SAVEURS ET PARFUMS DES HERBAGES CONDRUSIENS

A Durnal, dans le verdoyant Condroz namurois, Julie a la passion des chèvres et brebis dont le lait riche offre aux palais les fromages et yaourts aux saveurs des plus délicates et fleuries.

Qu’est-ce qui peut bien pousser une jeune professeure de néerlandais, mariée à un Condrusien et mère de deux adolescents, à se lancer dans l’élevage de chèvres et brebis, et devenir fromagère ? Comme souvent, le mariage improbable entre passion, nécessité et bien-être, conjugué avec une envie de partage sans nuages. « Je suis passionnée de nature, mais aussi par les animaux, tout comme j’adore le “bien manger”. Je veux dire que j’aime manger sain, des produits qui sont bons pour la santé et respectueux de la nature et des animaux qui nous les offrent. »

Et puis il y a la nécessité, qui rime en l’occurrence avec santé. « Nous avons constaté, il y a plusieurs années, qu’un de nos fils développait de nombreuses allergies, poursuit la jeune maman. L’ingestion de produits transformés pouvait aller jusqu’à provoquer des ulcères dans ses yeux. Nous avons donc consulté, fait effectuer de nombreux tests et analyses, et il s’est avéré qu’il était allergique aux additifs et, même, intolérant au lait de vache. En revanche, on s’est aperçu que le lait de chèvre ne lui occasionnait aucun souci ! »

Retour à l’école… d’agriculture

Comme il n’était pas facile de trouver ce produit dans la région, la passion aidant, Julie décida de se constituer le bagage nécessaire. « J’ai suivi les cours de l’Ecole provinciale d’Agronomie et Sciences de Ciney (EPASC) tout en élevant d’abord six chèvres, puis des brebis. J’ai ensuite commencé à faire des fromages. Aujourd’hui, j’ai plus de septante chèvres et brebis ! » Le résultat de cette reconversion est visible dans le magasin qui jouxte le garage de Michaël, l’époux de Julie. Fromages de chèvre et de brebis, pâtes dures ou molles, y côtoient notamment les maquées et les yaourts aux laits de chèvre ou de brebis. « Le lait de chèvre est généralement plus fleuri, parce qu’une chèvre a une nourriture plus variée que la brebis qui ne mange que de l’herbe. En revanche, le lait de brebis est plus riche, ce qui donne un yaourt plus puissant. »

Tous les produits issus de l’élevage de Julie sont naturels et dépourvus d’additifs et de conservateurs ; ce qui exige, pour leur préparation comme pour les soins aux animaux, une organisation pointue. « La journée commence généralement vers six heures et se termine entre vingt et vingt-et-une heure. Il y a la traite – une par jour –, puis les préparations. Dans le même temps, il faut gérer le magasin. En fait, j’exerce trois métiers : j’élève les animaux, je transforme les produits et je tiens le magasin. Sans oublier les enfants ! Mais ils aident aussi, poursuit Julie en souriant, par exemple en donnant les biberons aux agneaux… »

La Ruche du Chêne de Naninne

Les tâches nécessaires à la préparation des fromages, yaourts et autres maquées – toutes préparations au lait entier – ne permettent pas à Julie d’être omniprésente au magasin, raison pour laquelle celui-ci est fermé les mardis et mercredis. La jeune femme vend également ses produits via l’association formée avec d’autres producteurs locaux au sein de La Ruche du Chêne de Naninne.

Pareille ruche ne s’occupe pas d’abeilles. Il s’agit de groupements de producteurs locaux qui présentent des produits issus d’une culture ou d’une agriculture locale et durable, et qui s’associent pour former une centrale de distribution. La formule est simple : le client compose son panier d’achat sur le site de la ruche puis vient retirer ses achats. « C’est une formule très intéressante parce que très simple et souple, mais aussi parce que nous pouvons échanger avec les clients, bien sûr, mais aussi entre producteurs. Le cas échéant, nous pouvons ainsi adapter nos productions en fonction de la demande. »

Créée en 2020, La Ruche du Chêne de Naninne compte une quinzaine de producteurs locaux, tous implantés dans un rayon de vingt-huit kilomètres autour dulieu de vente/distribution. Outre les fromages de Julie, elle présente des viandes, des produits de crèmerie et des légumes, de saison bien entendu ! Elle fait partie d’un réseau de communautés, “La Ruche qui dit Oui”, qui regroupe actuellement quarante-six ruches en Wallonie, mais – curieusement – seulement deux en Province de Namur et deux en Province du Luxembourg, lesquelles sont pourtant plus que propices à l’activité agricole. Aussi, si vous passez près du joli village de Durnal, ne manquez pas de rendre visite à Julie. Le détour vaudra bien un fromage !

Les fromages de Julie
Rue Bonny d’Au Ban 12A
B-5530 Durnal
+32 (0) 484 03 75 00
juliegilain@hotmail.com