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Par Muriel Lombaerts
de l’amour dans un pot !
Après un parcours aux multiples virages, l’ex-journaliste Alfonza Salamone s’est lancée dans la commercialisation de confitures.
« La Jolie », c’est un produit belge, gastronomique et artisanal.
Traductrice-interprète de formation, Alfonza Salamone a travaillé dans ce domaine au sein d’une entreprise à l’origine de la création d’un centre culturel. « C’est à cette période que je suis arrivée à la radio, totalement par hasard. J’ai croisé dans le train une personne qui trouvait que j’avais une voix radiophonique. Je suis restée quasi 20 ans en radio, entre la RTBF et RTL ».
En parallèle, cette femme rayonnante créé des bijoux en autodidacte. « A l’époque, c’était ma manière de me ressourcer, d’avoir un espace où je pouvais puiser de l’énergie nouvelle. Puis j’ai eu besoin de me mettre un peu à l’écart, de m’occuper de mes enfants. Ma fille aînée allait commencer ses primaires. Mon mari avait mis sa carrière entre parenthèses pour que je puisse me consacrer à la mienne. Après, j’ai eu envie de retourner à la radio mais cela ne s’est pas fait. Et pour structurer mon activité professionnelle dans les bijoux, j’ai fait des études de commerce à l’ICHEC. Un jour, cependant, la source s’est tarie : je n’avais plus aucune inspiration ! J’ai replongé dans mes amours de jeunesse : la peinture et la cuisine. Je peignais et je cuisinais en alternance. Je mitonnais déjà des confitures avec le surplus de fruits de mon jardin. Nous faisions aussi des échanges avec nos voisins. J’aimais déjà des goûts particuliers comme framboise et potiron dont l’alchimie créé des arômes de rose. J’ai tenté d’autres combinaisons bizarres et je les distribuais gratuitement. Puis, un jour, comme pour les bijoux, des gens ont voulu m’acheter des confitures afin d’être sûrs d’en avoir. Petit à petit, j’ai commencé à réfléchir à cette opportunité de les vendre… »
Des débuts en famille
En parallèle, cette entrepreneuse pétillante s’inscrit dans une école de brasserie. A cette époque, curieuse d’apprendre à fabriquer de la bière, un nom de marque lui vient en tête. Elle l’utilisera finalement pour ses confitures : la Jolie. Pendant ses deux années d’études en brasserie, elle élabore diverses hypothèses pour ses créations. « C’était fin 2017, dans mon village de Thoricourt, dans l’entité de Silly. Dès le départ, j’ai eu le souhait de faire cela correctement et j’ai demandé à l’AFSCA comment procéder. Il était indispensable de ne pas mélanger le privé et le professionnel. Par chance, notre maison permettait de séparer les deux. Nous venions d’aménager une nouvelle cuisine et tout était parfaitement conforme aux normes. Cela nous permettait de ne faire qu’un investissement minimal pour commencer en famille, mon mari, moi et mes enfants. En mars, nous avons déménagé dans le zoning de Ghislenghien et agrandi l’équipe pour la production. »
« L’inspiration me vient en cuisinant, en allant au restaurant, chez le producteur ou à travers les couleurs. Un jour, j’ai tenté de mêler pamplemousse, potimarron et badiane. C’était exceptionnel ! »
Une production responsable
Les fruits proviennent toujours du jardin d’Alfonza élargi au cercle des producteurs locaux. « Nous avons la chance d’avoir un terroir fertile, mais j’utilise aussi quelques fruits exotiques tels que les agrumes. Il y a du citron dans toutes les confitures puisque c’est un agent conservateur naturel. Si ce n’est pas local, la production doit être au moins responsable. Je vais plus loin qu’une simple certification. C’est l’une de mes valeurs intrinsèques : le respect de la toute la chaîne humaine, du producteur jusqu’au consommateur en passant par les collaborateurs, partenaires, sous-traitants, et c’est pareil avec les matières premières. On me pose souvent la question du sucre parce qu’il est blanc, mais c’est du sucre belge. Certes, il est raffiné mais il est fabriqué de manière responsable et j’en utilise très peu : seulement 30 %. »
Pour Alfonza, la confiture, c’est un souvenir d’enfance. « C’est d’abord celle aux cerises du jardin que mon père et ma mère préparaient. L’inspiration me vient en cuisinant, en allant au restaurant, chez le producteur ou à travers les couleurs. Un jour, j’ai tenté de mêler pamplemousse, potimarron et badiane. C’était exceptionnel ! »
Des madeleines de Proust
Le secret de ces confitures gastronomiques, outre le pourcentage élevé en fruits et les associations originales, c’est la fabrication artisanale dans de petits chaudrons où Alfonza prend le temps de cuire ses fruits, avec amour. La Jolie Confiture, elle rêve de la faire voyager : « Ce qui me plaît et ce à quoi je tiens, c’est offrir des petits moments de bonheur. Une personne m’a dit qu’en goûtant ma confiture de rhubarbe et hibiscus elle était remontée 60 ans en arrière avec le souvenir de la confiture de rhubarbe que sa mère faisait. Une autre dame s’est mise à pleurer en goûtant ma confiture de prune parce qu’elle lui rappelait sa grand-mère qui lui manquait tellement. » Très émue, Alfonza ajoute : « J’aimerais que ces madeleines de Proust puissent se propager. D’autres projets viennent se greffer à cette nouvelle entreprise. Mes études en brasserie m’ont amenée à créer une boisson apéritive sans alcool, à base de houblon et de fruits qui sortira au printemps : Hopinade. »