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Par Gilles Bechet
— Santé
Sunrise analyse notre sommeil
Une étude menée en 2018 à partir des données recueillies dans seize pays indique que l’apnée du sommeil toucherait 936 millions de personnes. Ce trouble, qui se caractérise par un arrêt momentané de la respiration pendant le sommeil, peut avoir des conséquences potentiellement graves pour la santé. Jusqu’à très récemment, le diagnostic relevait du parcours du combattant puisqu’il impliquait une ou deux nuit passées à l’hôpital, bardé de câbles et de connecteurs. Face à ces obstacles, la grande majorité des gens souffrant de l’apnée du sommeil renoncent à se faire diagnostiquer. Mais tout cela pourrait bien changer grâce au dispositif révolutionnaire et très peu invasif développé par la PME namuroise Sunrise.
L’entreprise, fondée en 2015 par Laurent et Pierre Martinot dans la foulée des travaux de leur père, médecin et spécialiste du sommeil, a mis au point un petit capteur capable de déceler l’apnée du sommeil. Pesant à peine trois grammes, il se pose sur le menton où il mesure les micro mouvements générés pendant le sommeil et analysés grâce à une application informatique.
Pierre et Laurent Martinot ont fait le choix de développer leur entreprise en fonds propres. Fin 2019, la start-up a levé un million d’euros auprès de différents investisseurs. Des partenariats ont été noués avec l’UCL, l’UNamur, ainsi qu'avec l’Imperial College de Londres. Conforté par des études cliniques qui ont confirmé les mesures au-delà de 90 %, Sunrise a mis son premier dispositif sur le marché à la fin de l’année passée. Aujourd’hui, l’entreprise revendique déjà plusieurs milliers d’unités vendues. « Sa simplicité d’utilisation lui permet aussi servir de déclencheur, précisent les responsables. Une personne pourrait l’acheter en pharmacie (1) afin de faire le test. Si elle constate un problème, il lui suffirait alors de prendre contact, via notre intermédiaire ou de sa propre initiative, avec des médecins spécialisés en pathologie du sommeil. », explique Laurent Martinot.
Maintenant que son dispositif a obtenu l’agrément CE et est sur le point de bénéficier d’un remboursement par la sécurité sociale en France, Sunrise s’emploie à conforter sa structure pour s’implanter durablement dans différents marchés, avec une priorité pour les Etats-Unis où la demande est très importante. Le nombre de personnes employées pourrait ainsi grimper de douze à une vingtaine en fin d’année.
(1) Le dispositif, non réutilisable, est vendu 119 euros.
— Covid 19
Eurogentec choisi pour fabriquer le vaccin à ADN d’Inovio
Basée à Seraing, dans le Liège Science Park, Eurogentec a commencé ses activités en 1985 en tant que spin-off de l’université de Liège. Comme sous-traitant, elle a développé une large gamme de services personnalisés dans la fourniture de produits et composants pour la recherche et l’industrie pharmaceutique, et fabrique notamment les produits et les réactifs utilisés pour les tests PCR. C’est ainsi que, depuis une quinzaine d’année, l’entreprise met au point des procédés industriels pour fabriquer en grande quantité des plasmides, ces molécules d’ADN qui, parce qu’elles sont capables de se répliquer et de transférer de l’information, constituent l’un des éléments clé de nombreuses thérapies géniques et cellulaires, comme en immunothérapie et en vaccinologie. Rachetée en 2010 par l’entreprise de chimie japonaise Kaneka, dont le site liégeois est devenu le pôle d’innovation pharmaceutique, Eurogentec est aujourd’hui le leader mondial de la production de masse de ces plasmides.
Séduite par ce savoir-faire, la firme de biotechnologie américaine Inovio a demandé à Kaneka Eurogentec d’intégrer son consortium manufacturier chargé de produire un vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2. Baptisé INO-4800, celui-ci se présente comme le seul vaccin à ADN stable pendant plus d’une année à température ambiante ; il n’a donc ainsi pas besoin d’être congelé pour sa conservation et son transport, ce qui est un avantage considérable pour la vaccination de masse. La production de ce vaccin pourra commencer dès la conclusion des essais de phase 3 menés aux Etats-Unis. Elle sera assurée au sein des nouvelles installations liégeoises qui permettent, grâce à un fermenteur 2200L, d’obtenir de grands volumes de vaccins.
Pour faire face à l’accroissement de sa production, l’entreprise, qui emploie actuellement 360 personnes à Seraing, compte engager 80 nouveaux collaborateurs.
Dans un avenir proche, Kaneka Eurogentec, qui fournit des clients en Belgique et en Europe, ainsi qu’aux USA et au Japon, a bien l’intention de conforter sa position de leader dans la fabrication à grande échelle de plasmides, mais aussi de développer de nouvelles installations pour produire des ARN messagers, lesquels sont appelés à jouer un rôle croissant pour prévenir et traiter, entre autres, les pandémies, les maladies orphelines, les cancers, les maladies infectieuses et les troubles génétiques.