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Par Jean Fauxbert
pour un déjeuner sur l’eau
Il est reconnaissable à son enseigne en forme de grosse boule blanche fixée sur le pont. Le « BelRive », la péniche-restaurant de Gianni Loggia, est amarré au pied de la Citadelle de Namur, à hauteur du Grognon. Et la douceur des bords de Meuse accompagne chacun de ses plats.
Si le « BelRive » fait aujourd’hui partie du paysage namurois, à l’instar de la Citadelle, de l’hospice Saint-Gilles ou des statues de Djoseph et Francwès sur la place d’Armes, ce n’était pas vraiment le cas en 2016 lorsque Gianni Loggia et son associée Agnès Collet ont ouvert ce « restaurant sur fleuve ». De cette façon, ils ont voulu mettre en évidence la douceur et le charme quasi angevins des bords de Meuse. « C’est la raison d’être de cette grosse boule, sourit Gianni. Il fallait attirer le regard des passants par un artifice qui rende la péniche visible depuis le boulevard. »
De Givet à Grasse et au Club Med
Le parcours du patron n’invitait peut-être pas à telle aventure. La famille Loggia, d’origine italienne comme son nom l’indique, s’était historiquement installée à Givet où est né le petit Gianni. Mais, bon… il n’y avait pas assez de soleil « dans le nooord » pour le papa, qui va donc se mettre en devoir de retrouver un climat plus méditerranéen. Sa quête du soleil le conduira à Grasse, la capitale mondiale des parfums nichée entre mer et montagne, où naîtra un café remarquable autant par son nom que par ses caractéristiques, le « Manneken Pis », où seront servies plus de 200 bières, majoritairement belges bien entendu !
Demeuré à Givet, Gianni ira cependant à l’école en Belgique, à Doische. Il rejoindra son père à l’âge de 15 ans et, comme bon sang ne peut mentir, il va entamer des études d’hôtellerie – il est sommelier – avant de se forger une expérience professionnelle et personnelle au fil de ses voyages. « J’ai été « saisonnier » au Club Med, raconte le restaurateur. Je passais les étés dans les établissements balnéaires et l’hiver dans les stations de ski, avec des chefs différents. Cela m’a permis d’apprendre énormément, sur le côté humain comme sur le plan professionnel. Cela m’a aussi permis d’approcher les saveurs et les cultures du monde à travers différents types de cuisine. »
Après dix ans de découvertes, Gianni a ressenti le besoin de revenir à ses racines. A la partie belge de celles-ci, en tous cas, puisque le chef et sommelier a élargi sa palette en tenant la brasserie du Casino de Dinant. Il officiera également au restaurant le « Couvent du Bethleem », toujours à Dinant, puis à l’ancien hôtel Novotel, à Wépion.
© ByCM
Sur le pont du soleil mosan
Sa carrière prendra un tour nouveau lorsqu’il entrera dans l’équipe du traiteur Pierre Paulus. Celui-ci avait en effet acheté une péniche à Namur. Il la louait et y organisait des banquets. Mais Gianni eut rapidement un coup de cœur pour ce bateau qui n’était pas du tout aménagé puisqu’utilisé uniquement comme salle de réception. Apercevant son potentiel, il eut l’idée de le transformer en restaurant permanent. C’est ainsi que si les entrailles de la péniche accueillent aujourd’hui une salle polyvalente qui peut être privatisée et accueillir des réunions, le pont supérieur a été aménagé en salle de restaurant panoramique, aussi lumineuse que chaleureuse.
Depuis mai 2016, le client qui affectionne les déjeuners sur l’eau peut passer un moment agréable sur la magnifique terrasse installée sur le « pont Soleil », le regard posé sur la rive droite de la Meuse et la superbe Villa Balat de style Art nouveau ou fixé de l’autre côté, sur l’Elysette, le siège du Gouvernement wallon, et l’ancien Hospice Saint-Gilles qui accueille le Parlement de Wallonie.
Le terroir au fil de l’eau
On retrouve totalement cette philosophie dans la carte pluriculturelle que Gianni et son équipe proposent aux côtés d’un magnifique bar à vins, carte sur laquelle une Burrata Pugliese côtoie un tartare façon thaï ou un filet de volaille façon teriyaki. Le tout à des prix plus que raisonnables. « J’essaie de travailler au maximum avec des producteurs locaux et de mettre en valeur les richesses de nos terroirs, explique-t-il. C’est la raison pour laquelle vous ne trouverez jamais au BelRive une carte dithyrambique proposant 40 ou 50 plats. Ceux-ci doivent être conçus avec un maximum de produits de saison et une dizaine de propositions est suffisante pour composer des repas agréables et passer un bon moment. »