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© François Colmant

Maquille-moi si tu peux !

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Liège

Par Waw

Un jeune Wallon parcourt le monde et les plateaux de tournage pour exercer son activité, peu visible mais néanmoins essentielle : le maquillage de cinéma.

À l’instar du décor ou des costumes, le maquillage est intiment lié aux arts de la scène en général, et du cinéma en particulier. Pour caractériser un personnage, un monstre, une créature magique ou maléfique, il faut que cela « fasse vrai ». Si le spectateur n’y croit pas, l’histoire peut être aussi excellente que possible et le jeu des acteurs impeccable, l’oeuvre sera ratée. Le maquillage, les effets spéciaux dits réels, demeurent donc une discipline et une technique artistique fondamentale, même à l’heure du tout au numérique. Déjà, les acteurs des tragédies grecques devaient jouer d’artifice pour incarner différents personnages, dont des rôles féminins – les femmes étaient à l’époque interdites de scène. Ils portaient donc des masques de pierre ou de terre cuite à l’effigie du caractère à représenter et qui leur servaient en même temps de porte-voix.

Des Grecs aux premiers pas du cinéma, le maquillage n’a cessé d’accompagner les arts du spectacle, mais c’est le septième art, par son impact et ses processus de mise en scène, qui lui permet de connaître un véritable âge d’or. Depuis George Méliès, la discipline a connu de nombreux bouleversements, dû s’adapter aux évolutions techniques, au passage à la couleur, à l’amélioration de la qualité des pellicules, à la 3D, à l’avènement des images de synthèse. « Mais on aura toujours besoin de techniciens qui peuvent rendre crédible n’importe quel maquillage, n’importe quel effet. L’un ne va pas sans l’autre, même un film réalisé derrière des écrans verts fait appel à des techniques plastiques. » Lionel Lê promène sa bonne humeur sur les plateaux de cinéma depuis plus de neuf ans. Ce jeune Liégeois, passé par la case illustration et bande dessinée à Saint-Luc, a toujours voué un amour certain pour le cinéma. « J’ai grandi avec Star Wars, Alien, les films de Romero. Naturellement, je me suis tourné vers les arts plastiques et le dessin, avant de me lancer en tant qu’autodidacte dans le monde du maquillage et des effets réels. » Un choix de carrière osé, tant les formations et débouchés sont rares en Belgique. « Il faut bouger pour en vivre. Les gros marchés sont clairement nord-américains, même si la France offre déjà plus d’opportunités de travail que chez nous. »

Tous genres confondus

On associe souvent maquillage et effets spéciaux réels aux films fantastiques, d’horreur ou gore, mais la plupart des genres fait appel à l’habilité de ces performers hors pair. « Je ne suis pas spécialisé dans un genre en particulier. La science-fiction, c’est finalement assez rare, même si c’est là où on peut en génévastes, cela va de fausses blessures à la création de faux corps pour des scènes d’autopsie par exemple, la création d’objets ou des vieillissements de la peau. De simples effets qui sont en réalité beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît », souligne Lionel Lê. Un maquillage qui sonne faux et c’est toute la crédibilité d’une scène ou du film qui peut en pâtir. Et pour obtenir un rendu plus vrai que nature, il faut certes compter sur du bon matériel, mais le savoir-faire et la technique restent primordiaux. « J’ai commencé sur des petits films, des courts-métrages de l’IAD ou de l’INRACI (écoles de cinéma NDLR) pour me faire la main et comprendre aussi comment fonctionne un plateau, sa logique, ses subtilités. » S’il exerce son art depuis près de dix ans, Lionel Lê ne se considère pas encore à maturité et n’est réellement fier de son travail que depuis cinq ans. « La partie technique joue un rôle important. On peut travailler pendant plusieurs jours, voire semaines, sur un moulage et se rendre compte, en bout de course, que les produits ne conviennent pas ou que la peinture ne tient pas. » Sans parler du fait que jongler toute la journée avec différentes résines et autre silicone ne peut se faire sans un minimum de précaution. « On ne fait pas du bricolage, car on travaille quand même avec des produits potentiellement dangereux, on produit énormément de poussière lorsqu’on sculpte une pièce. Il faut être prudent », avertit-il.

Un maquillage qui sonne faux et c’est toute la crédibilité d’une scène ou du film qui peut en pâtir. Et pour obtenir un rendu plus vrai que nature, il faut certes compter sur du bon matériel, mais le savoir-faire et la technique restent primordiaux.

 

Pour acquérir une expérience suffisante, le juge de paix reste le terrain et se confronter à d’autres professionnels du métier. Et comme souvent, le carnet d’adresses, les relations que l’ont peut nouer au fur et à mesure de la carrière jouent un rôle primordial. Percer dans le cinéma n’est déjà pas une sinécure, alors dans le maquillage… « Le bouche à oreilles m’a ouvert beaucoup de portes. Ensuite, dès que l’on a fait ses preuves, les contrats arrivent plus rapidement, mais c’est un travail constant, au quotidien, pour rester à la pointe, apprendre de nouvelles techniques, travailler au bon endroit, avec les bonnes personnes. » Et ne pas hésiter, pour parvenir à vivre de sa passion, à passer plusieurs mois à l’étranger pour participer à différents projets d’envergure. Pour le cinéma, mais aussi pour la télévision, qui reste un gros client, ou encore la publicité. « Même si avec le système du Tax Shelter, on parvient malgré tout à bosser un peu en Belgique, car cela attire quand même pas mal de tournages, on ne pourrait s’en contenter pleinement. Il faut être mobile », prévient Lionel Lê. Mais quand on est un mordu comme lui, ces longs séjours loin de sa terre natale passent finalement assez vite.

Informations : 

Rue Paradis, 96
4000 Liège
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