dans des agences de communication classiques. Nous  étions de vrais geeks, contrairement à ceux qui nous employaient, et l’envie nous est venue de bousculer le monde du digital », explique Gilles Bazelaire, CEO et co-fondateur. Ce qui faisait la différence, c’est que le quatuor était à la conception et à la production. Il n’y avait pas de perte de sens, ni d’émotion. La technologie était au service d’une idée, pas un gadget rapporté. Les quatre associés étaient comme des chiens fous, ils ont donc baptisé leur agence « Dogstudio », s’affublant chacun d’un patronyme canin. Gilles Bazelaire est devenu Bichon, son frère Mathieu a choisi Caniche, Antoine Bogaert a préféré Roquet et Henry Daubrez a opté pour Border.

A Namur pour le côté frondeur

Leur première décision, loin d’être anecdotique, a été de s’établir à Namur. Un choix qui n’était pas facile alors que les grosses boîtes sont, pour la plupart, établies à Bruxelles, voire à Anvers. On a beau être dans le monde digital, les contacts humains restent essentiels. Le confort de vie a pesé dans la balance. Namurois, les quatre toutous de studio, qui avaient tous habité plusieurs années à Bruxelles, étaient décidés à revenir à la niche.

« Ça correspondait aussi à notre côté frondeur. Nous avons voulu tourner la localisation à notre avantage en appuyant ce côté agence perdue au milieu de nulle part. » En 2006, la communication digitale n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui, surtout en Wallonie. C’est une des raisons pour laquelle Gilles Bazelaire et ses amis ont lancé à Namur le KIKK Festival destiné à promouvoir la culture numérique. « Plutôt que de se plaindre du peu d’évolution du marché, nous avons voulu contribuer à le mettre à niveau en accompagnant le public et en ouvrant une fenêtre sur le monde digital. Nous l’avons créé sur un coup de tête parce qu’à l’époque, en Belgique, il n’y avait rien pour tirer le marché numérique vers le haut. Ce n’est qu’une fois que ça s’est développé que les gens ont commencé à se poser des questions. » Le festival, aujourd’hui géré par une asbl distincte de l’agence, se porte bien et attend plus de 25.000 visiteurs pour sa 8e édition, du 1er au 4 novembre prochain.

 Le Standart, premier à être séduit

Démarrant leurs activités avec des clients figurant dans leurs carnets d’adresses, Dogstudio a séduit le Standard de Liège, puis a étendu ses activités en développant son volet créatif. Des prix dans des magazines de design lui ont valu des clients en France, en Grande Bretagne et au Luxembourg. C’est toutefois le prix du plus beau site de l’année, décerné par le site Awwwards en 2015, pour son travail pour Franco Dragone, qui a fait bouger les lignes. « Ça nous a amené beaucoup de reconnaissance et de visibilité et entraîné des commandes pour des start-ups à San Francisco et un magazine à New York. Et quand est venue la commande du Musée des Sciences et de l’Industrie de Chicago, nous nous sommes décidés à ouvrir un bureau de l’autre côté de l’Atlantique. »

Un gros projet. L’institution culturelle américaine, une des plus imposantes dans son domaine avec 800 employés et 3 millions de visiteurs par an, a demandé aux Namurois de redéfinir leur identité graphique et digitale.

A Chicago avec l’aide de l’AWEX

« Quinze pour cent de notre chiffre d’affaire concernaient le marché international et nous nous sommes dit que c’était le moment de développer notre visibilité et d’accroître notre crédibilité via des projets plus ambitieux. » Un accompagnement sans faille de l’AWEX et l’entrée du fonds d’investissement Wallimage au capital de l’agence ont aussi été des arguments décisifs. Nicolas Moies-Delval, Managing Partner de la succursale à Chicago, a d’abord travaillé deux ans à Namur pour infuser la culture et l’esprit d’entreprise de Dogstudio. « Le bureau de North Ravenswood n’a pour le moment pas la vocation d’assurer la production des projets qui est toujours localisée à Namur. L’objectif est de faciliter la prospection, les premiers contacts et les relations avec les clients américains. La belgitude n’est pas spécialement mise en avant. Au début, beaucoup de nos clients pensent bosser avec une boîte américaine avec une culture européenne et ça nous va. »

A Chicago, Dogstudio a aussi signé une installation interactive de 9 mètres de large sur le Navy Pier, sur les rives du lac Michigan. Ailleurs aux States, le Kennedy Center for Performing Arts et le Smithsonian Institute ont également fait confiance aux créatifs de Dogstudio. La Wallonie n’est pas en reste, avec des projets en réalité augmentée pour le Musée Rops de Namur et le musée de la Vie Wallonne à Liège. Et à Bruxelles, la Maison Natan leur a offert une belle vitrine dans le luxe. Dans un domaine comme le digital où les technologies évoluent très vite, le travail de veille est essentiel et représente 20% du temps de travail des Namurois. « Nous ne sommes pas une agence technologique, insiste Gilles Bazelaire. Notre truc, c’est comment créer l’émotion à travers le digital. Nous serons les derniers à fourguer au client une application ou une technologie parce qu’elle est à la mode. Nous partons toujours du projet pour définir ce qui est le plus adéquat. »

Asseoir Dogstudio comme une marque nationale et internationale

L’agence emploie aujourd’hui 36 personnes qui se partagent équitablement entre créatifs, développeurs et chargés de projets. Aujourd’hui, c’est devenu très difficile de recruter les talents, mais quand on sait que deux années sont nécessaires pour former les nouvelles recrues à être 100% Dogstudio, on mesure surtout le défi à les garder. « Nous voulons rester attractifs et essayons de penser à tout ce qui contribue au confort de travail. C’est ainsi que nous avons ouvert des antennes à Liège et à Bruxelles. »

Dogstudio est confiant dans son développement. L’agence cherche à accroître sa présence dans les secteurs de la culture, de l’entertainment et du luxe, c’est-à-dire là où ses créateurs ont davantage l’occasion de se lâcher et de marquer leur différence. « Ce qu’on veut, c’est asseoir Dogstudio comme une marque nationale et internationale sans perdre notre ADN. Pour cela, il nous manque encore un client global de référence. » Côté international, l’agence a eu des premières opportunités au Moyen-Orient, mais les différences culturelles restent importantes. Elle mise donc plus que jamais sur les États-Unis avec le recrutement d’un employé supplémentaire à Chicago et l’ouverture d’un deuxième bureau sur la côte est. Probablement à Los Angeles où elle a déjà noué des contacts dans les milieux du cinéma via des projets cross-média.

Le chien est réputé être le meilleur ami de l’homme. Ceux qu’on peut voir s’activer devant des écrans d’ordinateur du côté de la rue de l’Evéché, près de la cathédrale Saint-Aubain, l’affirment haut et fort : « We make good shit ! » « Ça nous a rendu confiants d’être devenus ce que nous sommes et nous avons envie d’assumer notre second degré », conclut Gilles Bazelaire.

Dogstudio

Rue de l’Evêché 10

B- 5000 Namur

www.dogstudio.co

À lire aussi

La Newsletter

Your opinion counts