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Parc ou château,
qui est le plus beau ?

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Brabant wallon  / La Hulpe

Par Stéphane Renard

Le château et son exceptionnel domaine que le petit-fils d’Ernest Solvay légua à l’État belge, dans les années 1960, est aujourd’hui l’une des plus belles vitrines de la Région wallonne. Aux portes de la capitale européenne..

Combien de langues étrangères entend-on en une après-midi de balade dans le magnifique parc du château de La Hulpe ? « Beaucoup ! », répond sans hésiter Olivier Vanham. Le directeur conservateur de ce « domaine Solvay », comme le grand public l‘appelle spontanément, répète avec fierté : « Beaucoup, oui, et je dirais même de plus en plus ». À défaut de comptage – l’accès du parc est libre –, on fonctionne au feeling. Et il est positif. La proximité avec la capitale de l’Europe est un atout pour ce petit bout de Wallonie, en bordure de Forêt de Soignes. Nombre d’expatriés ou de touristes d’un week-end y croisent volontiers les amoureux de ce parc de 227 hectares, qui entoure le château et dont la ferme accueille, depuis 2000, la Fondation Folon.

Le public sait moins, en revanche, que s’il peut aujourd’hui pleinement savourer les vertus bucoliques de ce lieu d’exception inscrit au Patrimoine exceptionnel de Wallonie, c’est grâce à la générosité de la famille Solvay. Mais ne brûlons pas les étapes…

1842

Située sur les bords de la Helpe, ce qui donnera le nom de La Hulpe au XVIe siècle, la localité fit longtemps partie du duché de Brabant. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le territoire de La Hulpe sera morcelé en de grandes propriétés. Dans les années 1820, la plus grande d’entre elles, qui compte alors 851 hectares, appartient à la Société Générale… des Pays-Bas. Mais les années qui suivent l’indépendance de la jeune Belgique vont redistribuer les cartes. La Générale morcèle et vend nombre de ses propriétés.

En 1833, le marquis Maximilien de Béthune, membre du Conseil d’administration de la Générale, acquiert une partie du domaine pour y faire bâtir un château. Commencé en 1840, celui-ci sera achevé deux ans plus tard, comme le rappellera pendant de longues décennies une girouette gravée « 1842 », aujourd’hui envolée. Dire du château qu’il est foncièrement original serait mentir. Mais il a de la classe. Cette bâtisse rectangulaire de 25 mètres de long sur 18 de large, dessinée par l’architecte français Harveuf, empile les briques rouges sur des soubassements en pierre bleue. De style François Ier, le bâtiment est ceinturé aux angles par des tours octogonales. L’entrée principale est à l’ouest, le perron majestueux est à l’est et mène vers une immense pelouse.

Si le château et le domaine changent de propriétaire en 1871, le nouveau maître des lieux, le baron Antoine de Roest d’Alkemade, n’y apportera cependant aucune modification significative.

Nombre d’expatriés ou de touristes d’un week-end y croisent volontiers les amoureux de ce parc de 227 hectares, qui entoure le château et dont la ferme accueille, depuis 2000, la Fondation Folon.


L’ère Solvay

La nouvel le vie du castel débute le 9 décembre 1893. Ce jour-là, l’industriel wallon Ernest Solvay acquiert le château pour en faire sa résidence d’été. Lui qui habite Ixelles s’est épris de ce lieu verdoyant. Né 55 ans plus tôt à Rebecq-Rognon, petite localité du Brabant wallon, ce chimiste brillant a amassé la fortune que l’on sait en inventant un nouveau procédé de fabrication de la soude. C’est donc un homme aussi riche que célèbre qui s’offre ce bien de prestige, mais un homme de goût, aussi, puisqu’il qui confiera à l’architecte Victor Horta quelques transformations intérieures du bâtiment.

Les modifications ultérieures du « château Solvay », comme on l’appelle aussi désormais, seront cependant surtout le fait du fils, Armand Solvay, et du petits-fils, Ernest-John. D’importants travaux vont en effet modifier l’aspect général du bâtiment dès 1932. C’est ainsi que les briques rouges se verront recouvertes d’un ciment façon « pierre de France », qui va renforcer le classicisme paisible du bâtiment.

 

Un silence qui vaut la Palme d’or

Le Château de La Hulpe est connu dans le monde entier depuis que Le Maître de musique en a fait son décor principal. C’était en 1988. Le film de Gérard Corbiau n’allait pas seulement consacrer le talent de José Van Dam, il allait aussi transformer en star le château et son somptueux domaine. Depuis, ces lieux arrivent en très bonne place dans les banques de données des sociétés spécialisées en repérage de sites pour productions audiovisuelles ! Longs-métrages, séries télé, publicités, aucun genre ne lui résiste. Il est vrai que le cadre du château a de quoi ferrer pour de bon les candidats producteurs. Olivier Vanham, directeur conservateur du domaine, énumère ses atouts avec une évidente délectation. « D’abord, souligne-t-il, il y a l’espace, qui permet aux nombreux véhicules d’une production de se garer sans problème, et sans devoir solliciter d’innombrables permis de police. Cela peut paraître secondaire, mais ce sont beaucoup de soucis administratifs en moins. Ensuite, il y a le silence, absolu, que l’on ne trouve pas en ville. L’absence de bruits parasites est essentielle lors d’un tournage. Or, même dans un grand parc urbain, il y a toujours un bruit de fond. Enfin, il y a le château, bien sûr, tout simplement superbe. Quel décor incroyable… »

