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Brabant wallon  / waterloo

Par Benoît Noël

La Waterlootoise, native de Rio, rêve de retourner dans sa ville natale pour y disputer les JO 2016. C’est plutôt bien parti. À 24 ans, Chloé Leurquin est la numéro un belge de golf et ne compte pas s’arrêter là. Rencontre avec une citoyenne du monde qui rêve aussi de LPGA aux États-Unis, le circuit majeur.  

Rio de Janeiro. Ses plages, son Pain de sucre, son Christ rédempteur. Mais surtout, Rio et ses Jeux Olympiques en 2016.

Dans un peu plus d’un an. Cette splendide mégalopole brésilienne est aussi la ville natale de Chloé Leurquin, l’actuelle meilleure golfeuse belge. Vivre les JO dans « sa » ville, un rêve ? Plus que cela : un objectif qui pourrait bien devenir réalité en août 2016. Dans l’établissement waterlootois où nous l’avons rencontrée autour d’une tasse de thé, la jeune femme de 24 ans a les yeux qui pétillent. Elle raconte, avec un enthousiasme qui transpire la passion, ses premiers drives à douze ans jusqu’à ses débuts sur le circuit professionnel en mars 2013. Il y a de l’énergie mais aussi de la zénitude dans ce petit bout de femme, toute finette mais capable d’envoyer la balle à plus de 220 mètres. Bref, derrière son regard doux et cette impression de fragilité, se cache une véritable athlète dont la carrière n’en est qu’à ses prémices et dont la détermination est réelle, malgré une vraie modestie. « Avec un papa et des oncles golfeurs, j’ai vite eu un club entre les mains. À douze ans, j’ai immédiatement mordu. Ma maman me déposait au golf le matin et j’y passais la journée », se souvient-elle. « J’ai toujours aimé les sports de balle. Cela m’a sans doute donné des prédispositions et j’ai très vite progressé. Lors de ma première saison, j’étais 36 de handicap. À la fin de cette première saison, j’étais déjà 24. Puis l’année d’après, je suis passée de 24 à 8 ! » Ces progrès rapides permettent à Chloé de s’aligner rapidement lors de tournois juniors en Belgique. Dans sa tranche d’âge (les filles nées en 1990), elle est confrontée à beaucoup de joueuses d’un bon niveau. « Cette émulation a été très importante. Tout le monde élève le niveau de tout le monde. À 15 ans, j’ai décroché ma première sélection en équipe nationale ».

La gamine est douée : elle dispute les championnats d’Europe à 16 à Oslo, puis les Championnats du monde à 18 ans à Adélaïde en Australie, avant de passer pro quatre ans plus tard, en mars 2013. « Ce n’était pas forcément un objectif. J’étais à l’univ et je ne pensais pas avoir le niveau pour faire carrière sur les greens. »

La golfeuse du Royal Waterloo va pourtant réussir à combiner études et sport de haut niveau. Étudiante à l’UCL en vue de l’obtention du titre d’ingénieur de gestion, elle devrait valider son diplôme cette année. Il lui reste à terminer un mémoire qu’elle consacre à la fiscalité du sport. Ensuite, sa tête sera à 100% tournée vers le golf. « En passant la moitié de l’année à l’étranger, j’ai dû m’organiser. Ce n’est pas facile, mais c’est une expérience géniale », reconnaît la protégée d’Arnaud Langenaeken, son coach technique. Chloé admet que « la solitude, quand on se retrouve à l’hôtel après une mauvaise journée, c’est parfois difficile. Quand ça se passe mal, quand je ne joue pas bien, j’aimerais être avec ma famille pour me changer les idées. »

