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Sur orbite en moins de dix ans

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Hainaut  / Escanaffles

Par Didier Tonreau

On n’a pas de pétrole mais on a du… lactate. Véritable alternative, le processus industriel imaginé par Galatic propulse cette société au deuxième rang mondial de producteur d’acide lactique. Alimentaire, cosmétique, pharmaceutique ou plastique, autant de domaines qui recourent à cette chimie de la nature.

Installée sur la rive gauche de l’Escaut qui sépare la Wallonie picarde de la Flandre occidentale, l’ancienne sucrerie d’Escanaffles était sur le point de fermer ses portes en 1991 quand une petite entreprise, Bioprocess Technology, prend possession des lieux pour commencer la production d’acide lactique. Un domaine dans lequel la société a su imposer sa maîtrise dans la fabrication de cette substance naturelle. Dérivé de produits agricoles, l’acide lactique est obtenu après fermentation avant d’être utilisé dans une multitude d’applications en industrie (solvant, lubrifiant, dégraissant…), en alimentation (agent conservateur) ou encore en cosmétique.

Cette technologie exploite donc les potentialités de la nature. Principalement le sucre de betterave, fermenté par des micro-organismes, mais aussi le glucose de maïs, le blé ou même les résidus forestiers. Autant de produits issus de l’environnement qui offre une myriade de possibilités. Car toute l’inspiration de Galactic est tirée de la chimie de la nature. Un monde qui, aujourd’hui, ouvre d’innombrables opportunités pour remplacer les solutions à base de pétrole de plus en plus coûteux et dont on connait les dégâts collatéraux néfastes. Si les produits fabriqués selon ces deux sources sont égaux dans la performance, il en va tout autrement sur le plan de l’environnement. Les produits issus de l’acide lactique offrent une saine alternative car, remis à la nature, ils sont non-polluants. Une véritable opportunité pour les défis futurs.

Déjà une multinationale

En 1994, le groupe d’ingénieurs à la base du projet initié par Frédéric van Gansberghe est convaincu par cette première expérience et décide de lancer la phase de production. 1 500 tonnes sont produites la première année. « Deux ans plus tard, la production est triplée », explique Jean-Christophe Bogaert, directeur des ventes et du marketing. « En 1997, la société prend le nom de Galactic et porte sa capacité de production à 15 000 tonnes. L’année suivante, nous devenons le deuxième producteur mondial d’acide lactique et de lactates. 80 % de notre production part à l’exportation vers plus de 40 pays. » Un essor qui vaut à la société d’être, en 1998, parmi les cinq entreprises primées dans le cadre du grand prix wallon à l’exportation pour l’Europe.

Sur sa lancée, Galactic décroche son premier brevet pour une technologie réelle innovante permettant la purification d’acide lactique. Les innovations vont alors se multiplier sur les procédés, les produits ainsi que les applications. Pour assurer son expansion, des partenaires viennent gonfler l’actionnariat. En 1999, la société holding Compagnie du Bois Sauvage rejoint les actionnaires de Galactic qui, avec 30 000 tonnes, avait doublé sa capacité de production. « 2002 est une année charnière importante. Une joint-venture entre Galactic et BBCA biochimique, entreprise de production à grande échelle, est créée pour développer l’activité en Chine. Une association qui permet de construire la plus grande unité de fabrication d’acide lactique en Asie. En 2005, un bureau supplémentaire est installé à Milwaukee, en Amérique du Nord. Nous avons également installé en 2010 un bureau de vente à Tokyo. » Un quatrième site au Brésil viendra s’ajouter cet été aux trois autres pôles. De quoi augmenter la production qui approche actuellement les 100 000 tonnes. 50 000 pour l’Asie, 30 000 pour l’Europe et 15 000 tonnes pour les États-Unis. Ce qui fait de Galactic le deuxième producteur mondial d’acide lactique et de ses dérivés. Son principal concurrent est la société néerlandaise Purac, fondée en 1931 et qui avait à l’époque le monopole.

