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© archives Sonaca

SABCA - La Valse des F-16 à Charleroi

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Hainaut  / Gosselies

Par Christian Sonon

Implantée principalement à Bruxelles et à Charleroi, la SABCA est l’autre acteur historique de l’aéronautique en Belgique.  Ses activités se partagent entre l’aviation civile, l’aviation militaire et le spatial. Ses meilleurs « clients » sont les Airbus et les F-16. Mais la société vise aussi un nouveau marché, les drones.


Si les activités de la SABCA à Bruxelles se poursuivent à un rythme de production dicté par le carnet de commandes d’Airbus qui affiche complet pour au moins cinq ans, à Gosselies, c’est à une cadence militaire que les avions atterrissent et redécollent après être passés dans les mains des mécaniciens et autres experts de la maintenance. C’est en effet sur le site de Charleroi, où la société s’est implantée en 1953 afin de bénéficier des infrastructures d’un aéroport, que s’effectuent l’entretien, la maintenance et la mise à jour des F-16 avec lesquels la SABCA entretient une belle histoire d’amour qui a commencé voici un peu plus de 40 ans.

« Les F-16 défilent de façon quasi permanente dans nos ateliers », commente Marc Dubois, le directeur commercial. « Principalement ceux de la Force aérienne belge et de l’US Air Force, mais également des armées de l’air danoise et néerlandaise. Au total, cela doit faire entre 20 et 30 avions par an qui y font l’objet d’un entretien complet. »

Deux bonnes nouvelles sont en outre tombées ces derniers mois, l’US Air Force – pour sa flotte d’avions basée en Europe – et la Koninklijke Luchtmacht (PaysBas) ont signé de nouveaux contrats d’entretien de leurs F-16 avec la SABCA. Des contrats qui courent jusqu’en 2021 et qui montrent à quel point est reconnu le savoirfaire de la société belge à Charleroi, où travaillent quelque 250 personnes.

Suspense

Mais la question du remplacement du chasseur américain utilisé par l’armée belge taraude les esprits. Même s’il est fort probable qu’il n’y aura pas de ligne d’assemblage en Belgique en raison de la faible taille de la commande (34 avions) et que la Belgique ne pourra plus bénéficier de larges retombées économiques comme ce fut le cas en 1975, ce marché focalise néanmoins l’attention.

« L’industrie belge pourrait malgré tout en profiter », explique Marc Dubois. « En vertu de l’article 346, la législation européenne permet en effet aux Etats membres de demander à avoir des implications dans des domaines d’activités qui sont indispensables pour assurer leur sécurité nationale. Dans ce cas, ces activités doivent être liées au remplaçant du F-16. Il pourrait s’agir, par exemple, de systèmes de formation pour l’entraînement des pilotes belges ou de technologies destinées à être embarquées dans les nouveaux avions. Des systèmes ou des technologies pour le développement desquels la SABCA espère pouvoir se placer en ordre utile. »

LES DRONES, UN NOUVEAU MARCHÉ

Si un épais brouillard entoure encore et toujours le remplacement des F-16, en revanche, le ciel est en train de s’éclaircir du côté du marché des drones. L’armée belge, qui utilise déjà des B-Hunter pour différentes missions comme la surveillance de lieux stratégiques en prévision d’actes de terrorisme ou la détection d’éventuelles pollutions maritimes, a lancé un appel d’offres informel dans le but de se doter de nouveaux drones de surveillance. Et, en raison de sa longue expérience dans la gestion de programmes d’entretien et de réparation, la SABCA a logiquement été contactée pour voir comment elle pourrait intervenir au niveau des activités de maintenance. Mais la société a également des ambitions qui dépassent le cadre militaire. En juin, au Bourget, elle a annoncé avoir signé un accord de partenariat avec la société DronePort, basée à Saint-Trond, et l’aéroport de Charleroi. Le but : développer un centre d’excellence pour les drones à usage commercial et militaire. « L’idée est de pouvoir offrir aux sociétés un service qui consisterait à faire la certification et la validation de leurs drones et de leur charge utile », explique Marc Dubois. « D’où notre collaboration avec DronePort qui gère le seul espace en Belgique qui soit isolé du reste du trafic aérien. Les drones de nos clients pourront être testés à Saint-Trond sans risque d’interférence avec d’autres aéronefs et achever leurs phases de qualification à Charleroi dans un environnement typique de vol. Le personnel qualifié de la SABCA mettra les charges utiles dans les drones, vérifiera la logique du fonctionnement de ceux-ci et le respect des règles de vol, avant de leur accorder leurs qualifications ». Les clients potentiels ? Les nouveaux drones de l’armée belge, mais également des sociétés basées en dehors de l’Europe et désireuses d’obtenir leur certification afin de voler sur notre continent et accéder ainsi à un plus large marché. Quant aux activités de surveillance, elles pourraient être de nature militaire ou civile et toucher des domaines variés comme la pollution, l’agriculture, etc.

 

FICHE D’IDENTITÉ

NAISSANCE
Création en 1920 de la Société anonyme belge de Constructions aéronautiques (SABCA). Après avoir appartenu à la Société Générale de Belgique, la société passe, à la fin des années 60, dans les mains du groupe français Dassault et du néerlandais Fokker Technologies (groupe GKN) qui détiennent aujourd’hui respectivement 53% et 43% des parts, le reste appartenant au privé.
IMPLANTATIONS
Bruxelles (Haren), Gosselies, Lummen (Limbourg belge) et Casablanca (Maroc)
PERSONNEL
1 100
CHIFFRE D’AFFAIRES DU GROUPE
202 millions d’euros (2016)
ACTIVITÉS PRINCIPALES
Aviation civile (50% des activités) : fabrication de structures (parties de fuselages et d’ailes), développement de systèmes de freinage (mécatronique). Défense (25 à 30%) : maintenance, réparation et modernisation d’aéronefs (activité principalement basée sur le site de Charleroi). Spatial (20 à 25%) : fabrication de structures et de systèmes de contrôle de vol (leader européen) pour les lanceurs.
PRINCIPAUX CLIENTS
Aviation civile : Airbus et Dassault.
Défense : forces belges et américaines. Spatial : Ariane et l’ESA.


 

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