Le sport de haut niveau n’est donc pas fait que de strass et de paillettes. Et même si les golfeurs ne sont pas les plus mal lotis, il n’est pas non plus synonyme de poule aux oeufs d’or. Sur une saison, le budget avion/hôtel est estimé à 50 000 €. « Chez les filles, il faut remporter un tournoi pour gagner autant d’argent », fait remarquer la jeune femme. « Pour le moment, grâce à divers partenaires, je parviens à m’en sortir. » Mais faute de moyens, la jeune femme est souvent contrainte de voyager seule : « Je n’ai pas le budget pour emmener un caddy ou un entraîneur. Je n’ai d’ailleurs aucun caddy attitré. Parfois ma soeur, mon coach ou mon père me “caddient… S’il n’y a personne, je fais appel à des locaux. C’est toujours le cas en Chine ou en Inde. Jusqu’à présent, j’ai eu beaucoup de chance. J’ai toujours été assistée par des caddies motivés qui avaient vraiment envie de m’aider. Certaines filles sont parfois plus mal tombées. »

Les sacrifices ne sont pas vains et Chloé Leurquin n’échangerait sa vie pour rien au monde. « Je me vois encore faire ça cinq ou six ans au moins. Après, tout va dépendre de mon évolution. Si je ne parvenais pas à assumer financièrement, il faudrait passer à autre chose. Je n’ai pas les mains vides, je suis diplômée. Mais pour le moment, je sens que je progresse, que je joue de mieux en mieux. Et surtout, j’aime ce que je fais. »

« J’ai beaucoup de chance », admet-elle en évoquant ses nombreux voyages qui en font une « citoyenne du monde » dont les amies proviennent de tous les continents. « C’est parfois frustrant de partir loin et de rester bloquée toute la journée dans un complexe hôtelier. Mais en général, les organisateurs de tournois nous proposent des visites », raconte la golfeuse. Des temples en Chine à la baie de Sydney en passant par les plages d’Agadir, Chloé Leurquin en prend plein les yeux. « J’adore l’Australie, Sydney. Le début de la saison se passe là-bas, au chaud. J’y vais trois semaines avant le premier tournoi pour disputer des « ProAm » en guise d’entraînement. Nous sommes logées dans des familles d’accueil. C’est beaucoup plus fun que les tournois officiels. » Sûr donc qu’elle apprécierait aussi de fouler le sable de Copacabana en août 2016. « Il y aura deux golfeurs par pays et 60 concurrents au total. Pour le moment, je suis 53e. Si la sélection était effectuée aujourd’hui, je serais de la partie. Je dois continuer à bien jouer, rester dans le coup. Nous serons fixés en mai 2016 », explique-t-elle. La délégation belge devrait être composée de 120 athlètes, a annoncé le Comité Olympique et Interfédéral Belge fin avril.

« Depuis que je suis toute petite, je ne manque rien des Jeux. C’est un événement génial. Tous ces sportifs réunis, c’est exceptionnel. En plus, c’est à Rio, c’est exotique, je suis née là-bas. C’est sympa. Pour n’importe quel athlète, c’est un événement grandiose. » La présence de la Waterlootoise aux JO serait aussi une bonne nouvelle en termes de reconnaissance médiatique. À l’exception de Nicolas Colsaerts, peu de golfeurs attirent l’attention régulière des médias belges (ndlr : découvrez le portrait du joueur dans notre numéro 21 disponible gratuitement online). « Depuis que Nicolas a disputé la Ryder Cup (en 2014, ndlr), le golf est un peu plus présent dans la presse », se réjouit-elle. Et avec une ambassadrice de charme qui continue de progresser, cet intérêt ne devrait que croître.

 

ATHLÈTE COMPLÈTE, MENTAL HAUT !

Jadis considéré à tort comme un sport de bourgeois pensionnés, le golf a changé d’image ces dernières années. Des athlètes comme Tiger Woods ont modifié la perception du grand public, l’image du golfeur bedonnant s’estompant au profit d’une représentation beaucoup plus positive. Les golfeurs de haut niveau sont des sportifs complets, athlétiques. Et Chloé Leurquin ne fait pas exception. Conseillée par un coach technique, Arnaud Langenaken, un coach physique, Thierry Noteboom, et peut-être bientôt par un coach mental, elle met tous les atouts dans son jeu pour remplir ses objectifs à moyen terme : intégrer la prestigieuse LPGA (le circuit américain) et remporter un tournoi majeur.

