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Par Carole Depasse
A l’heure où nous réfléchissons sur nos modes de consommation alimentaire, l’usage du vêtement et des objets textiles en général devrait nous interpeller alors que l’industrie de la mode est une des plus polluantes au monde après le pétrole. Rencontre avec une designer végétale.
Enfance : un pied à Liège, un pied en Italie.
Études : RAS, un parcours classique de designer industriel à Saint-Luc (Liège).
Allumage : un papa tailleur.
Blason : une plante de cannabis.
Descendance : Marie-Jeanne, une belle plante aussi.
Graal : participer au Salon du Design à Milan - c’est fait !
Site : www.romydesignstudio.com
Chanvre, lin, rotin, paille, corde, fil d’algues, aiguilles de pin, racines, cheveux... Une jeune génération d’éco-designers s’interroge sur l’utilisation de matières premières respectueuses de la nature. Parmi elle, Romy Di Donato. Comme les sept autres designers liégeois dont le parcours sera exposé lors de l’exposition « Face A – Face B » à la Design Station, Romy a un itinéraire en dents de scie. Ça monte, ça descend. Ça avance. Après de faux espoirs d’édition, Romy a ouvert à Liège une boutique, « Marie-Jeanne » – clin d’œil malicieux au chanvre récréatif, plus connu sous le nom de cannabis ou marijuana –, dans laquelle elle décline un chanvre bio en objets, textiles, cosmétiques et produits alimentaires dont certains peuvent être dégustés (graines en salades, farine en gâteaux, protéines en burgers végan) dans le coin gourmand du magasin.
« Le monde de l’industrie n’est pas celui où je me sens en accord avec moi-même et les objets que je dessine. Poursuivre mon parcours de designer en travaillant sur un matériau naturel et écologique, qui pousse partout, facilement, sans déforester, là je me retrouve ». Une collaboration avec « Fleur de Lice », tisserande éco-responsable à Malmedy, pour la production d’un sac à dos en fils de chanvre est sur le métier.
« La formation en ecodesign devrait être la base de toute formation en design. Nous vivons dans une époque où le gaspillage n’est plus supportable. Je pense qu’un designer responsable intègre la contrainte écologique dans son processus créatif ; il réfléchit à ne pas injecter un objet inutile dans l’environnement. L’ecodesign est avant tout une attitude ». (Giovanna Massoni)
Tisser n’est pas fumer
En Face B, Romy brise les idées reçues sur le chanvre, un matériau décrié en raison de ses liens avec le cannabis. Or, le chanvre industriel n’est pas le chanvre récréatif, il contient peu de THC (tétrahydrocannabinol), principal constituant psychoactif. « Les visiteurs découvrent notamment une matériothèque du chanvre, les protopypes issus de mes recherches faites d’essais et d’erreurs, ainsi qu’une photographie de la chaise en chanvre du designer Philippe Starck ».