Les dérivés fabriqués à base de ce produit se retrouvent dans cinq grands secteurs. La quasi-totalité des produits alimentaires : de la boulangerie à la boucherie-charcuterie, dans les fruits et légumes, confiserie, poissons et crustacés, ainsi que les sauces, mayonnaises et autres ketchup, les produits laitiers et les boissons (alcoolisées ou non). Tous les grands brasseurs sont clients chez Galactic. Viennent ensuite les secteurs de la nourriture animale, de la cosmétique (l’industrie très intéressée par les avantages de la chimie verte) et, enfin, les bioplastiques sur lesquels la société fonde beaucoup d’espoirs.

Du plastique entièrement biodégradable ou recyclable

Un partenaire industriel de poids, Total Petrochemicals, s’est rapproché de Galactic. Les deux partenaires créent en 2007 une nouvelle structure : Futerro. L’objectif est de concrétiser le projet de développement d’une technologie de production de bioplastiques : le Poly Lactique Acide (PLA). Ce polymère, qui s’oppose aux plastiques traditionnels fabriqués sur base des ressources pétrolières, offre des potentialités prometteuses. Le PLA est connu depuis de nombreuses années. La biocompatibilité entre ce polymère et l’être humain a permis de développer des applications dans le domaine médical : les fils de suture, certaines formes médicamenteuses (comprimés, gélules) ou les broches orthopédiques. L’optimisation des résultats dans les recherches sur le PLA par Futerro rend cette technologie disponible pour des marchés de grande diffusion. On distingue les produits biodégradables comme les films d’emballage, les langes pour bébé, les supports d’empaquetage, le conditionnement des produits recyclables.

Car de nouveaux développements permettent d’envisager l’intégration du PLA dans des domaines tels que l’électronique, l’automobile, le recouvrement de sol. Ce type de produit doit être conçu pour être réintroduit dans la production. « Ce sont de petites perles à base d’acide lactique introduites dans la fabrication de produits plastiques et textiles qui pourront au terme de leur utilisation être entièrement recyclés : les coques de téléphones mobiles, des pièces pour l’industrie automobile, des composants pour les ordinateurs ainsi que des fibres textiles pour la fabrication de tapis ou de T-shirts. » Le Poly Lactique Acide peut se décliner en d’innombrables variétés. Chaque famille présente des propriétés différentes en fonction de l’application souhaitée. D’où l’importance du travail de recherche. Avec le concours de la Région wallonne, dans le cadre des pôles de compétitivités du plan Marshall, une unité de démonstration capable de produire 1 500 tonnes de PLA par an a pu voir le jour. L’investissement est important, 25 millions €, mais indispensable pour s’introduire sur le marché avant d’envisager la production à plus grande échelle. « L’objectif est de construire dans quelques années un site industriel lorsque la technologie et les applications seront complètement matures. »

La sucrerie, moribonde au début des années 1990, a fait place à une entreprise en phase avec les importants défis environnementaux. Installée sur 20 hectares, Galactic emploie 130 personnes sur le site d’Escanaffles. L’optimisme et la croissance ont gommé la perspective d’un désastre économique et social. ■

 

Promesse d’avenir

Parallèlement aux développements des applications basées sur le PLA, Galactic poursuit sa progression selon quatre axes dont la toile de fond est le secteur de l’alimentation.

  1. La sécurité alimentaire « Nous sommes déjà très bien positionnés dans ce secteur. Nous développons des produits qui permettent de garantir cette sécurité puisque notre production est surtout utilisée comme conservant naturel. Ils empêchent la prolifération de micro-organismes.»
  2. L’étiquetage responsable «Cela consiste à augmenter la présence de produits naturels par rapport aux substances chimiques et les étiqueter comme tels. Le consommateur final est de plus en plus sensible à cet aspect dans le choix de son produit.»
  3. La santé du consommateur « Nous agissons en réduisant les substances nocives en enrichissant les aliments en substance positive. Par exemple, le lactate de calcium qui enrichit le jus d’orange. C’est bon pour les enfants en pleine croissance ou les personnes souffrant d’ostéoporose.»
  4. Réduire le coût en renforçant la qualité des additifs naturels « Notre client pourra ainsi garantir la conservation de ses aliments en y ajoutant une quantité moindre d’additifs

Informations : 

Place d'Escanaffles, 23
B-7760 Escanaffles
Tel. : +32 (0)69 45 49 21
galactic@lactic.com

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