Waw magazine

Waw magazine

Menu

MEURA
Le triangle magique

  • Business
  • / High-Tech
Hainaut  / Péruwelz

Par Alain Voisot

Imité, jamais égalé. Le procédé de filtrage de la bière breveté en 1901 garde toujours une créativité d’avance. La recette ? Isoler le problème avec le client, trouver la solution novatrice et mettre en production. Simple… en théorie !

L’histoire de la société Meura ressemble à celle de beaucoup d’autres belles aventures industrielles. Une idée, une mise en oeuvre, l’alliage de la métallurgie et de l’art brassicole, une équation strictement wallonne. Les centres sidérurgiques de Liège et Charleroi sont en ligne directe avec Tournai, site de naissance de la chaudronnerie fondée en 1845 par Jean-Baptiste Meura. On y fabrique, entre autres, des chaudrons pour les brasseries de la région. Aujourd’hui, Meura exporte dans le monde entier l’intégralité du bloc chaud de production brassicole. Ce succès est fondé sur la mise au point d’un procédé de filtration. Sans entrer dans les détails techniques du procédé, Meura s’est fait connaître avec son « filtre-presse » bien plus efficace que la filtration en cuve. Le brevet, déposé en 1901, donnera à l’entreprise les moyens de perfectionner son système reconnu et primé lors de l’exposition de Bruxelles de 1910.

Le filtre à maische

Le mélange de mouture du malt et d’eau chauffé à 78° C doit être filtré pour séparer le moût de la drêche (c’est ici que les routes du whisky et de la bière se séparent). Le procédé mis au point par l’entreprise Meura permet de filtrer plus vite et mieux, tout en gardant les propriétés fondamentales du moût. Suivent les multiples opérations nécessaires à l’élaboration de la bière. Encore aujourd’hui, on trouve des filtres Meura qui ont 50 à 60 ans d’activité. Jean-Baptiste Meura met au point la cuve à double enveloppe qui chauffe la maische à la vapeur et équipe quelques-unes des 1200 brasseries en Belgique et dans le nord de la France. Innovateur, il sera copié, imité, mais gardera toujours une longueur d’avance.

Aujourd’hui encore, cette créativité est le credo de l’entreprise. Il est maintenu en restant, primo, en contact avec les clients pour suivre les problèmes et transmettre les résultats, secundo, au centre de recherche « Meura Technologies » installé à l’UCL. Depuis ce centre de recherche installé à Louvain-la-Neuve, Meura cultive son héritage fondé sur l’innovation permanente dans la technologie des procédés du brassage de la bière. Tertio, les innovations sont mises en production. Savoir s’adapter, assurer un service permanent auprès de ses clients et suivre chaque cas, c’est garder cet esprit d’artisan perfectionniste à l’échelle industrielle.

Rester sur le terrain

En 1989, le filtre Meura 2001 marque une étape majeure dans l’histoire de la société. Cette innovation redonne un élan décisif à la société au point d’être, depuis 1998, intégrée dans l’ensemblier industriel Boccard. Cette entreprise familiale lyonnaise est un groupement de 50 sociétés comprenant une division « Alimentation et Pharma » spécialisée dans les processus industriels de traitement de la bière, du vin, des produits laitiers, de l’alimentation, des boissons alimentaires, de la pharmacie et du cosmétique. Tout en gardant son autonomie, son patrimoine et sa vocation d’origine, la société participe à l’expansion du groupe lyonnais. Cette situation permet à Meura de rester dans la compétition face à des interlocuteurs marqués par les fusions-acquisitions et la concentration autour des quatre premiers brasseurs mondiaux. Malgré ce changement d’échelle, l’entreprise garde sa faculté d’adaptation et assure le suivi de chaque client… aussi bien avec les brasseries artisanales qu’avec les grands groupes industriels. Chaque client a une expérience et chaque expérience doit être un terrain d’innovations. Par exemple, la brasserie Saint-Feuillien basée au Roeulx était équipée depuis la fin des années 1800 avec du matériel Meura. Elle s’est, depuis peu, complètement modernisée avec une toute nouvelle salle de brassage Meura.

LA « CULTURE D’ENTREPRISE » NE S’ACHÈTE PAS.

C’est un héritage qui traverse les générations touchées par l’enthousiasme des pionniers. Cette vocation dépasse les aff res de la comptabilité et permet de traverser les pires crises. Réussir dans les aff aires, c’est d’abord être « habité » par une idée, un concept évolutif, perfectible. C’est trouver une solution, puis une autre. Avoir l’idée qui change tout, travailler sur cette intuition et être capable de tout remettre en question tout en gardant la motivation d’une équipe autour d’une vision partagée, communicative, mobilisatrice. La créativité engendre l’argent, jamais l’inverse.

