- Tourisme
Par Sophie Dubois
septante-cinq ans. déjà !
A quelques pas seulement du Mardasson, le Bastogne War Museum est le site de mémoire majeur dédié à la Seconde Guerre Mondiale et à la Bataille des Ardennes. Bornes interactives, spectacles multi-sensoriels… la scénographie se veut résolument moderne.
En suivant les plaques qui mènent à la colline du Mardasson, vous ne pourrez pas le manquer. Le Bastogne War Museum se situe à quelques dizaines de mètres du mémorial américain en forme d’étoile. Le bâtiment, ultra moderne, accueille depuis maintenant cinq ans les visiteurs curieux d’en apprendre davantage sur la Seconde Guerre Mondiale en Belgique et en Ardenne.
« Le Bastogne War Museum a ouvert ses portes en mars 2014 sur le site même où se trouvait le musée Bastogne Historical Center depuis les années septante, explique son directeur Mathieu Billa. L’idée était de créer un tout nouveau site de mémoire avec, pour ambition, d’expliquer ce qu’il s’est passé ici, mais dans le contexte global de la guerre. »
Quatre guides qui ont vécu les faits
Muni d’audioguides, disponibles en français, néerlandais, allemand et anglais, vous commencerez par faire connaissance avec les personnages qui vous conduiront à travers l’exposition permanente. « Quatre personnages sont présents tout au long de la visite et servent de guides, précise Mathieu Billa. Ils expliquent la façon dont ils vivent personnellement les faits. Cela permet au visiteur de découvrir des points de vue différents. » Le jeune écolier bastognard Emile Mostade, son institutrice membre de la résistance Mathilde Devillers, le lieutenant allemand de la Volksgrenadiere Hans Wegmüller et le caporal américain Robert Keane vous accompagneront ainsi durant quelques heures. Selon les spots où vous vous trouvez, vous entendrez certains d’entre eux intervenir et vous raconter leur histoire. « Ce sont des personnages inspirés en partie des témoignages que nous avons reçus. Tous les contenus présentés (décors, histoires, visuels, contenus audioguides, etc.) se nourrissent de plusieurs récits mais sont validés par un comité scientifique. Nous essayons d’être le plus rigoureux possible. »
Entre 125.000 et 150.000 visiteurs
Depuis son ouverture, le BWM ne désemplit pas. Chaque année, le nombre de visiteurs varie entre 125.000 et 150.000. « Le musée fonctionne très bien, nous sommes contents. La fréquentation est au-dessus de nos espérances, se réjouit Mathieu Billa. Parmi les visiteurs, 60 % sont étrangers (Pays-Bas, Etats-Unis, Allemagne, France, etc.). »
Dans un futur proche, le musée devrait se doter d’un bâtiment supplémentaire. « Il comprendra des espaces d’accueil, des salles de classe pour développer les activités pour les enfants, une bibliothèque et une salle polyvalente pour accueillir les expositions et événements. »
Immersion totale grâce à l’interactivité
Les présentations faites, la visite commence au rez-de-chaussée avec la partie consacrée aux événements qui se sont déroulés avant l’hiver 1944. Vous retrouvez, dans une première salle, la période de l’entre-deux guerres, les conséquences du Traité de Versailles et l’arrivée au pouvoir de dictateurs dont Hitler. En continuant votre chemin, vous en apprenez davantage sur la position de la Belgique durant la guerre et les conditions de vie difficiles pour les civils sous l’occupation allemande. Cette première partie se termine avec le débarquement en Normandie et ses conséquences.
Avec ce musée, l’équipe entend toucher un public le plus large possible : « jeunes et moins jeunes, passionnés mais également ceux qui ne connaissent rien à ce sujet. Nous souhaitons leur présenter ce qu’il s’est passé et les sensibiliser, au départ de contenus qui ont été validés par des comités scientifiques ». Pour faire vivre aux visiteurs une expérience unique, le Bastogne War Museum se veut interactif. En effet, le musée invite à s’immerger pleinement dans cette période de l’Histoire qu’il vulgarise. « Nous avons recours à une scénographie moderne et faisons la part belle au storytelling. La très grande majorité du public apprécie », confie le directeur.
