- La Route de la Bière
Par Marc Vanel
un terroir à boire
© Marc Vanel
Depuis quelques mois, une micro-brasserie est venue enrichir l’offre touristique et gastronomique de la famille Boreux à Rochehaut, non loin de Bouillon. Elle est dirigée par Arnaud Boreux, qui incarne la troisième génération.
La destination est appréciée des cyclistes et des randonneurs, surtout de ceux et celles venus du nord du pays : le village de Rochehaut offre un magnifique point de vue à 180° sur le village de Frahan, au milieu d’une boucle de la Semois autrefois célèbre pour ses plantations de tabac. C’est l’un des plus beaux paysages de Wallonie et il mérite son titre.
Pour accueillir les touristes, la famille Boreux a développé, depuis les années 50, une offre articulée autour de l’Auberge de Rochehaut composée aujourd’hui de quatre restaurants, de quatre hôtels totalisant 70 chambres et dix gîtes permettent d’accueillir un large public chaque semaine. Le tout est complété par un parc animalier de 40 hectares que l’on parcourt en petit train touristique, une mini-ferme didactique, un musée vivant de l’agriculture (l’Agri-Musée), un vignoble et, depuis octobre 2019, la Brasserie de Rochehaut.
Deux ans de gestation
En réalité, c’est bien plus qu’une micro-brasserie, c’est la refonte totale d’une partie des activités de la famille. « Avec mes parents, explique Arnaud Boreux, nous avons créé une nouvelle société, Rochehaut Attractions, qui comprend la brasserie, un nouveau restaurant, l’Angus Grill, la plaine de jeux, le parc animalier et l’Agri-Musée. Initialement, je voulais reprendre le parc animalier qui est un des satellites de l’Auberge, mais il fallait une activité complémentaire pour le relancer. La brasserie en est aujourd’hui le moteur principal. »
Deux années ont été nécessaires à la concrétisation de ce second pôle d’activités. Un an pour les appels d’offres et un an pour la construction de cette nouvelle extension. Quasiment un exploit et un investissement finalement modéré en regard de la réalisation finale : 2,5 millions d’euros pour le bâtiment principal (brasserie et restaurant), la plaine de jeux et une micro-ferme pour les enfants, 300 à 350.000 euros pour le matériel de la salle de brassage et 200.000 pour la ligne d’embouteillage et d’enfûtage (mise en fûts).
La Brasserie de Rochehaut se veut sans secrets : la salle de brassage est intégrée dans le restaurant, en toute transparence, et chacun peut venir poser ses questions.
Des casseroles aux cuves
« Mon père avait ce projet en tête depuis plusieurs années, explique Arnaud Boreux. Pendant plus de vingt ans, nous avons fait brasser par Caulier, à Péruwelz, la « Cuvée de Rochehaut ». Cette bière était brassée exclusivement pour nous, mais nous avons eu envie de créer notre propre micro-brasserie. Mon père et moi, nous sommes allés voir ce qui se faisait ailleurs et cela m’a directement intéressé. L’ambiance que l’on trouve dans ces micro-brasseries est vraiment passionnante. Pendant le montage du projet, j’ai suivi une formation en micro-brasserie à l’IFAPME de Liège où donnait cours Jean-Christophe Larsimont, docteur en biochimie, qui m’a accompagné sur le terrain pour tout mettre en route. J’avais fait quelques essais de recettes chez moi dans des casseroles, mais tout a été rééquilibré ici grâce à son expertise. Notre bière doit être aussi bonne, sinon meilleure que la Cuvée de Rochehaut. »
Un départ sur les chapeaux de roue
La Brasserie de Rochehaut se veut sans secrets : la salle de brassage est intégrée dans le restaurant, en toute transparence, et chacun peut venir poser ses questions. Un circuit en cinq étapes permet en effet de suivre l’ensemble du processus, de la fermentation à la mise en bouteille, sur les deux niveaux du bâtiment.
« Anciennement, nous faisions produire 600 hectolitres par an. Ici, après neuf mois, nous avons déjà dépassé les 2.000 hl, confie le micro-brasseur qui avoue ne pas avoir pensé démarrer ainsi sur les chapeaux de roues. L’essentiel se vend ici, mais nous sommes aussi présents un peu partout dans la région, ainsi qu’au Grand-Duché proche. C’est très motivant. Nous n’allons toutefois pas grandir tout de suite, mais plutôt acquérir une centrifugeuse qui nous permettra de gagner deux semaines de garde dans le processus et de doubler la production. Mais cela ne changera rien à la bière, il faut que l’on garde une régularité. Dans le vin, on tolère des variations d’un millésime à l’autre, mais pas dans la bière. »
© Marc Vanel
La gamme Rochehaut
• La Pils : une bière fraîche, riche en goûts, très florale.
• La Blonde : peu d’alcool, simple et efficace avec d’agréables arômes d’agrumes.
• La Triple blonde : relevée par un mélange de coriandre et de zeste d’orange. Epicée et désaltérante.
• L’Ambrée : légèrement sucrée, notes puissantes de caramel et de fruits confits.
• La Brune : une séduisante combinaison de grains touraillés et de sucre candi. Surprenantes notes de poire cuite, de café et de chocolat. Coup de cœur !
• Fruits rouges : à base de jus de cerise, de framboise et de myrtille. Durant l’été seulement.
• IPA : une bière à base de houblon américain, plutôt amère, à la robe trouble évoquant une bière blanche, mais avec de fortes notes de citron vert. Un peu atypique.
Brasserie de Rochehaut
Rue du Palis 85
B-6830 Rochehaut
+32 (0) 61 86 03 66