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© Automobiles Gillet SA

Tony Gillet
le magicien des circuits

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Namur  / Gembloux

Par Jean Fauxbert

Tony Gillet n’est pas homme à regarder dans le rétroviseur ! Sorte de « Géotrouvetout » de l’automobile, ce designer automobile construit depuis vingt ans des voitures exclusives et uniques… les Vertigo !

On vous invite tout de même à le donner, ce petit coup d’oeil dans le rétro, parce qu’il se pourrait bien que notre homme – atypique dans le milieu des constructeurs automobiles – soit le descendant d’une longue lignée ! La Belgique, et spécialement la Wallonie, est en effet étroitement liée à l’histoire de l’automobile. C’est bien simple, le premier moteur à explosion a été créé en 1859 par un Belge, Etienne Lenoir, natif de Mussy-la-ville (Musson). Plus tard, en 1899, ce sera encore un Belge, Camille Jenatzy, qui le premier franchira la barre des 100 km/h à bord de sa fameuse « Jamais Contente » ! Il sera également le premier à dépasser les 200 km/h à Ostende, en 1909. À cette époque, la Belgique comptait une quarantaine de constructeurs dont les marques les plus connues sont FN, Springuel, Excelsior, Nagant, Minerva ou Imperia. Tony Gillet est le digne successeur de ces aventuriers de l’histoire automobile !

Depuis plus de quarante ans, sa vie est axée autour d’un seul but : construire sa propre voiture. Une magnifique aventure dont les embûches ont renforcé la force de création d’un constructeur hors du commun ! Sa devise ? « Chaque fois qu’on m’a dit que ce n’était pas possible – et c’est arrivé souvent ! – j’y mettais deux fois plus d’énergie. Et ça marche ! »

Une Renault 4L « de course »

L’atelier des Isnes (entre Namur et Gembloux) où Tony Gillet construit, prépare ou transforme ses voitures ressemble à s’y méprendre à son propriétaire, passionné par tout ce qui roule et sous toutes formes. On y trouve une splendide Mc Laren en transformation, une ancienne et superbe voiture italienne des années 60, un vieux Messerschmitt à trois roues, un flat-twin BWM GS qu’on dirait sorti à l’instant d’une étape spéciale du Paris-Dakar... Et puis, bichonnée par plusieurs mécaniciens, une magnifique Vertigo noire mate qui s’apprête à « donner de la voix » aux mains de son propriétaire !

« Je ne sais même pas combien de courses j’ai faites, ni sur combien de circuits j’ai roulé ! Depuis plus de 40 ans, tu penses... »


Tony Gillet nous reçoit dans son petit bureau, à l’étage, entre deux coups de fil : « Sorry, mais je dois livrer une voiture et puis je réceptionne aussi une Ferrari », prévient le patron ! Mais quelle passion anime cet homme : la construction, la course, la mécanique ? « Fondamentalement, c’est la vitesse et la compétition, avoue le sexagénaire. J’ai toujours voulu aller vite, aimé aussi ce qui allait vite ! Et puis j’ai toujours été passionné par la mécanique au sens large ! » Et qu’est-ce qui va vite lorsqu’on est jeune et qu’on démarre dans la vie ? À l’époque, ce fut une Renault 4L avec laquelle le jeune Tony va s’essayer en rallyes provinciaux. « Bien que n’étant pas mécanicien, je la préparais moi-même ! » L’appétit venant en mangeant, l’ambition du jeune (et doué) pilote grandit, à telle enseigne que, rapidement, lui vint à l’esprit de relever des défis peu courants. C’est ainsi que Tony Gillet se fit vraiment connaître dans les milieux de la compétition belge pour être le premier à aligner en courses de côte une véritable Formule 2, sous la forme de l’ancienne voiture que le Français et futur pilote de F1 Jean-Pierre Jabouille avait menée au titre fin des années 80.

Parallèlement, ce Namurois originaire de Bouillon importait et assemblait des Donkervoort, drôles de petites voitures hollandaises dont les roues extérieures à la carrosserie les faisaient ressembler à d’anciennes voitures de course. « Mais mon rêve, mon vrai rêve, assène le constructeur, a toujours été de construire ma propre voiture. J’ai peut-être mis vingt ans à y arriver, mais j’y suis arrivé ! » En une dizaine d’années, Tony Gillet a non seulement conçu mais également vendu une trentaine de Vertigo, dont la 5e version vient de sortir. Pour parvenir à ce succès qui lui permet de faire vivre une dizaine de personnes dans son atelier, il a procédé par paliers. « J’étais connu dans le milieu de la compétition, bien sûr, mais aussi pour la transformation de véhicules. Puis je me suis spécialisé dans le traitement de la fibre de carbone, ayant été le premier en Belgique à réaliser une voiture dotée d’une telle coque. » Et progressivement, ce sémillant touche-àtout a acquis toutes les compétences nécessaires à la construction complète d’un véhicule. « Je voulais une voiture exclusive, proche de la compétition mais pouvant rouler tous les jours et que je puisse construire entièrement dans mes ateliers. Hormis le moteur, la boîte et le pont, tout est fabriqué ici ! »

 « Je voulais une voiture exclusive, proche de la compétition mais pouvant rouler tous les jours et que je puisse construire entièrement dans mes ateliers. Hormis le moteur, la boîte et le pont, tout est fabriqué ici ! »


Un nouveau modèle, la VDS !

