- Dossier
Par Bernard Roisin
Faire connaître la Wallonie et en faire une région privilégiée par les touristes, telle est la mission de Françoise, Nikoline et Martine ! WAW, curieux comme jamais, a voulu savoir comment elles s’y prennent et pourquoi…
Quel est votre rôle dans votre pays pour promouvoir la Wallonie ?
Françoise Scheepers — Mon rôle est d’établir et de mettre en oeuvre la stratégie de promotion de la Wallonie et de Bruxelles en tant que destinations de voyage, aussi bien d’affaires que de loisirs, sur le marché britannique, principalement, et irlandais, dans une moindre mesure. Je suis assistée en cela par Philippe Marée, trade manager, qui établit le relais avec l’industrie du voyage britanniques et irlandais, par Sophie Bouallègue, notre press manager, qui fait un travail remarquable de networking et lobbying vers la presse et les médias grand public, et Deo Bongo, qui se charge de la communication vers les consommateurs.
Nikoline van der Werf — Je travaille pour la promotion de la Belgique depuis 1995. Notre équipe se compose de 5 personnes dont je suis la directrice. La Belgique est la 3e destination de vacances pour le touriste néerlandais ; environ 3 millions de nuitées en Wallonie (chiffres de Nipo-NBTC). Notre rôle est évidement de garder cette excellente position. Notre offre plaît aux Néerlandais, que ce soit le grand public, la presse, le « trade » ou les professionnels du voyage : destination proche, dépaysement total avec les forêts et les collines, les villages de charme et les villes de culture, l’authenticité et les saveurs régionales. En bref, nos activités consistent en la participation aux salons, à l’organisation de voyages de presse, l’envoi de newsletters, l’activité sur les réseaux sociaux, la prospection, les campagnes via notre magazine Verrassend België, etc.
Martine Van Romphey — L’objectif de notre promotion est double : motiver les Français à voyager en Wallonie et véhiculer une image positive de la région wallonne. Et cela dans un contexte concurrentiel fort, d’autant plus que les Français ont la particularité de voyager peu à l’étranger et qu’ils sont portés vers les « destinations soleil ». Nous devons donc nous distinguer des sites français qui constituent notre principale concurrence. Mon premier objectif est donc de développer la notoriété de la Wallonie, encore trop méconnue des Français et chargée de préjugés que nous défaisons un à un. Un travail de longue haleine que nous réalisons en travaillant avec les opérateurs français, les éditeurs, les médias et les professionnels du tourisme. Mais j’aime les défis ! Et pour me compliquer la tâche, l’Hexagone est constitué de régions aux identités fortes et singulières. Pour cela, je concentre les actions de Wallonie Bruxelles Tourisme en France sur les bassins de visiteurs acquis que nous fidélisons (les franciliens et les frontaliers du Nord et de l’Est) et sur les nouveaux bassins émetteurs que nous devons encore conquérir (Marseille, Lyon et plus récemment, Nantes). Ces derniers dépendent de liaisons de transport directes vers l’aéroport de Charleroi, les dessertes Thalys de Mons, Charleroi, Namur et Liège et également via Bruxelles. Dans toutes nos actions en France nous nous appuyons sur des perceptions à haute valeur ajoutée : la convivialité, le sens de l’accueil, la belgitude, l’humour décalé, la proximité… que nous traduisons par notre slogan : « La vie est belge ! »
Quel est votre coin préféré en Wallonie, celui qui vous ressource ?
Françoise Scheepers — Il y en a plusieurs. Nous avons la chance d’avoir une région aux charmes et atouts multiples. Sur le plan physique, on peut se ressourcer de manière active. J’adore les randonnées proposées par le réseau RAVeL, ou bien les sentiers balisés en forêts. Pour m’en mettre plein la vue, je suis fan de la vallée de la Semois. J’adore le panorama du Saut des Sorcières et la région des Hayons, mais je trouve que la lumière douce du Condroz (dans les environs de Havelange) est une des plus belles au monde. Je suis envoûtée par le mystère des Fagnes, et pour le coup, mon point de chute préféré dans la région de Spa, c’est le Manoir de Lébioles : une bulle dans le temps et l’espace, une ambiance métissée avec des jardins à l’italienne sur un fond panoramique ardennais, le mélange est détonnant ! Et puis la table d’Olivier Tucky…, comment y résister, après une journée à se faire dorloter dans le Spa de l’hôtel ?
Nikoline van der Werf — J’aime beaucoup Namur. C’est une ville élégante, bien située au bord de la Meuse et de la Sambre, avec de beaux musées, de belles boutiques, de bons restaurants et des cafés typiques. Sans oublier la possibilité de prendre un vélo pour parcourir le RAVel vers, par exemple, les Jardins d’Annevoie ou la ville de Huy. Sinon, j’aime aussi beaucoup le Viroinval, cette région un peu cachée dans le sud de la Wallonie. De beaux villages avec une nature très riche, des promenades nature balisées et un beau parcours RAVel. Ce n’est pas désagréable non plus de se poser à la brasserie des Fagnes ou à la brasserie de Chimay. Partout, on retrouve cette ambiance chaleureuse, sans stress, « slow food et slow living ». C’est très agréable quand on est en vacances.
