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Le Belvédère à Dour, un centre de plongée unique !

  • Tourisme
Hainaut  / Dour

Par Thierry Desiraut

C’est une piscine, ou plutôt un bassin de nage en plein air, d’un genre un peu particulier. Ses eaux sont filtrées naturellement par des pierres et des plantes et il accueille la première fosse naturelle de plongée d’Europe. Ajoutez-y une carrière proche et vous avez, à Dour, des installations de plongée exceptionnelles !

 

Fort de cet équipement, Hainosaurus, le club de plongée qui gère l’ensemble propose une initiation à ce sport exigeant, d’abord dans la piscine classique du Belvédère, avec l’apprentissage traditionnel de la natation, puis dans la fosse et, enfin, dans la carrière. Jean-Christophe Calcus, le président de ce club qui compte 90 membres, l’a relancé avec une poignée de passionnés en exploitant pleinement les nombreuses opportunités qu’offre le site et, notamment, la carrière dont le périmètre englobe les anciens Fours à chaux Waroquier et l’ancien charbonnage de Belle-Vue.

« Ce qui fait la particularité de ce centre de plongée, c’est qu’il offre la possibilité de s’initier progressivement à la plongée extrême, explique-t-il. La superficie du plan d’eau fait deux hectares et la profondeur, bien qu’elle ait perdu près de 6 mètres depuis 2011 à cause de la sécheresse, affiche encore une moyenne de 16 mètres. On plonge en milieu naturel en eau froide entre 7 et 11 degrés avec des conditions de visibilité qui varient entre 20 centimètres et 15 mètres. »

Ce sont les conditions extrêmes qui font que les plongeurs certifiés en Belgique sont parmi les meilleurs du monde. Les conditions dans lesquelles ils sont formés sont telles que lorsqu'ils plongent dans des lagons ou dans des mers chaudes où la visibilité est à perte de vue, ils font montre d’une aisance totale.

Une fosse de plongée naturelle

Au Belvédère, le bassin est très fréquenté en saison par les écoles et les habitants de l’entité qui y trouvent un cadre naturel et des équipements sportifs de bonne qualité. Pour les plongeurs, il a un atout majeur : la  fosse naturelle, appelée ainsi parce qu’elle est à l’air libre et qu’on n’y utilise aucun additif chimique pour le traitement de l’eau. La filtration naturelle s’opère grâce à des lits de pierres ponce qui vont dégrader les matières organiques en nitrates, lesquelles seront alors assimilées par des plantes : des roseaux communs et quatre plantes spécifiques. De quoi maintenir le plan d’eau en équilibre.

« C’est la première fosse de plongée dans un étang de nage naturelle, souligne le responsable. L’intérêt, c’est qu’elle n’est pas chauffée et que la visibilité est très variable en fonction du foisonnement planctonique comme dans tout écosystème en équilibre. C’est le chaînon manquant entre la piscine chlorée et la carrière qui représente le milieu naturel. Cela permet d’amener les élèves progressivement du confort de la piscine vers le milieu extrême qu’est la carrière. »

2.600 mètres cubes filtrés deux fois par jour

La fosse fait 5,50 mètres de profondeur et 7 mètres carrés de surface. Elle est composée de cinq bassins de profondeurs variables de la pataugeoire à la fosse. Cela représente un volume de 2.600 mètres cubes filtrés entièrement naturellement deux fois par jour.

« C’est le premier étang de nage naturel en Wallonie. L’idée du filtrage naturel vient de la commune, mais c’est nous qui avons demandé d’ajouter la fosse. Nous y avons vu la possibilité d’en faire un vrai pôle d’attractivité pour les plongeurs. Et ça a marché ! Lancé il y a un an, le Centre de plongée du Belvédère commence à bien fonctionner. Aujourd’hui, nous recevons des plongeurs de France, d’Allemagne et des Pays-Bas qui utilisent la fosse le matin avec leurs élèves et les emmènent l’après-midi dans la carrière pour un apprentissage progressif. »

Des écrevisses et des anguilles

Afin de conserver l’équilibre du milieu, les responsables du site limitent la fréquentation à cinquante plongeurs. Ils ne nourrissent pas les poissons et essaient d’intervenir le moins possible. « Nous avons juste réintroduit une ou deux espèces, comme des carpes « Amour » et quelques esturgeons, pour contrôler l’eutrophisation du plan d’eau et limiter le développement des algues. Le plan d’eau étant creusé dans le calcaire, les écrevisses y trouvent de quoi faire leur exosquelette. On y trouve aussi beaucoup d’anguilles dont certaines font jusqu’à 1,20 mètre de long, sans oublier d’autres espèces qui méritent elles aussi le détour. C’est l’un des attraits du lieu. Ici, on ne pratique pas la pêche parce que c’est un peu antagoniste avec la plongée. On vient ici pour observer la faune… »

Le matériel de plongée fourni par le club

Particularité du centre de plongée : l’équipement est fourni par le club. Jean-Christophe Calcus en explique la raison. « Dans la fosse s’est développé un milieu à l’équilibre fragile, c’est un écosystème en soi. Parce qu’il n’y a pas de traitement chimique, il y a des contaminants biologiques extérieurs comme des larves de moustiques. Pour ne pas trop interagir sur ce milieu, le club a acheté et dédicacé du matériel de plongée qui est obligatoire pour tous ceux qui viennent ici. Une quinzaine d’équipements complets neufs et toute une gamme de matériel sont mis à la disposition des visiteurs et le club a noué un partenariat avec un équipementier. Cet investissement assez lourd a été réalisé, non par l’asbl, mais par des membres en leur nom propre. Ce qui prouve que ce club et ce site exceptionnels font partie de ces richesses méconnues d’une Wallonie qui cache des trésors sous la surface de ses eaux. »

 

Plongée dans l’histoire du Belvédère

Le Belvédère, c’est d’abord une tour qui domine cet ancien site minier et la petite ville de Dour en contrebas. Une large et haute tour carrée, vestige de la brasserie Cavenaile, créée en 1836. Cette brasserie a connu une histoire mouvementée mais a fait les beaux jours de la région pendant un siècle et demi, allant jusqu’à employer 470 personnes. Le site, lui, a toujours été aussi un centre de loisirs et de sport très prisé, au point de devenir le centre d’attraction de la commune. Natation, tennis, athlétisme, mais aussi bal et hôtel… la vie y a toujours été intense.

En 1936, le propriétaire de la brasserie y installa une piscine alimentée en eau chaude par les eaux de refroidissement de l’activité brassicole. L’activité cessa en 1980. Le Belvédère accueillit ensuite l’internat de l’athénée de Dour, avant d’être abandonné pendant 20 ans. La commune racheta finalement le site et le rénova complètement. L’objectif était de lui redonner sa vocation initiale de centre récréatif et sportif, mais basé essentiellement, cette fois, sur la natation. Pour ce faire, l’architecte Pierre Vancraenenbroeck et la société Green Concept transformèrent l’ancienne piscine en une zone de baignade écologique, composée de plusieurs bassins de différentes profondeurs et d’une fosse naturelle de plongée.

 

http://www.hainosaurusboussudour.be/

http://www.piscinebelvédèredour.be/

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