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Belga Films

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Brabant wallon

Par Waw

Plein écran

Alors que les avancées technologiques bouleversent les modes de consommation du cinéma, Belga Films, un des distributeurs de référence sur le marché belge, décide de diversifier sa stratégie pour être présent à tous les niveaux, de la chaîne, de la production à l’exploitation.

Figure incontournable du paysage cinématographique belge, Belga Films reste peu connu du grand public. On ne peut pas en dire autant des films que le distributeur a amenés sur les écrans de salles de cinéma, de télévisions ou de tablettes. Hunger Games, la saga Twilight, 12 years a slave, La Marche, Les trois frères, le retour, sont quelques-uns des titres qui ont bénéficié de l’expérience de la société active en Belgique depuis 1937. Au cours de sa déjà longue existence, elle a connu plusieurs vies, intégrant pour une dizaine d’années le groupe RTL, pour redevenir aujourd’hui propriété d’actionnaires privés parmi lesquels la SRIW (Société régionale d’Investissement de Wallonie) possède 10 %.

Installée depuis trois ans dans le Parc de l’Alliance à Braine-l’Alleud, Belga Films y a rassemblé l’ensemble de son personnel, soit une trentaine de personnes, dans un seul bâtiment qui est aussi un havre de paix. « On voyage beaucoup et quand on revient, c’est agréable d’y travailler au calme », glisse Jérôme de Béthune, directeur général. En Belgique, Belga Films occupe une position de leader parmi les distributeurs indépendants. En 2012, l’entreprise avait acquis 14 % de parts de marché face aux poids lourds que sont les Warner, Sony et Disney. Un beau résultat qu’il doit aux partenariats privilégiés avec Lionsgate et Summit, à l’international, ou EuropaCorp, StudioCanal et Gaumont. La vraie valeur de la société repose sur son catalogue dont les droits sont négociés pour une période de 15 ans. Le catalogue vidéo est riche quant à lui de plus de 3500 titres et la société est aujourd’hui active dans la représentation de catalogue pour le marché numérique, notamment via iTunes. Avec la sortie d’environ 25 films par an, savant équilibre de blockbusters assaisonnés de quelques films plus pointus, Belga Films se doit d’être rigoureuse dans sa sélection. Quand on sait que 80 % du chiffre se concentrent sur 20 % des films, qui coûtentpar ailleurs de plus en plus cher, la pression s’accentue. « Chaque film reste un pari, et il faut se décider parfois très rapidement. Nos achats sont négociés deux ans à l’avance sur base du scénario. Il y a donc une part de flair et de subjectivité que nous assumons. »

Régulièrement, des propos alarmistes font état d’une désaffection pour les salles de cinéma au profit du cocon domestique et des diffusions numériques. Jérôme de Béthune n’y croit pas. « Le cinéma est une expérience collective irremplaçable qui bénéficie d’une qualité d’image et de son impossible à reproduire chez soi. Sur la durée, on constate que le marché est assez stable. Il y a 7 ou 8 ans, lorsque je travaillais pour le groupe RTL, des experts nous prédisaient la fin de la télé en clair. On voit ce qu’il en est aujourd’hui avec des audiences en progression et une fragmentation numérique qui n’a pas réellement fragilisé les médias dits traditionnels. La consommation a changé, mais je n’ai aucune crainte pour l’avenir du cinéma en salle. Les différents supports ne s’opposent pas, ils s’additionnent. » À titre d’exemple, il cite le succès de Hunger Games en VOD (Vidéo à la demande) qui n’a pas diminué la vente des DVD. « Il y a des complémentarités à aller chercher en restant attentif aux souhaits des différents types de consommateurs. »

Encore et toujours, le cinéma a besoin de succès pour exister, et le succès demande de la visibilité. « On travaille énormément sur le marketing et on essaie de créer de l’évène- ment comme lorsqu’on a fait venir le casting de Twilight en Belgique. » Signe de l’importance qu’il accorde à la promo- tion, c’est une ancienne responsable de Warner Benelux qui s’occupe du marketing et de la sortie des films.