Les clients de Tony Gillet sont des personnes aisées et discrètes. Le constructeur n’en parle pas trop. On saura juste que Johnny Halliday en a conduit une, que le Roi Albert II l’a essayée et qu’Albert de Monaco a ouvert le circuit de F1 à son bord lors d’un Grand Prix ! De toute façon, sa tête est aujourd’hui ailleurs. Il vient de construire, pour le compte du Comte van der Straeten et de son team VDS, un tout nouveau bolide qui rugira aussi bien en compétition qu’en version routière. « C’est encore un nouveau défi ! Il m’avait demandé d’envisager une voiture un peu à l’américaine, entre la Mustang et la Corvette. Elle est équipée d’un moteur Maserati de plus de 400 CV .... Cela devrait être sympa ! » La construction d’une vingtaine d’exemplaires est envisagée dans les années à venir. Dans le même temps, Tony Gillet continuera d’assurer les entretiens et préparations de prototypes divers, de restaurer d’autres voitures exclusives ou d’inventer différents systèmes adaptés à leurs pilotes, tel cet exemplaire dont il a aménagé les commandes pour permettre à Philippe Streiff, pilote de F1, paraplégique à la suite d’un grave accident de course, de piloter sa propre Vertigo !

À 67 ans, Tony Gillet n’a certes pas fini d’étonner ni d’inventer. La suite ? « Peut-être trouver quelqu’un pour m’assister. Ce qui me permettra de me plonger dans mes vignes, dans la Loire... » La viticulture, une autre passion familiale. « Un membre de ma famille qui habite dans cette région a eu le premier prix des vins blancs de Loire ! » Décidément, chez les Gillet, lorsqu’on touche à quelque chose, c’est toujours pour le meilleur !

 

Renseignements

Automobiles Gillet
Parc Créalys
Rue Saucin, 84
B-5032 Gembloux
+32 (0)81 56 84 44
info@gilletvertigo.com
www.gilletvertigo.com

 

Le « transformer » du circuit

Tony Gillet a un palmarès qui ressemble à l’arborescence d’un site web. Ça va dans tous les sens ! C’est que le bouillant Ardennais a quelque chose d’un touche-à-tout génial. Tant qu’il y a un lien avec la mécanique, ça marche ! Il a ainsi un palmarès de « transformer » avant la lettre : pilote, champion, constructeur, recordman, concepteur… Bref, Tony Gillet se sent bien partout... tant que c’est dans son secteur-passion !

Pour preuves, depuis ses débuts enregistrés en 1968, décidément année de tous les défis :
• 1968 : débuts en rallyes provinciaux aux volants d’une Renault 4 CV transformée par ses soins ;
• 1975-1978 : saisons durant lesquelles il aligne les victoires avec, déjà, une voiture particulière (la Viaene) engagée en catégorie Prototype ;
• 1979 : premier pilote à engager une F2 en Courses de Côte (une Renault-Elf ex J-P Jabouille), Tony Gillet est Champion de Belgique toutes catégories ;
• 1980 : 2e titre de Champion de Belgique – Courses de Côte – Coupe du Roi des 24h de Francorchamps au volant d’une VW ;
• 1982 - 1987 : construction et transformations de prototypes, essentiellement pour le Rallye Paris-Dakar (Toyota, Mercedes...) ;
• 1990 : record du monde d’accélération (0 – 100 km/h) au volant d’une Donkervoort ;
• 1991 : conception et réalisation de la première Gillet - Vertigo ;
• 1994 : nouveau record du monde d’accélération (0-100 km/h) au volant de la Vertigo ; présentation de la voiture à S.M. le Roi Albert II , au Palais Royal ;
• 1999 : préparation de la voiture (Mercedes) utilisée par le Prince Philippe à l’occasion de son mariage avec Mathilde d’Udekem d’Acoz – Réalisation d’une bulle en verre demeurée célèbre dans le gotha ;
• 2000 : fan de la Vertigo, le pilote de F1 Philippe Streiff est sorti handicapé d’un très grave accident en course. Tony Gillet conçoit pour lui une Vertigo adaptée ! ;
• 2001 : création du Team Belgian Racing qui engage des Gillet-Vertigo en compétition – catégorie FIA-GT – 2 titres ! ;
• 2002 : présentation de la Vertigo version routière au Salon de l’Auto de Bruxelles
• 2010 : 5e version de la Vertigo ;
• 2012 : création et présentation de la VDS – 001 modèles course et routière !

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