Waw magazine

Waw magazine

Menu

HÉLÈNE DELCOMMUNE Plonger sur mesure

  • Portrait
Luxembourg  / PORCHERESSE

Par Mélanie Noiret

Blonde et dorée, elle sillonne les océans et les mers du monde entier… Rassurez-vous, nous n’entamons pas ici le récit d’une petite sirène qui rencontrerait le prince charmant. Hélène Delcommune, si elle est bien blonde et dorée, se porte très bien sur ses deux jambes qu’elle ne doit à aucun enchantement. Hélène a depuis longtemps abandonné le mignon bandeau de coquillage et la troublante queue de poisson pour une sombre combinaison de plongée. Depuis 25 ans, elle s’immerge insatiablement dans toutes les eaux du globe jusqu’à atteindre le chiffre impressionnant de 10 000 plongées à son actif. Mais insatiable ne veut pas dire avide. Si sa passion pour ce sport est jusqu’à présent indéfectible, Hélène Delcommune s’est dès le début refusé toute gloutonnerie. À quoi bon nager dans des eaux dont le biotope est mort, pour ainsi dire dévoré par l’incommensurable voracité humaine ? Hélène Delcommune, à travers les multiples structures qu’elle a créées, travaille sans relâche à escamoter cette tendance.

L’addiction

Presque littérallement bercée par les aventures du commandant Jacques Cousteau, Hélène a longtemps désiré connaître par elle-même ce qu’il y avait « en dessous ». Une litanie insistante qui amène ses parents à lui offrir son baptême de plongée. « J’ai détesté cette expérience, explique- t-elle. Quand ce fut terminé, pour moi, cela pouvait parfaitement se terminer là. Mais à peine sortie de l’eau, mes parents m’ont appris qu’ils m’avaient déjà inscrite aux cours, et j’ai été obligée de les suivre. Au début, c’était horrible. On a fait des plongées ici en Bretagne. Il faisait froid et gris. J’ai tout de suite compris que, décidément, ce type de plongée, dans un tel environnement, ce n’était pas pour moi. Mais par la force des choses, j’ai fini par accrocher, et j’ai voyagé pour plonger. C’est devenu une véritable passion, une forme d’addiction. » Rien d’inhabituel en soi selon elle : « Vous pouvez demander à tous les pratiquants. La plongée est un sport qui devient vite obcessionnel. Une fois qu’on a commencé, c’est quelque chose qu’on veut faire tout le temps. À tel point que je recommande aux couples de pratiquer ensemble. Si un seul des deux pratique et qu’ils partent en vacances, celui qui fait de la plongée voudra dépenser la majeure partie de son temps dans cette activité. C’est systématique, et cela peut frustrer le conjoint. » Hélène, en grande adepte, déchiffre aisément les raisons de cette dépendance. « Quand on est sous l’eau, on est en apesanteur. On ne sent plus rien, on est léger. En soi, il ne se passe rien. Je dis souvent que c’est le sport le plus fainéant, et paradoxalement, il très complet et demande une action de toutes les parties du corps. » Elle ajoute « Les aspects aventure et découverte sont évidemment très importants. Un plongeur veut toujours aller plus loin, plus profond, cherche sans cesse à dépasser ses limites mais aussi celles dictées par le sport lui-même. La plongée est un sport bourré d’interdits que les plongeurs cherchent quasiment systématiquement à outrepasser. Et puis, tous les océans du monde sont différents les uns des autres. C’est fascinant cette multitude d’univers. Tous les 100 mètres, vous pouvez découvrir quelque chose de totalement différent. » Et c’est tout en pratiquant sa passion, et surtout en la transmettant depuis douze ans, qu’Hélène travaille pour ainsi dire au corps le gargantua touristique.

La révolte

Hélène est une militante du tourisme « propre ». Une autre passion qui l’a prise très tôt, dès son entrée à 21 ans comme fonctionnaire au service du tourisme du Luxembourg. « J’ai horreur des touristes, du moins de ceux qui ne respectent rien, les irresponsables qui viennent, consomment sans réfléchir et repartent. Ceux qui se foutent de tout. J’ai toujours pensé qu’il était nécessaire de se responsabiliser et de penser un tourisme durable. À ma petite échelle locale, j’ai tenté de faire évoluer les choses, de proposer des projets de tourisme responsable. Pas simple à l’époque, dans les années 90. J’étais le punching-ball entre les associations, les parcs naturels, l’administration… » À la fin d’un congé de maternité d’un an, la jeune femme part seule en Égypte, à Hurghada, pour plonger, évidemment. « Une voyage révélateur. » Elle démissionne dès son premier jour de rentrée et entame une formation pour devenir instructrice professionnelle de plongée. Son parcours est alors ponctué de stations plus ou moins longues dans des centres de plongée, en Égypte, à Dubaï, en République Dominicaine, à Abou Dabi… « Je ne donnais que des cours privés à une clientèle huppée. Mais mes activités tendaient surtout vers le management, le marketing et la communication. J’ai fini par claquer la porte. Ces centres ne pensent qu’au profit, aucunement à l’environnement. J’étais profondément heurtée par ces touristes qui ne respectaient rien. Il faut prendre conscience que nous pouvons détruire le corail quand on plonge. Et la plupart des gens s’en fichent. Je ne voulais plus donner de cours avec les règles des centres, mais avec mes propres règles. » Hélène prend masque et tuba vers de nouvelles aventures, mais à sa manière cette fois.