Pour consolider sa position dans la distribution, Belga Films a senti qu’il était temps d’amorcer un développe- ment stratégique pour être présent à tous les niveaux de

la chaîne. En 2011, une association avec le producteur belge Climax Films donnait naissance à Belga Studio, une structure souple pour produire des films en langue anglaise avec un casting international, destinés au marché mondial. « On est encore en phase de développement et de pré-production, mais à terme, on a l’intention de sortir deux ou trois films par an en utilisant des talents locaux ou des pres- tataires locaux en s’appuyant notamment sur l’outil financier du tax shelter. » L’association avec Gabriel Alloing dans The Right Music (voir ci-dessus) est une autre manière de diversifier et d’enrichir les activités de production. « Nous sommes tous deux entrepreneurs, nous nous sommes associés pour développer un service encore peu présent sur le marché en Belgique. La gestion des droits musicaux est aujourd’hui de plus en plus compliquée. Il y a donc là une vraie valeur ajoutée. »

Dernier élément d’intégration ; l’écran de cinéma. La société saute le pas avec la construction d’un complexe multisalles du côté de Liège qui ne pourra qu’élargir l’éventail de salles au sud du pays.

Le marché belge est petit mais sa spécificité en fait un territoire test idéal. Mouchoir de poche au carrefour de l’Europe, il rassemble des cultures et des sensibilités différentes. Déjà actif dans la partie flamande du pays, Belga Films s’étend sur un autre marché spécifique, les Pays-Bas, grâce à une participation à 50 % dans Independent Films. « Quand on a travaillé dans le Benelux, on peut travailler dans le monde entier », conclut Jérôme de Béthune avec un sourire confiant.

www.belgafilms.be

EN AVANT LA MUSIQUE !

Rarement, voire jamais vu au crédit d’un film belge, mais cependant en bonne place dans le générique des productions internationales, apparaît souvent le titre de Music Supervising. Doit-on y voir un de ces titres ronflants dont les grands studios ont le secret ? Cela indique plutôt la maîtrise d’une des composantes essentielles du film que le réalisateur n’est pas toujours préparé à assurer de manière optimale. Les choses pourraient bien évoluer avec The Right Music, une société de service que vient de lancer Gabriel Alloing, metteur en scène, producteur de spectacles et programmateur de la ferme du Biéreau depuis 6 ans. « Le monde de l’audiovisuel et celui de la musique se connaissent mal. Négocier des contrats de synchronisation avec des producteurs, coordonner un enregistrement aux meilleures conditions, ou suggérer des choix mieux adaptés, c’est un vrai métier », avance-t-il. Les habitudes et les pratiques du cinéma d’auteur font du réalisateur le démiurge dont on attend tout parce qu’il serait compétent dans tous les domaines. Le constat est là ; c’est dans la dernière ligne droite que l’on s’occupe de la musique dans une fenêtre de temps qui rend les négociations plus serrées et laisse peu d’opportunités pour un éventuel plan B. « L’idée n’est pas de décider à la place du réalisateur ou du producteur, mais plutôt de les accompagner le plus tôt possible avec un know-how qu’ils n’ont pas. » The Right Music entend également valoriser des artistes de chez nous. L’aventure du Brussels Philarmonics à Hollywood avec la partition de The Artist montre que rien n’est impossible. Ce nouveau service ne devrait pas grever le budget du film, bien au contraire. « Les dépenses seront compensées par les gains qui découlent de négociations menées dans de meilleures conditions. Et, en outre, dans un certain nombre de cas, la production et l’édition de la musique pourront aussi, grâce au tax shelter, déboucher sur une réduction des dépenses. » Des partenariats avec le monde du cinéma, comme celui avec Belga Studio, ne pourront que renforcer l’impact de ce nouveau service et allonger quelque peu les génériques.

The Right Music va notamment prendre en charge l’ensemble des aspects musicaux du prochain film de Jaco Van Dormael, Le tout nouveau testament.

www.therightmusic.be

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