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Par Jean-Pierre Ducastelle
Cité riche de son monastère fondé par Saint-Remacle en 650, le carnaval y est célébré depuis fort longtemps. Les premières attestations remontent aux interdictions du début du XVIIIe siècle.
Heureusement, le carnaval a largement survécu au mandement du prieuré de l’abbaye daté du 12 février 1706 qui interdisait les mascarades. Il est donc vraisemblablement antérieur à cette mesure.
La célébration du rituel se déroulait autrefois pendant les Jours Gras mais elle a été déplacée à la mi-carême (Laetare) au début du XX e siècle. Le dimanche, un cortège crée une animation exceptionnelle en ville, avec les fanfares locales costumées, des chars et des groupes colorés, venus de l’extérieur.
Les Blancs Moussis sont les principaux acteurs du cortège. Ils sont vêtus de blanc, à l’origine un drap de lit et un oreiller, et portent un masque avec un long nez rouge en forme de carotte. La vessie de porc gonflée est leur arme favorite mais ils manient aussi un balai et agitent des poissons saurs tendus au bout d’une perche. Ils promènent dans le cortège un char-soufflerie qui propulse des quantités de confettis. Avec leur balai, il maintiennent ouvertes les fenêtres des maisons pour y lancer leurs projectiles. Des géants, Alonso Cafébar et Mis au Ginn, contribuent aussi à enrichir le défilé. Leurs groupes parcourent le cortège en tous sens en taquinant les spectateurs. Ils affichent des placards satyriques à l’adresse de leurs concitoyens sur les façades des habitations.
Les Blancs Moussis ont constitué une confrérie en 1950 qui intronise chaque année des Chevaliers Blancs Moussis honoris causa. Sur la base d’une légende, ils ont célébré en 1952 leur 450e anniversaire.
La Légende des Blancs Moussis
« À la fin du Moyen Âge, la stricte discipline monacale subit un relâchement… Les religieux de Stavelot n’échappèrent pas à la pernicieuse contagion et l’on raconte que quantité de moines se mêlèrent fréquemment à la foule lors de certaines réjouissances païennes, comme le carnaval ou lors de certaines festivités ayant un caractère mi-sacré, mi-profane… Ayant eu connaissance des joyeux et sans doute trop spectaculaires exploits accomplis par ses moines, le prince-abbé Guillaume de Manderscheid se serait vu dans l’obligation en 1499 de prendre de sévères sanctions à leur égard. Celles-ci produisirent-elles les effets escomptés ? Ce n’est pas certain. Quoiqu’il en soit, de nouvelles interdictions sont édictées en 1502… Elles visent tous les Stavelotains dont l’esprit ingénieux semble avoir conçu un travesti rappelant, tant par la coupe que par la couleur, la bure monacale. À partir de 1502, ce travesti est délaissé…Les Stavelotains le remplacent par une autre tenue, blanche cette fois, mais encore assez semblable au costume monacal…On prétend que plusieurs moines continuèrent à se mêler à la foule, endossant le travesti et portant le masque… ». Mais tout est inventé pour donner plus d’ancienneté à la manifestation qui aurait plus d’un demi-millénaire*.
(*) Cette tradition est rapportée par Walter FOSTIER dans son Folklore Vivant paru en 1960 (Tome 1, pages 27-29).
Renseignements:
Carnaval des Blancs-Moussis
Du 14 au 16 mars 2015