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© © FABRICA

FACE A - FACE B, Réalités de designers liégeois

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Wallonie  / Liège

Par Carole Depasse

Une exposition qui donne à voir le produit fini (Face A) autant que le processus caché qui conduit à sa création (Face B). Huit designers liégeois dévoilent leur parcours créatif fait de galères et de succès, de recherches et de ratages, d’incertitudes et d’espoirs. Lumière et ombre : une exposition qui évoque la précarité du statut de créateur. Zoom sur trois d’entre eux.

Jimmy De Angelis

Enfance : un ange liégeois.

Études : par hasard en design.

Métier : en conséquence de quoi : designer !

Allumage : le biomimétisme.

Mentor : Frédéric Platéus, figure de proue de la scène belge du graffiti.

Graal : une esthétique fantasmée inspirée de la nature

Site : deangelisdesign.be

 Le luminaire AT27 en hommage à sa grand-mère A.T. née en 1927.

Face B

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La ligne du temps de Jimmy est ponctuée de dates professionnelles qui se languissent pour, brusquement, se cabrer et se resserrer sans qu’il puisse rien contrôler. Des creux et des vagues. Jimmy incarne le parcours-type du designer freelance qui a l’ambition de créer son propre mobilier. Après avoir mangé son pain noir durant des années, Jimmy dessine et conçoit un luminaire, AT27. Folie médiatique autour de sa création mais, malgré les approches d’un éditeur international, le luminaire n’est (toujours) pas produit. Qu’à cela ne tienne, Jimmy planche sur un second luminaire en plexiglas radiant, imitation des aurores boréales. De nouveau, après des contacts 

Sorties de territoire

La Belgique ne connaît pas, en matière de design, de figures stars comme Philippe Starck, en France. « C’est que nous sommes modestes », dit Leslie Lombard, chargée de projets à Wallonie-Bruxelles Design Mode. Nous ne manquons cependant pas de designers talentueux sollicités par des entreprises internationales. Jean-François D’Or, Alain Gilles ou encore Xavier Lust sont des références belges qui ont largement dépassé nos frontières. Cependant, le monde concurrentiel du design est particulièrement dur avec les jeunes professionnels qui peuvent rarement vivre d’un contrat d’édition. « Les entreprises internationales, gérées par des marketeurs, sélectionnent les prototypes de jeunes designers prometteurs et encore peu coûteux pour leur vitrine sur un salon. Si le produit ne suscite pas d’engouement, l’aventure se termine là. Peu d’entreprises prennent des risques », précise Giovanna Massoni. Jimmy De Angelis et Romy Di Donato (voir page 70) en ont fait l’expérience.

Le rôle de Wallonie-Bruxelles Design Mode est d’aider les jeunes talents à participer et à se rendre visibles sur des salons de prestige comme ceux de Milan ou Paris. « Nous les encadrons en amont des manifestations et les préparons à affronter des entreprises confirmées. Sur place, nous les soutenons tant du point de vue logistique, communicationnel que commercial. Les premières expériences professionnelles ne sont pas simples.» (Leslie Lombard)

 Lucie Vanroy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Renaat Nijs Media

Enfance : sirène au fil de la Meuse, entre Huy et Liège.

Études : architecture d’intérieur à Saint-Luc (Liège).

Métier : ecodesigner de mobilier et de luminaires.

Allumage : la création d’un luminaire à l’école.

Inspiration : la vie sous toutes ses formes.

Graal : à la recherche d’un accomplissement perpétuel - no end !

Site : lvcreations.be

 Face A 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un luminaire sur pied dont Lucie a dessiné le piètement et l’abat-jour en feuille de bois récupéré.

Face B

Avec Lucie, on plonge dans l’univers du réemploi de matériaux non nécessairement générés par son processus créatif. Lucie chine, fouille les encombrants dans la rue, démonte des cheminées en marbre ou récupère les plans d’architectes sur papier calque huilé. Tout est bon pour créer du neuf avec de l’ancien. « En face B, je dévoile, en vrac, ma matière brute et le processus, toujours identique, de mon travail qui est de proposer des pièces uniques ou fabriquées en très petites séries à partir de « déchets » ou chutes nobles. Je transforme le moins possible la matière. Je ne casse pas un meuble pour récupérer des pièces. Au contraire, j’utilise des pièces déjà en morceaux pour les assembler de manière originale, comme un puzzle où s’emboîtent parfaitement des pièces qui n’étaient pas faites pour être ensemble au départ. »

 

Designwithgenius alias Jean-François Bodson et Sébastien Deville

© Jeremy Tilman

 Jeunesse : ont bien bourlingué pour se retrouver à Liège et ne plus se quitter.

Études : architecture à Saint-Luc (Liège).

Métier : ecodesigners d’objets et de surface, scénographes & ébénistes.

Allumage : du bois sec à recycler.

Mentor : l’architecte suisse Peter Zumthor, « un dieu ».

Blason : les lettres dwg de l’extension du logiciel de dessin informatique.

Graal : pousser l’éthique du réemploi au maximum.

Site : designwithgenius.be

 Face A

Des sous-verres en bois, résultat d’un travail de réflexion sur la récupération de chutes de bois.

 

 

 

 

 

 

 

 

Face B

Le travail de designer est un processus qui consomme énormément de matières. « L’atelier où nous usinons nos matières premières est rempli de chutes de bois qui est notre matériau de prédilection. Et, parce que nous avons cette éthique liée au réemploi, nous ne voulons rien gaspiller ». Que faire avec ces restes qui puissent correspondre à des besoins ? « Nous avons développé un outil pour compresser ces chutes et les débiter comme de gros saucissons duquel on sortirait des tranches pour faire des sous-verres en bois ».

L'invité d'honneur

En exclusivité, Reciprocity accueille une exposition majeure, Confessions, coproduite par Fabrica, centre de recherche international en communication sociale, et animée par des designers, architectes, graphistes, photographes et vidéomakers. « Confessions » exhibe les autoportraits de jeunes talents créatifs qui, dans un geste  ’humilité, se sont mis à nu. 

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