Un destin audiovisuel désormais consacré par YouTube. Cette nouvelle mémoire collective en garde une trace à diffusion planétaire, avec la publicité Virgin Mobile Massimo tournée au château à l’été 2011. Mais le domaine a aussi connu d’autres tournages, qu’énumère Olivier Vanham. « Il est ainsi apparu sur grand écran dans “Mortelle randonnée” ou à la télévision dans un épisode de la série “Femme de loi”, avec Ingrid Chauvin. » Dernière vedette en date à avoir tourné sur place, Michael Cane en personne, dans Mr Morgan’ s last love. Le film sort en ce mois de septembre.

La vraie noblesse sait cependant aussi se faire très discrète. Dans certaines productions tournées à La Hulpe, il est tout simplement impossible de reconnaître les lieux, comme ce fut le cas avec une publicité pour la grande surface française Auchan. « Et puis, admet le conservateur, tous les repérages ne donnent pas lieu à un tournage. Cela dit, même quand c’est le cas, le domaine reste accessible au public. » Non, vous n’avez pas rêvé, c‘était bien Michael Cane, là-bas…

 

Mais l’écrin n’est pas oublié. Côté jardin, c’est Ernest-John Solvay qui réaménage le parc en profondeur, lui donnant l’essentiel de sa forme actuelle, avec la plantation d’essences exotiques, la création du Belvédère, de l’étang de la ferme…

Préserver le joyau

Ernest-John est cependant inquiet de l’avenir de la propriété. Soucieux d’éviter un éventuel morcellement de ce fabuleux domaine, il va en obtenir le classement en 1963, avant d’en faire don à l’État en 1968. L’acte de donation est sans équivoque. L’objectif est de « maintenir dans leur intégrité le Domaine de La Hulpe et ses biens, tant immeubles que meubles qui le composent, et de conserver tant à cet ensemble qu’à chacun de ses éléments, son caractère actuel ».

L’usufruit restera cependant la propriété du généreux donateur, anobli en mars 1969. Le comte Ernest-John Solvay de La Hulpe occupera ainsi le château jusqu’à sa mort, le 17 octobre 1972, date à laquelle le Domaine devient pleine propriété de l'État belge.

La Belgique étant ce qu’elle est – un pays en évolution…–, les lieux seront gérés dès 1973 par une asbl sous la tutelle du ministre de la Culture française. Ils seront ensuite transférés à la Communauté française, qui en assumera la charge et la gestion jusqu’en 1995. Depuis, suite à une convention avec les héritiers Solvay, c’est la Région wallonne qui a repris le flambeau.

Prestige wallon

Gestionnaire de ce domaine exceptionnel, la Région Wallone y a réalisé les investissements nécessaires pour y organiser des activités culturelles et des réceptions de prestige. « Avouez, s’enthousiasme Olivier Vanham, que ce domaine et son château sont une porte d’entrée somptueuse sur la Wallonie. Une fameuse carte de visite ! » Les réceptions politiques y ont, il faut le dire, une bien belle allure. Le château fut d’ailleurs particulièrement mis à contribution pendant la présidence belge de l’Union européenne. Mais en termes d’image, pas question d’oublier non plus les hommes d’affaires, premiers ambassadeurs de terrain. Car si le château ne se visite pas, il sert néanmoins de cadre à des évènements privés. L’explosion de l’offre de qualité en salles de séminaires et de réunions en Brabant wallon lui a, il faut bien le reconnaître, parfois fait un peu d’ombre. Mais l’on en revient toujours à l’authentique. Ainsi, nombre de séminaires et de réunions haut de gamme qui se tiennent au complexe ultra-moderne du Dolce, tout proche, prévoient désormais l’une ou l’autre soirée ou réunion au château. On peut être résolument de son temps et savourer les trésors du passé. Avec ou sans accent wallon, cela s’appelle une opération win-win

 

Renseignements

Château de La Hulpe
Chaussée de Bruxelles, 111
B-1310 La Hulpe
+32 (0)2 634 09 30

Le domaine (Parc Solvay)
Ouvert tous les jours
de 8h à 21h du 01/04 au 30/09
et de 8h à 18h du 01/10 au 31/03

Le Musée Folon
Ferme du Château
Drève de la Ramée, 6
B-1310 La Hulpe
+32 (0)2 653 34 56
Du mardi au vendredi de 9h à 17h
Week-end de 10h à 18h

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