TECHNIQUE : « Mon point fort, c’est le jeu long, l’approche, le driving. Je suis dans la moyenne des meilleures. Mon putting ( jeu court) a longtemps été un point faible énorme quand je suis passée pro. Mais j’ai vraiment beaucoup travaillé cet aspect de mon jeu. On ne peut plus parler de point faible mais ce n’est pas encore un atout. Ma progression dépendra beaucoup de ma capacité à progresser dans ce secteur. Il faut encore m’améliorer à ce niveau car c'est en tournoi que tout se joue, c’est là que l’on fait la différence. »

PHYSIQUE : « Depuis que je suis pro, je me suis fort renforcée. Je travaille beaucoup l’explosivité en salle (sprint, courses, medecine ball, etc.). On travaille tout le corps. Pas que les bras. Les jambes aussi doivent être solides. C’est exigeant. Regardez les golfeurs actuels : tout le monde est fit. Mes loisirs m’aident aussi à entretenir ma forme. Quand je ne joue pas au golf, je défie mes amies au tennis. J’adore courir, marcher. Je pense aussi me mettre au yoga. C’est relaxant et c’est intéressant au niveau du stretching. »

MENTAL : « Au niveau de l’approche psychologique, je n’ai pas encore trouvé la bonne personne. Je ne suis pas contre. Ce n’est peut-être pas nécessaire, mais cela pourrait sans doute m’aider sur certains points. Concernant mon putting, j’ai un problème de confiance, par exemple. Il faudra trouver quelqu’un qui me corresponde et m’apporte vraiment quelque chose. Je n’ai pas envie de faire de la préparation mentale, juste pour dire d’en faire. Je ne suis pas stressée par nature. Pour me relaxer, je fais souvent appel aux physios ou aux masseurs. Ça m’aide à me relâcher, à me sentir bien. J’ai souvent un creux au milieu de la saison. L’été passé, je me demandais ce que je faisais là. J’étais tombée à la 110e place du circuit alors qu’il faut rester dans le top-80 pour conserver sa place. Mais j’ai très bien fini la saison en réussissant plusieurs top-20. Je me suis reprise en main. J’ai sans doute ce besoin d’être mise sous pression. »

 

LES 5 BONNES ADRESSES DE CHLOÉ LEURQUIN
  1. Kobo Resto (Waterloo) « Une vraie découverte. C’est de la cuisine africaine, vraiment très diff érent de ce que l’on mange d’habitude. Et surtout, c’est un délice. J’ai découvert cet endroit il y a peu : l’ambiance est vraiment très bonne. Les patrons et le personnel sont très sympathiques. Vraiment, c’est un dépaysement. » Rue François Libert 4 – B-1410 Waterloo www.kobo-resto.be
  2. Le bar de l’Amusoir (Waterloo) « Quand je vais prendre un verre avec mes ami(e)s, c’est très souvent dans cet établissement du centre-ville. Cosy. Une institution à Waterloo. » Ch. de Bruxelles 121 –B-1410 Waterloo www.lamusoir.be
  3. La ferme du Hameau du Roy (Vieux-Genappe) « J’adore cette boulangerie de Lasne (Vieux-Genappe). Le pain est parfait. Mais surtout, il y a une tartelette aux framboises qui est à tomber. » Chaussée de Bruxelles 70 B-1472 Vieux-Genappe www.fermeduhameauduroy.be
  4. La terrasse du Royal Waterloo Golf Club « J’y passe tout mon temps quand je suis en Belgique… Et je ne m’en lasse pas. On y mange très bien. Le cadre est magnifi que et l’ambiance dans le club house est très détendue. C’est un peu ma deuxième maison. » Vieux chemin de Wavre 50 B-1380 Lasne www.royalwaterloogolfclub.be 
  5. La pâte et ose (Waterloo) « Allez-y. Goûtez le fameux trio de pâtes. Vous m’en direz des nouvelles ! » Ch. de Bruxelles 526 – B-1410 Waterloo www.lapateetose.be

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