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© Dupuis Audiovisuel

Le virtuel, mort
ou avenir de la bd?

  • Économie
  • / High Tech
Hainaut  / Marcinelle

Par Nadia Dumont

Les Éditions Dupuis ont pris vie par le papier. Aujourd’hui, l’école de Marcinelle, c’est aussi Dupuis Audiovisuel. Dreamwall et Keywall sont leurs fers de lance.

Les Schtroumpfs ouvrent, dans les années ’60, la voie de la diversification aux Éditions Dupuis. Il y a 20 ans déjà, Dupuis crée Dupuis Audiovisuel, basé à Paris, et poursuit la production avec son homologue belge, Belvision. À l’origine, on ne parlait que d’adaptation à l’écran… Aujourd’hui, aux côtés des médias audiovisuels « traditionnels », fleurissent les dif férentes plateformes que sont les tablettes, Smartphones et autres iPhone. Cela nuit-il à la BD ? Léon Pérahia, Directeur général chez Dupuis Audiovisuel et Administrateur délégué de Keywall, répond : « Je crois que ça forme un tout plutôt que de la concurrence. Et si nous avons décidé de créer Dreamwall et Keywall, c’est justement pour se doter d’outils qui nous permettent de développer nos univers sur l’ensemble de ces supports. » Par ailleurs, ceux-ci sont des partenaires de choix dans la communication vers les publics cibles.

Si Dupuis Audiovisuel s’est logé dans la capitale hexagonale pour les opportunités financières, notamment via les grandes chaînes françaises (TF1, M6, Canal+…) et le potentiel de diffusion qu’elles offrent, c’est à Marcinelle qu’ont été établies Dreamwall (2007) et Keywall (2010). Grâce à la création du Tax Shelter en 2004 et à l’aide de Wallimage, Dupuis, actionnaire à un quart notamment avec la RTBF, décide de créer Dreamwall (voir WAW n° 9, été 2010). Aujourd’hui, ce studio d’animation et de graphisme qui emploie une quarantaine de personnes s’est spécialisé dans la production d’animation 2D et 3D, la création de décors virtuels, les visualisations 3D et les habillages TV. Dans ses réalisations, on peut compter entre autres le décor virtuel de l’émission C’est du belge, mais aussi Léonard ou encore Spirou, qui, faut-il le rappeler, fête cette année ses 75 ans.

La clé de voûte

Keywall, pour sa part, propose une infrastructure de tournage, un studio de 450 m². « Il en existe dans quelques chaînes de TV mais le nôtre est plus grand, ajoute Léon Pérahia. On espère bien attirer les clients étrangers puisque c’est le plus grand studio de décor virtuel traqué d’Europe. » Traqué ? La personne évolue en réalité sur un fond vert. Mais le décor fictif apparaît sur les quatre caméras HD. Celles-ci sont dotées de capteurs reliés à d’autres placés sur le plateau. Lorsque la caméra bouge, l’illusion que la perspective du décor change comme en situation réelle est alors créée. Keywall a aussi un plus petit studio essentiellement dédié à la présentation de la météo. De plus, la société dispose de salles de montage et de postproduction, d’une régie, de loges et d’une salle de maquillage et emploie cinq personnes. Plusieurs émissions y sont tournées comme Le jardin extraordinaire, Matière grise ou bien la météo de la RTBF qui reste le principal client. Les avantages principaux d’une telle technologie résident dans le coût, le gain de temps et la liberté de création que la réalisation de décors réels ne permettrait pas. Dreamwall et Keywall travaillent donc régulièrement en binôme.

Une production audiovisuelle demande en effet souvent l’alliance de spécialités multiples : graphisme, son, effets spéciaux… À chaque projet, son équipe et ses besoins. Le noyau dur de Dupuis Audiovisuel compte une dizaine de personnes mais l’équipe peut s’étendre à une centaine de personnes pour un travail spécifique. Le professionnalisme et la qualité du produit sont ici visés. Diversification des supports, technologie de pointe et produits de haut niveau contribuent à la renommée désormais internationale du groupe. « Grâce à cela, nous nous attirons des talents comme des spécialistes de chez Pixar. Cela engendre, entre les auteurs, l’équipe et eux, de la créativité et une émulation. On peut acheter une machine, mais la créativité, il faut qu’on la suscite. » Cette occasion permet, outre un échange de bonnes pratiques, la formation des différentes équipes en Belgique.

Quels desseins ?

Les projets peuvent émaner des différentes entités ou être proposés par des partenaires externes. Ils sont majoritairement liés à la BD et, bien que privilégiées, les adaptations de bandes dessinées ne sont pas automatiquement issues du catalogue Dupuis. Le succès de la BD joue son rôle dans la sélection mais cela ne suffit pas toujours. Le but est d’identifier les univers, histoires et concepts transposables à l’écran. « Par exemple, Gaston Lagaffe, qui est une formidable BD, est extrêmement difficile à adapter car la force de cet univers réside dans l’imaginaire du lecteur. »

Parmi les nombreux projets en cours, nous pouvons citer Loulou, l’incroyable secret, adapté de Grégoire Solotareff (sorti le 18 septembre dernier). Belvision y est producteur à 20 % sur une enveloppe totale de 7 millions €. Astérix, qui pèse 31 millions €, est aussi produit à 20 % par Belvision et réalisé en partie par Dreamwall ! Ces financements sont significatifs et ventilés entre la Belgique et la France. Astérix veut être un film d’animation au niveau des Pixar et autres Universal. Dans les projets issus du catalogue Dupuis, nous retrouvons la réalisationdes BD à succès Les Nombrils et Cédric. Un pilote d’une adaptation de Royaume de Benoît Feroumont est en cours de réalisation.

Les savoir-faire se spécialisent et se multiplient, les projets foisonnent, la créativité bouillonne et la réputation se solidifie donc dans les anciens entrepôts de Dupuis. Mais l’ambition du pôle vise davantage d’activités. Dans les projets en attente, il y a l’aménagement d’un studio de tournage de cinéma traditionnel et, à moyen terme, la création d’une académie de l’image. Un made in Belgium en devenir !

www.keywall.be

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