Toujours une longueur d’avance

Chaque nouvelle livraison fait l’objet de tests de fiabilité et des essais pilotes de matières premières sont effectués afin d’améliorer la productivité et la performance de chaque installation. La formation du personnel d’exploitation fait partie des services proposés par la société. Le service après-vente devient un accompagnement qui fournit non seulement des pièces de rechange, mais intègre également des services d’audit, la maintenance technique, l’amélioration et l’optimisation de l’équipement. Célèbre pour ses innovations sur plusieurs étapes du brassage, la société péruwelzienne fournit tout naturellement des salles de brassage complètes, clés en main. Aujourd’hui, plus de 95 % de sa technologie est exportée dans le monde entier et environ 25 % du volume mondial de bière est produit en utilisant ses équipements. Excusez du peu !

Une bière sans défaut

Alors que d’autres pays de brasseurs ont imposé des règles et des normes de productions contraignantes, la Belgique est restée sur le terrain de la créativité. Le négoce de matières aromatiques d’origine tropicale donne des idées aux brasseurs à la recherche de leur style. Il est techniquement facile de faire une bière sans défaut. Mais qu’est-ce qu’une bière sans défaut ? C’est une bière saine, agréable à boire, neutre, mais sans caractère. Par contre, concevoir et fabriquer une bonne bière, c’est prendre le risque de donner du caractère à une bière sans défaut. Et c’est là que le succès arrive : cette bière doit être celle qui vous donne envie d’en boire une seconde.

 

ENCORE UNE BIÈRE ? NON PEUT-ÊTRE !

Une belle histoire. Deux amis de longue date, travaillant dans l’informatique, vivant en Brabant wallon, passionnés de bière. Le premier, parrain du premier enfant du second… – ou l’inverse – (vous suivez ?) offre un weekend brassicole à son ami de toujours. Première journée, théorie. Deuxième journée, pratique. La première recette qui sort de l’ordinateur, eh oui ! de l’ordinateur, est la bonne. Coup de génie, chance du débutant. Tout-en-un.
Depuis la création en 2012, le brassin est inchangé. Pas d’adjonction d’épices, d’arômes artificiels. Que de l’orge et du malt. Que du bon comme l’atteste la description reprise faite par la brasserie qui produit cette nouvelle bière. « Bière à la robe ambrée, mousse blanche crémeuse abondante, forte pétillance. Odeur houblonnée, notes d’agrumes et fruitées, faiblement maltées et fleuries. Odeur amère, saveurs légèrement sucrées avec des notes épicées et faiblement herbacées avec une astringence moyenne en fin de bouche. »
C’est vrai qu’elle est bien faite cette bière. Un subtil compromis entre le sucre et l’amertume. Équilibre entre ces deux tendances qui varie selon le conditionnement, petite bouteille (33 cl), grande bouteille (75 cl) ou en fût. « Tout cela n’est pas encore produit en interne, déplore Thierry Rozet, l’un des deux fondateurs. L’objectif à terme est de créer une brasserie indépendante qui accueillerait des petits producteurs artisanaux. On pourrait ainsi mutualiser les coûts de production. Et pourquoi pas de commercialisation ? Il ne suffit que d’un million €. Mais il faut l’avoir… »

Les femmes savent parce que…

Né par hasard, le gag se poursuit. La communication continue sur l’improbable. Déjà le nom. On connaît la boutade, comment dit-on « Oui, sûrement » chez nous ? « Non peut-être ! » Thierry Rozet, qui a maintenant repris l’ensemble de la gestion de la Black Cat Brewery, poursuit dans l’absurde. Le slogan de la marque est, en référence à l’un des best-sellers de chez nous, « Les femmes savent parce que… ». Et le reste est à l’avenant. Il suffit de consulter les étiquettes. Un régal !

 

Renseignements

Black Cat Company
Avenue Gevaert 249 B
B-1332 Genval
+32 (0)475 62 46 94
facebook.com/nonpeutetre.biere

 

Informations : 

Rond-point Jean-Baptiste Meura, 1
B-7600 Péruwelz
sales@meura.com www.meura.com

Photos

Visionner la galerie "MEURA[ ]Le triangle magique"

La Newsletter

Your opinion counts