- Tourisme
Par Marc Vanel
le « château des femmes »
Demeure centenaire, le château de Balmoral se cache sur la colline de Jalhay, aux portes de Spa. Ouvert à la location, ce gîte original accueille les activités les plus diverses depuis sa rénovation en 2012, mais c’est aussi un lieu chargé d’histoire qui a été transmis au fil des générations, de femme en femme.
De forme plutôt cubique, construite de pierres et de briques et dotée de plusieurs tourelles, la demeure se cache au bout d’un petit chemin étroit donnant sur la principale artère du quartier Balmoral, mais sa terrasse arrière domine le lac de Warfaaz où la vue est plongeante. Une fois le seuil de la maison franchi, le visiteur est transporté dans un monde hors du temps, entre l’ancien et le moderne, d’humeurs et de cultures, avec une multitude de pièces sur plusieurs étages correspondant chacune à une tranche de vie de ce manoir rebaptisé “château” avec le temps.
Un mélange d’influences médiévales et anglo-normandes rend ce lieu surprenant à l’instar des magnifiques cheminées qui surgissent des toitures à complication. De la tour d’angle, le panorama s’ouvre à 180 degrés.
« La demeure ne doit pas seulement sa particularité à sa situation et son architecture, explique l’actuelle propriétaire Sandrine Derkenne, mais certainement aussi aux personnalités qui l’ont habitée. Ce site avait été choisi par le baron Jean de Crawhez, dont le frère Joseph fut bourgmestre de Spa dans les années 1920. Sa construction débuta en 1912, sous la conduite de l’architecte Charles Castermans et l’entrepreneur Viatour, au sommet d’un terrain abrupt d’une dizaine d’hectares. »
Quelques années plus tard, Diane, la fille du Baron de Crawhez, reçoit la demeure en héritage. Elle épouse, en 1934, le baron Ferdinand-Charles Poswick, mais elle vivra seule au château. C’est la première propriétaire féminine.
Des industriels et des « réfractaires »
En 1965, le château de Balmoral est mis en vente par Diane Poswick-Crawhez qui préférait se rapprocher de ses enfants à Bruxelles. Il est acheté l’année suivante par Eugène Deketelaere, un industriel bruxellois, qui a fait carrière dans les produits réfractaires servant à construire les fours de verrerie, fabriqués principalement en Europe par la société SEPR (Société européenne des produits réfractaires), qui fait aujourd’hui partie du groupe Saint-Gobain.
Dans les années 60-70, il commença à récupérer partout en Europe des blocs réfractaires destinés à la déchetterie. Durant des années, il entassa ces blocs tout autour du château, sur le parking, sur les pelouses, dans les bois, dans les caves, persuadé qu’il parviendrait à mettre au point un procédé permettant de recycler cette matière en la faisant refondre pour la recouler ensuite dans de nouveaux moules (en sable résineux) et, donc, de fabriquer ainsi de nouveaux blocs.
« Fin des années 70, poursuit Sandrine Derkenne, il légua le château à ma grand-mère Lucienne Hendrickxs. Son mari étant parti vivre avec sa maîtresse, ma grand-mère y vivra seule jusqu’à sa mort en 2005, chargeant sa fille Chantal de s’occuper de la demeure et du rangement des blocs réfractaires. Ma mère épousa Jean-Marie Derkenne, un ingénieur civil stavelotain qui, lui, mit enfin au point un système permettant de faire fondre tous ces blocs de Zircone-Alumine-Corindon ! »
Un gîte touristique de prestige
« Mes parents achetèrent un ancien charbonnage à Tertre, dans le Hainaut, pour faire prospérer leur affaire et fondèrent, en 1977, la société Zircor Electrofusion, qui connut la gloire économique dans les années 80-90 et plusieurs prix à l’exportation. Grâce à cette prospérité, de nombreux travaux purent être effectués au château de Balmoral (électricité, toiture, chauffage…). Mon frère cadet et moi sommes nés de leur union, nous avons grandi sur cette terre d’accueil du Borinage. Après son divorce, en 1998, ma mère retourna vivre auprès de ma grand-mère au château dont elle est devenue propriétaire. C’est la troisième propriétaire féminine. »
La suite de l’histoire est plus mouvementée, puisque le père de Sandrine meurt en 2005 dans un accident d’avion. Sa mère part alors dans le Borinage afin de reprendre la société qui périclite à vive allure. Et le château est loué à un entrepreneur spadois qui réaménage la demeure en gîte touristique de prestige.
« J’en ai repris la gestion en 2012, poursuit l’actuelle propriétaire. J’ai créé la société SD Events et entrepris de rénover le bâtiment. J’ai aménagé un appartement au sous-sol où j’ai vécu seule avec ma fille Margaux pendant six ans. En 2014, j’ai remis à neuf le second étage, où logeait le personnel de service à l’époque, pour avoir six chambres de plus. Enfin, j’ai déménagé cette année vers Spa, dans un endroit plus paisible pour nous, de sorte que six chambres supplémentaires modernes ont pu être aménagées en sous-sol ».
Fêtes et événements
Le château de Balmoral compte aujourd’hui quatre suites avec salles de bain privatives et treize chambres avec cinq salles de bains communes, sans oublier la piscine externe chauffée.
L’endroit peut se louer directement ou via des plateformes d’intermédiaires. Le tarif varie selon la saison, le nombre d’étages loués et selon le type d’événements, soit de 2.000 à 7.000 euros par week-end.
Lieu très prisé pour les mariages, Balmoral a aussi accueilli des séminaires, des réunions familiales ou des groupes d’amis (10 à 34 personnes), des shooting photos, des vide-dressing, des tournages de films, émissions télé et clips vidéo (Suarez, Caballero & Jeanjass, Gladys, Antoine Chance, Delta…), des séances de relooking avec David Jeanmotte, des bals, des fêtes, des afterworks… Les idées ne manquent pas. Tous les éléments sont réunis pour passer un moment inoubliable dans une propriété peu courante, sans compter les balades, les thermes de Spa, le Casino, le circuit automobile, etc.
Prochaine héritière sur la liste, la jeune Margaux sera-t-elle la cinquième propriétaire féminine de Balmoral ? Rendez-vous dans quelques années...
Des « guerriers » au château Si le château de Balmoral, en Ecosse, reçoit régulièrement la visite de son propriétaire (la Reine Elisabeth II) et de sa famille, le château spadois du même nom a vu défiler, quant à lui, quelques hôtes à l’esprit plus belliqueux. Durant la Première Guerre mondiale, le Général Erich Ludendorff, bras droit de von Hindenburg (les célèbres zeppelins) à l’Etat-Major du Kaiser, y séjourna brièvement. En 1918, le domaine fut occupé par le Comte Georg von Hertling, chancelier de l’Empire et ministre-président de Prusse. En 1920, lors de la conférence diplomatique de Spa, on « changea » de camp : le château fut alors mis à disposition de David Lloyd George, premier ministre britannique de l’époque…
+32 (0) 478 27 76 00
info@lechateaudebalmoral.be
www.lechateaudebalmoral.be