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Par Carole Depasse
Optimum Park TM, produit culturel de l’Entreprise d’Optimisation du Réel (EOR ), est une zone de turbulences multimédia. Un jeu d’épreuves intellectuelles et physiques au cours duquel vous testez vos capacités à « performer ». Si vous acceptez de jouer le jeu… !
Une barbe de trois jours, des cheveux rasés de près, des vêtements noirs, des tatouages au moins sur les bras et un piercing dans chacune des joues… Sébastien Rien a une allure de bad boy. Les apparences sont souvent bien trompeuses. La conversation s’engage, pointue et conceptuelle, sur ce qui a été dernièrement son actualité au BPS22 (Centre de création contemporaine à Charleroi), Optimum ParkTM. Un produit culturel captivant qui fusionne des disciplines rarement rapprochées et, qui plus est, dans un même espace. Sciences du vivant, littérature, vidéo, poésie, fiction, musique, ressources humaines, technologies de communication… Le concept emprunte ses codes de fonctionnement et de conduite à l’art contemporain, au parc d’attractions et au team-building. Une drôle de chose, adaptable à vos problématiques, modulable selon les contextes, pensée pour vous faire vivre une expérience intellectuelle et sensorielle dont vous émergez « optimisé ». Une activité d’incentive multimedia qui renouvelle le genre. Cadre ludique et provocateur, épreuves cérébrales et physiques, mystère et jeux de lumière, technologies avancées, ce concept exacerbe la créativité, la compétitivité et la motivation de chacun.
Expérience vitaminée
Au terme de l’expérience, Optimum Park TM désigne le joueur le plus « optimisé » en fonction de critères préétablis et encodés selon un paradigme, c’est-à-dire une certaine vision du monde, par les as de l’informatique d’EOR. A contrario, le joueur le moins « optimisé » est aussi performant car son résultat indique qu’il a échappé au système en se référant à des valeurs autres que celles programmées par les agents du jeu. Vous comprendrez que si « l’expérience est toujours bonne à prendre, il faut pouvoir la relativiser. C’est la volonté et l’engagement mis pour répondre ou agir qui sont la base du processus d’optimisation ». Et pas nécessairement les réponses apportées. Certains participants décident même de leur propre chef de quitter l’expérience estimant « qu’ils ne sont pas des moutons et qu’ils n’ont pas à suivre les ordres d’une voix électronique ». Libre arbitre, désobéissance, détachement, sagesse… vous pourriez être étonné de vos propres réactions.
Cadre ludique et provocateur, épreuves cérébrales et physiques, technologies avancées, Optimum Park TM exacerbe la créativité, la compétitivité et la motivation.
À la différence d’un parc d’attractions classique, vous n’y allez pas sans vous y être préparé. Rien n’est laissé au hasard. Lors de la seconde phase expérimentale* qui s’est déroulée au mois de juin dernier à Charleroi, les visiteurs s’inscrivaient via le site internet de l’Entreprise d’Optimisation du Réel. En retour, ils recevaient un code vestimentaire (couleurs sombres, pas de talons…) et des informations pratiques (lieu et horaire). Un procédé de conditionnement dont le but est de créer des images mentales préalables. Sur place, les participants sont invités à signer un « formulaire de renonciation » par lequel ils déclarent être responsables de leurs actes envers eux-mêmes et envers autrui. La tension monte d’un cran. Ils sont alors encodés un par un dans le système informatique et reçoivent un numéro qui devient leur identifiant personnel. La « voix du système » se sert de cet identifiant pour communiquer et diriger les participants vers des stations selon un parcours qui s’intensifie en difficulté et en rythme. Des « stations standards » (jeux vidéo minimalistes, QCM…) aux « stations actions », physiques, les participants doivent se montrer de plus en plus performants. Mais jusqu’à quel point ?
* 1ère phase expérimentale : 27.11.2012 au 16.12.2012 – iMAL (interactive Media Art Laboratory) – 30 Quai des Charbonnages à 1080 Bruxelles
2ème phase expérimentale : les 13, 14 et 20.06.2013 – B.P.S.22 – 22 Boulevard Solvay à 6000 Charleroi
Développement et pérennité
Le projet poursuit sa route. Une troisième phase de développement est en cours qui prévoit des améliorations du système, une étude pour la mise en marché et les moyens d’une autonomie financière. Des partenariats sont recherchés activement tant au niveau public (musées) que privé (entreprises). L’équipe devrait prochainement boucler ses valises pour le nord de la France et Montréal. « L’objectif, pour la continuité du projet, est d’arriver à une forme rentable. » Un challenge à relever qu’un groupe aussi doué devrait contourner sans trop de problèmes.
En bref
Optimum ParkTM by EOR (Entreprise d’Optimisation du Réel) est une construction esthétique et artistique réalisée par une équipe de trentenaires transdisciplinaires, poètes modernes et décalés. Démonstration brillante de la curiosité intellectuelle de cinq adultes issus de la génération connectée. Sébastien Rien, master en arts numériques à finalité de programmation, concepteur, coordinateur et producteur; Emmanuel Pire, développeur informatique et gestionnaire technique du système ; Sébastien Biset, docteur en histoire de l’art, auteur et analyste critique en matière d’art participatif; Antoine Boute, philosophe, auteur des contenus textuels; Leslie Mannès, danseuseperformeuse, responsable des relations humaines.
Les stations
À chaque phase expérimentale, le contenu des stations, de trois niveaux de difficulté, peut évoluer en fonction notamment des enseignements tirés ou des besoins des « acheteurs » du système (entreprises ou grand public).
Les stations standards au nombre de 24 sont regroupées au centre de l’espace de diffusion. Le public y est appelé par la « voix » pour exécuter des actions comme l’arrêt d’alarmes ou la réponse à des questionnaires à choix multiples.
Par exemple, pourriez-vous répondre à la question suivante ?
Le marronnage est le phénomène par lequel des animaux domestiques relâchés ou échappés forment des populations vivant partiellement ou totalement à l’état… homosexuel, sauvage ou affamé ?
Les stations actions sont de 3 niveaux :
⇒ Au niveau 1, un sujet ferme les yeux. Durant une minute, un second sujet l’accompagne, le protège et le déplace dans l’espace afin de transformer ses perceptions du temps et de l’espace. Le premier sujet sera t-il capable de faire confiance au second et de se laisser guider ?
⇒ Aux niveaux 2 et 3, les situations se complexifient. Comme la dark room noise où trois sujets se trouvent dans une pièce isolée, entièrement remplie de fumée et à l’intérieur de laquelle se trouvent des micros pourvus d’effets spéciaux. Les sujets équipés de lampes frontales doivent émettre des sons, crier, expérimenter leur voix.
⇒ Lors de la phase expérimentale n°2, à Charleroi, la station « ultime » était celle où se trouvait une voiture. L’agent préposé proposait aux sujets plusieurs outils de destruction (batte de baseball, pied de biche…). Le sujet avait 20 secondes pour détruire au maximum la voiture. Une expérience psychologique cherchant à évaluer le degré d’obéissance d’un participant et le processus de soumission à une autorité surtout lorsque celle-ci induit des actions qui chatouillent la conscience.
Renseignements
Entreprise d’optimisation du réel (EOR )
Sébastien Rien
Rue de Marcinelle 30
B-6000 Charleroi
+32 (497) 75 31 02
info@optimisation-du-reel.biz
www.optimisation-du-reel.biz