Partout en Wallonie, on retrouve cette ambiance chaleureuse, sans stress, « slow food et slow living ». C’est très agréable quand on est en vacances. Nikoline van der Werf
Martine Van Romphey — La vallée de la Meuse ; 100 % Wallonie ressourçante ! Qui ne succomberait pas à ses charmes incontestables : châteaux, jardins, activités au fil de l’eau (barques, bateaux-mouches, écluses, îlots bucoliques…) ? Mais elle est aussi, et surtout, la terre de toutes mes vacances d’enfant : Yvoir, Godinne, Lustin, Profondeville, Annevoie et bien sûr, Namur avec ses flâneries piétonnes à l’ombre de Saint-Aubain et ses incursions au Musée Félicien Rops, artiste namurois bien connu des Français. Une petite note sucrée pour terminer ? À Namur, pas question de cerise sur le gâteau mais bien de fraise ! La fraise est la star du terroir régional, juste au sucre, mais aussi en tarte, voire en garniture de grosses tartines de pain…tous les enfants en redemandent !
Quel est l’endroit emblématique pour vos hôtes ?
Françoise Scheepers — Impossible d’en citer un seul. La Wallonie ne peut se résumer en un seul point ! Pour attiser la curiosité de notre cible, j’ai un ou deux leitmotiv, liée à notre culture, car elle est très attirante pour le Britannique qui adore la langue française mais pas les Français. Nous leur répétons souvent ceci : « If you like France, you will love Wallonia, because we’ve got the elegance without the arrogance! » - cela les fait beaucoup rire. Mais au-delà de la boutade, il y a vraiment dans notre belle Wallonie une manière d’accueillir, à la fois gentille, généreuse et sans préjugés.
Il y a plein de raisons de voyager en Wallonie, je me suis d’ailleurs appuyée sur ce constat pour établir notre stratégie de marketing de niches et de tourismes d’intérêts spécifiques. Il y a des grands thèmes, qui deviennent très vite transversaux, niveau territorial, notamment. Nos villes ne sont pas des « cities » (métropoles), ce sont des « country towns » (villes à la campagne) car il ne faut pas parcourir des dizaines de kilomètres pour sortir de l’urbanité ; on se retrouve très vite au vert, que ce soit à Liège, Namur, Mons, Tournai et même Charleroi.
Nous avons des thématiques très fortes tel le tourisme golfique : nous n’avons que 23 « 18+ trous », dont un bon tiers sont considérés parmi les meilleurs d’Europe. Le voyageur golfeur est une cible intéressante car nous avons affaire-là à un « trend setter ». Quand il aime, il en parle autour de lui, et nous avons, outre la beauté de nos parcours de golf, un autre atout de taille dans la gastronomie, dont il est aussi très friand.
Le patrimoine historique, et en particulier sa variante mémorielle, est un fer de lance de notre destination. Waterloo, les Anges de Mons, Tournai, la cité d’Henry VIII (pendant deux ans, à peine, mais peu importe), la Bataille des Ardennes, dans laquelle les Britanniques se sont également battus, sont des faits historiques qui constituent une puissante attraction sur un marché féru d’histoire. Nous avons des sites et événements classés par l’UNESCO (le Hainaut est très gâté, à cet égard), des châteaux, abbayes, cathédrales, sites remarquables… Mais ce qui m’a frappé au cours de toutes ces années, c’est notre richesse en termes de personnages historiques wallons. Nous avons d’ailleurs à cet égard produit un guide et un site, Did You Say Famous Belgians, qui a pour but de présenter notre région via les portraits de nos célébrités. Nous en sommes à la troisième réédition du guide. On se l’arrache !
La Wallonie ne peut se résumer en un seul point ! Pour attiser la curiosité de notre cible, j’ai un ou deux leitmotiv, liée à notre culture, car elle est très attirante pour le Britannique qui adore la langue française mais pas les Français. Françoise Scheepers
Nikoline van der Werf — Tout simplement les Ardennes. C’est attractif pour tout le monde. Pour la famille (grands-parents, parents et enfants) qui vont visiter un château-fort, un village caractéristique et qui feront une petite promenade balisée. Pour les groupes d’amis qui viendront en week-end faire du VTT en clôturant probablement la journée avec une bonne bière belge. Pour les pensionnés qui se réserveront un week-end gastronomique avec des promenades nature et quelques excursions culturelles.
Martine Van Romphey — Il n’y a pas un endroit emblématique dans l’imaginaire collectif des Français, mais des endroits ou des événements selon que le visiteur est frontalier, Parisien ou Méditerranéen : les festivals (les Francos, les Ardentes, Dour…), les carnavals, les musées (Hergé, Folon…), les rassemblements folkloriques, les expositions de qualité internationale (Mac’s, Musée de la Photographie, Musée de Mariemont…), etc. Ce sont principalement ces sites et événements culturels qui provoquent l’envie de départ. Dans cette optique, nous travaillons au rayonnement du patrimoine culturel de Tournai, Mons, Charleroi, Namur et Liège ainsi qu’aux grands rendez-vous à venir tels Mons 2015, les commémorations des deux Guerres mondiales, le bicentenaire de la bataille de Waterloo et les sites napoléoniens.
Who’s who?
Françoise Scheepers
Directrice
Belgian Tourist Office Brussels & Wallonia
Londres
Nikoline van der Werf
Directrice
Toerisme België voor Wallonië & Brussel
Amsterdam
Martine Van Romphey
Directrice
WBT (Wallonie Bruxelles Tourisme)
Paris