Outre les nombreux panneaux d’explication et la multitude d’objets récoltés via des collections ou des dons, vous découvrirez les événements qui ont touché notre pays grâce à l’une des bornes interactives du musée. Vous pourrez par exemple y visionner des témoignages traduits et des vidéos d’opérations militaires.
Trois spectacles multi-sensoriels
Au sous-sol, vous voilà plongé dans les combats qui se sont déroulés à Bastogne et dans toute la région. Revivez les faits depuis le 16 décembre 1944 et le lancement de 200.000 hommes à travers l’Ardenne. Assistez aux opérations mises en place pour prendre Bastogne et découvrez les pertes humaines énormes, parmi les soldats alliés ou allemands ainsi que du côté des civils.
Arrêtez-vous un instant et profitez de l’un des spectacles multi-sensoriels proposés par le musée au cours de la visite. D’une durée de dix à vingt minutes, ces représentations permettent de vivre les événements en direct, comme si vous y étiez. « Nous avons trois "scénovisions". Dans la première, nous nous retrouvons dans une tente pour une conférence de presse des officiers alliés dans le cadre du débarquement de juin 1944 en Normandie », détaille Mathieu Billa. Les deux autres scénographies se déroulent durant les affrontements de l’hiver 1944-1945 dans notre pays. « Dans la deuxième, nous prenons place dans les bois de Bastogne avec les combattants tandis que la dernière nous emmène dans un café de la ville où des civils se cachent dans la cave. » Outre les effets sons et lumières, les décors sont reproduits fidèlement et tout est fait pour que vous vous retrouviez dans les conditions d’époque. « Dans la seconde représentation, nous avons même diminué la température pour donner la sensation de froid. »
Dans chacune de ces scènes, vous retrouvez vos compagnons Emile, Mathilde, Hans et Robert. « Leur petite histoire est croisée avec la grande Histoire. Être dans l’immersion, c’est toucher à l’émotion et au côté humain. Nous souhaitons faire comprendre leurs préoccupations au public. Les gens peuvent facilement se retrouver dans ces personnages. »
Rendre l’histoire de la guerre « accessible » aux plus jeunes
Si l’interactivité est mise en avant au sein du Bastogne War Museum, c’est également pour permettre aux plus jeunes de comprendre cette période de l’Histoire. En marge de l’exposition permanente, différentes activités sont proposées aux groupes scolaires pour s’immerger dans cet univers. « Les plus jeunes peuvent suivre une visite contée avec Emile pour comprendre ce qu’il vit, manipuler du matériel de l’époque et découvrir les rations prévues pour les civils. Pour les enfants plus âgés, nous organisons une visite basée sur les droits de l’Homme. Après avoir pris connaissance de la charte, ils peuvent repérer des exemples de droits bafoués. » La Route d’exil met quant à elle l’accent sur les déplacements de population tandis qu’un tribunal de guerre permet aux étudiants de juger des crimes de guerre et se mettre dans la peau d’un juge ou d’un avocat.
Une expo temporaire jusqu’au 19 janvier
Jusqu’au 19 janvier, les visiteurs du BWM peuvent également admirer, sur l’esplanade du musée, l’exposition « Art Liberty, From the Berlin Wall to Street Art ». Trente œuvres d’artistes de street art, réalisées sur des morceaux du mur de Berlin, ainsi que trois Trabant, y sont exposées. « Cette exposition célèbre les 30 ans de la chute du mur, événement qui a marqué la fin de la guerre froide laquelle était née sur les cendres de la Seconde Guerre Mondiale. Nous avons souhaité conserver notre philosophie : présenter l’Histoire de façon globale, mais remise dans son contexte », explique Mathieu Billa.Les artistes participants sont contemporains ou ont déjà peint sur le mur dans le passé. « L’exposition représente la liberté de peindre sur un symbole d’oppression. »
Bastogne War Museum
Colline du Mardasson 5
B-6600 Bastogne
+32 (0) 61 210 220
info@bastognewarmuseum.be
www.bastognewarmuseum.be