À la façon d’Hélène

Les lieux favoris d’Hélène sont exempts de toute activité humaine trop invasive, inconsciente de la beauté incommensurable des fonds sous-marins et de leur extrême fragilité. Ni égoïste, ni obsessionnellement solitaire, Hélène souhaite sincèrement partager ces trésors avec ses congénères. Du moins, ceux qui sont prêts à respecter ses règles. La langue vive et franche et une belle dose d’humour en bandoulière, notre instructrice guide avec autorité et bon sens vers cette idée que « la plongée n’est pas un but en soi, mais un moteur pour découvrir l’écosystème d’un lieu, hors des sentiers battus, hors du tourisme de masse destructeur ». Dans ce sens, en quelques années seulement, « Hélène » est devenu une marque pour une certaine pratique de la plongée et du tourisme en général. En 2010, elle fonde Helene Diving Belgium. Le principe : des cours privés et personnalisés, selon l’emploi du temps de l’élève et son lieu de prédilection. Helene Diving Belgium travaille avec 14 piscines privées en Belgique, avec un accès 24h/24 et 7 jours/7. Des cours flexibles et rapides. Véritablement du « sur mesure » en toute sécurité. « Aucune philosophie de club. Il y en a déjà à tous les carrefours en Belgique. » Hélène a, pour la seconder, une équipe d’instructeurs formés par ses soins. À la clé, en seulement quelques jours de formation, une certification à vie valable aux quatre coins du monde. « Au bout d’un an, Helene Diving était devenu le n°2 en Wallonie et à Bruxelles en nombre de certifications. (NDLR : le nombre de personnes ayant obtenu leur « brevet » de plongée). Et on a été le premier centre de plongée belge à obtenir l’Award écologique ! » Outre les cours particuliers en piscine, Helene Diving Belgium, c’est aussi des propositions de voyages « de plongée » façon durable, sur des sites uniques. Sur sa lancée et forte de son succès belge, Hélène crée Helene Diving Sinaï en 2013. Un centre basé sur deux sites égyptiens, Nuweiba (Mer Rouge) et Abu Galum (Golfe d’Aqaba). Ils ont en commun d’avoir conservé leur authenticité et des récifs en bonne santé. Dans sa logique de préservation de l’environnement, Hélène n’encourage évidemment pas les foules à la suivre. Seulement de petits groupes de six ou huit personnes à qui elle, ou un de ses instructeurs, apprendra comment profiter de ce que la nature offre tout en la respectant et la protégeant. Depuis janvier 2014 existe Helene Travels qui propose des voyages, des safaris, avec plongée dans des endroits encore intouchés, en Italie, au Japon, à Cuba, en Roumanie, en Russie… « Ce ne sont pas des voyages donnés, déclare sincèrement Hélène. Ici, le luxe ne consistera pas à loger dans un cinq étoiles, mais plutôt d’être dans la simplicité et l’intimité d’un séjour dans des lieux exceptionnels et sains, où sont favorisés les échanges avec la population locale. Je pourrais voyager avec cent personnes et diminuer les tarifs, mais alors je ne garantirais plus la préservation de l’environnement ni même le confort de mes clients. Plonger à cent personnes ou plonger à six personnes, je vous garantis que l’atmosphère est différente. Et je ne vous parle même pas de l’impact sur les récifs. » Dans un tout autre registre, Hélène a fondé récemment « Helene Foundation », encore en cours d’élaboration. Durant toutes ces années passées notamment en contact très étroit avec les Bédoins en Égypte, Hélène a pris conscience de l’absence souvent dramatique des connaissances basiques des premiers soins. « Les femmes sont souvent seules avec les enfants. Et quand il survient un accident, ils sont tellement loin de tout que les secours arrivent trop tard, alors que ce serait moins souvent le cas si les premiers soins étaient donnés correctement. Mais elles n’en n’ont aucune connaissance et n’osent rien faire. Avec cette fondation, je souhaite améliorer les chances de survie à travers l’enseignement gratuit des soins de premières urgences à ces femmes. L’objectif étant qu’une femme formée devienne elle-même instructrice pour d’autres, et ainsi de suite. J’ai eu des retours de Médecins Sans Frontières, et ils estiment que cela pourrait être vraiment utile. » Comme pour l’écosystème, la philosophie d’Hélène ne consiste pas tant à réparer les dégâts qu’à les prévenir. « Il faut prendre les problèmes à la base. »

www.helenediving.com

 

HÉLÈNE C’EST…

Helene Diving Belgium
Helene Diving Sinaï
Helene Travels

Des cours de plongée particuliers, flexibles, totalement personnalisés et en toute sécurité, et ce dès l’âge de 8 ans.
Des voyages sur les plus beaux sites préservés du monde avec plongées et visites découvertes authentiques hors des sentiers battus et du tourisme de masse.
Des petits groupes seulement.
La garantie d’un tourisme durable.
La possibilité de commander et de personnaliser un voyage.
Des cours théoriques de plongée en ligne.
La possibilité de réserver un yacht privé basé à Sainte-Lucie (Caraïbes) pour maximum six personnes pour un séjour safari grand luxe.
… et encore beaucoup d’autres choses !

À lire aussi

La Newsletter

Your opinion counts