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© Socabelec
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Un robot wallon

  • Business
Namur  / Jemeppe-sur-Sambre

Par Florence Thibaut

à la conquête de l’industrie verrière

Spécialisé dans la création d’outils robotiques pour l’industrie, Socabelec révolutionne la production de verre depuis Ham-sur-Sambre. Fleuron de l’entreprise, son « swabbing robot » optimise la lubrification du verre creux. Bangkok Glass, le groupe australien Orora et AB Inbev font partie de ses clients. 

 

Socabelec

Après ses études à l’ISIC Mons, Marco Veri est entré chez Socabelec en 1987. Engagé comme ingénieur électromécanicien, à une époque où la société se concentrait sur la production de verre plat (pare-brise, vitres de voiture...), le jeune diplômé a très vite gravi les échelons au point d’en devenir le directeur et le propriétaire dix ans plus tard. Et d’incarner aujourd’hui la réussite de l’entreprise grâce à un robot révolutionnaire qui s’exporte dans quatre continents. Rencontre avec un homme qui a de la bouteille !

Marco Veri, racontez-nous cette ascension rapide.
A mon arrivée, j’ai commencé à travailler sur un projet d’automatisation avec des automates programmables. Les propriétaires de l’époque m’ayant laissé les coudées franches pour lancer des projets, j’ai créé un département automatisation pour développer notre expertise en robotique. Assez rapidement, l’équipe a compté quatre ou cinq personnes. Mais, en 1996, alors qu’elle s’orientait de plus en plus vers la production de verre creux (bouteilles, verres...) la société a connu un épisode difficile et sa rentabilité a été en danger. Je ne pouvais pas me résoudre à l’abandonner. En 1997, j’ai décidé de racheter Socabelec et d’en changer complètement la structure et l’organisation. J’étais dans la société depuis dix ans, je connaissais ses forces et faiblesses. Nous avons cependant connu, en 2014-2015, une nouvelle crise qui nous a conduits à nous centrer sur la robotique et l’automatisation. C’est la R&D qui nous a sauvés.

Aujourd’hui, la priorité est de développer et exporter votre « swabbing robot ». Comment a-t-il été conçu ?
En 2011, la société a effectué un tournant en nouant un partenariat avec le groupe irlandais Ardagh, actif dans les contenants en verre et en métal, ainsi qu’avec Heye International, un spécialiste du verre. A la tête de 35 usines de bouteilles et 70 de cannettes, Ardagh est un groupe puissant. Notre mission a été de créer un robot qui puisse se charger de la lubrification au vol des bouteilles afin de doper la productivité de la production. C’est ainsi que le « swabbing robot » est né en 2013, après des mois de recherches et développement. C’est notre produit phare et l’orientation que nous souhaitons prendre. Les premiers robots ont été vendus aux Pays-Bas.

Quels sont les impacts du robot sur la chaîne de production ?
Ils sont multiples. En supprimant le graissage manuel des moules destinés à former les bouteilles en verre (« swabbing ») et en permettant une pulvérisation de produits de lubrification en vol, il améliore la productivité des lignes de production. Il permet de ne pas devoir arrêter les machines et, donc, de ne pas perturber l’équilibre du verre. C’est un avantage énorme, puisqu’il limite les défauts et le gaspillage tout en nous évitant de perdre jusqu’à six cycles de production par rapport au « swabbing manuel ». Le robot améliore en outre la sécurité et le bien-être des ouvriers qui sont moins exposés aux fumées d’évaporation des huiles. Enfin, cette technologie répond à nos ambitions environnementales puisqu’elle nécessite moins d’huile que pour un graissage manuel. Nous sommes obligés d’être toujours plus rigoureux pour garantir une traçabilité des processus.

Comment s’est déroulée l’internationalisation de la société ?
L’histoire de Socablec a démarré en 1965. C’est le fruit des investissements dans l’industrie lourde de cette période. Rapidement, l’entreprise a eu des clients au Grand-Duché de Luxembourg. Quand je suis arrivé, la société travaillait beaucoup pour le vitrage automobile. Il fallait aller là où l’activité se déplaçait, en Chine, au Brésil, en Tchéquie… Plutôt que des équipements, Socabelec a alors vendu des services et une expertise. Aujourd’hui, nous n’avons pas de « swabbing robot » en Belgique. Ceux-ci sont exportés dans une quinzaine de pays sur quatre continents, du Brésil au Japon en passant par la Thaïlande. Notre marché est donc à l’échelle de la planète. Nous avons formé nos trente-cinq collaborateurs en conséquence, notamment en leur donnant de nombreux cours d’anglais !

Socabelec

Vous passez beaucoup de temps à l’étranger, comment concevez-vous votre rôle de directeur ?
Le job de CEO est un métier exigeant, un peu à l’image de celui d’un marathonien. Il demande une bonne hygiène de vie. Je continue à diriger le pôle commercial et vais à la rencontre de mes clients tout en restant disponible pour les équipes. Je sais dormir dans les avions, c’est une aptitude indispensable !

Qu’est ce qui fait aujourd’hui la force de Socabelec ?
Je pense que c’est la ténacité et la résilience de ses équipes. Pour ma part, je n’abandonne jamais ! J’ai toujours été convaincu du potentiel de l’entreprise, même dans les phases les plus difficiles de son histoire. Nos prévisions pour 2020 tablent sur 30 à 35 robots. Nous devrions également obtenir d’ici peu un brevet de l’Office européen des brevets, une étape importante pour notre avenir. Dans le verre plat, nous avons créé plusieurs innovations qui n’ont pas été protégées. Nous ne ferons plus la même erreur.

www.socabelec.com

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