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© Marc Vanel
© Vintense.be

VINTENSE, le vin sans alcool

  • Business
Hainaut  / Trazegnies

Par Marc Vanel

Véritable phénomène de mode, le vin sans alcool donne des ailes à la société Neobulle qui vient d’inaugurer de nouvelles installations à Trazegnies pour développer sa gamme Vintense.

 
Le nom de Stassen est depuis près de 125 ans attaché à la production de cidre. Agriculteur et bourgmestre d’Aubel jusqu’en 1929, Léon Stassen réalisa dès 1895 du cidre artisanal pour sa consommation personnelle avant de le commercialiser dans sa région. En 1944, Jean Stassen reprend l’entreprise, il est rejoint par ses fils, Jean-Pierre en 1979, Philippe en 82 et Luc en 83. Ensemble, ils vont introduire en 1987 les cidres fruités et, en 1991, le premier cidre sans alcool sous la marque Degré Zéro. En quelques années, Stassen triple sa production.

En 1992, lors du départ à la retraite de son grand patron, la société aubeloise intègre le groupe anglais HP Bulmers, leader mondial dans la production de cidres, qui sera peu de temps après racheté par Heineken. En 1994, Stassen crée un nouveau segment dans les boissons sans alcool : Kidibul, la boisson festive par excellence pour les enfants, ce sera un immense succès. Au début des années 2000, la famille Stassen rachète ses parts au groupe Heineken avant de finalement les lui revendre complètement en 2012. La cidrerie devient alors le « Heineken Cider Innovation Center », toujours dirigé par Jean-Pierre Stassen.

D’Aubel à Trazegnies

En 2014, Philippe Stassen quitte l’entreprise et rachète à Heineken les marques Kidibul (cidre sans alcool) et Vintense (vin sans alcool) et crée une nouvelle société, Neobulle, qui va se spécialiser dans la commercialisation de ces deux marques de boissons non alcoolisées.

Pour pouvoir développer son business et gagner en qualité, Néobulle est contraint de quitter les installations trop petites d’Aubel et s’associe, en avril 2017, avec Olivier et Patrick Meurens (dont le grand-père a créé la siroperie « Sirop de Liège » à Aubel) au sein de la société MIS (pour Meurens Industrial Services). Les installations de cette nouvelle « société de désalcoolisation de produits fermentés : vins, vins de fruits, bières et autres boissons » ont été inaugurées en mai dernier à Trazegnies.

Le lieu est judicieusement choisi, car il s’agit de l’ancien Clos du Renard qui, historiquement fut la chaîne d’embouteillage des vins en vrac de Carrefour. Cette entreprise a elle aussi connu diverses vies et est devenue, en 2015, Associated Beverages Solutions, au sein de laquelle on retrouve Olivier Meurens, entouré d’actionnaires australiens et suédois ! La production de boissons désalcoolisées et leur embouteillage étant assurés sur un même lieu, restait l’aspect marketing. Celui-ci est assuré par Anne Stassen, au sein de la société Vitamines, un triangle qui fonctionne parfaitement.

Désalcoolisation sous vide

« Nous sommes très fiers de ces installations, explique Philippe Stassen, c’est le résultat de deux ans d’investissements de l’ordre de cinq millions d’euros. Cela va nous permettre d’améliorer la qualité de nos produits, nous avons d’ailleurs une équipe de plusieurs œnologues qui travaillent avec nous sur ce site. Tous les indicateurs sont au vert pour le « sans alcool ». Récemment, le groupe InBev a déclaré que vers 2022-2025, près de 20% de ses ventes seraient des bières sans alcool, c’est dire l’importance du marché. Mais nous, nous pouvons tout désalcooliser, du vin, de la bière, du cidre, etc. Ou, dans le sens inverse, alcooliser des jus de fruits. Depuis cinq ans, nous avons vendu 1,2 million de Vintense dans les quatre couleurs (blanc, rosé, rouge et bulles) dont la moitié en effervescent. Nous revenons du Canada où nous venons de vendre 600.000 bouteilles, il y a vraiment d’importants marchés à conquérir, tout reste à faire. »

Actuellement, les vins qui forment la gamme Vintense proviennent d’Italie ou d’Espagne, il s’agit de vins tranquilles (sans bulles) qui arrivent en Belgique déjà terminés par camions-citernes. Débarqués sur le site de MIS, ils sont stockés dans des cuves de 25.000 litres avant de passer dans un circuit complexe de désalcoolisation sous vide qui va en extraire l’alcool. Le tout se fait à basse température afin de conserver au maximum les qualités organoleptiques des vins de base. L’éthanol à 75° récupéré est revendu dans l’industrie pour en faire d’autres alcools de bouche.

Vins de terroir

Grâce à ces nouvelles infrastructures qui apportent une qualité supplémentaire à ses produits, Néobulle/MIS développe à présent une gamme de « vins de terroir » basée sur des vins en provenance de Provence, des Côtes du Rhône, du Chili ou d’Afrique du Sud. « Aujourd’hui, précise Anne Stassen, Néobulle occupe une vingtaine de personnes et produit 70.000 hectolitres de boissons générant un chiffre d’affaires de 21 millions d’euros. Près de 40% de la production sont exportés, principalement aux Pays-Bas, au Canada, en France et au Japon. En Belgique, les vins se retrouvent dans l’entièreté de la grande distribution. » Une nouvelle ligne d’embouteillage pour les effervescents va bientôt être exploitée sur le site de MIS qui est aussi capable de produire des bag-in-box (BIB) pour Vintense, mais chaque chose en son temps.

Enfin, même si le vin demeure le core business de Neobulle, une nouvelle bière va prochainement être lancée : la Bière des Amis (BDA) est élaborée en collaboration avec la Brasserie des Légendes à Irchonwelz, elle sera disponible tout prochainement en 33 ou en 66 cl et sera proposée… avec 5,8% d’alcool.

 https://vintense.be

La gamme
Les vins de Vintense sont des mono-cépages, c’est-à-dire qu’ils ne sont élaborés qu’avec une seule variété de raisin. Deux cépages blancs ont été retenus, le Chardonnay et le Sauvignon, ainsi que trois rouges : Merlot, Syrah et Cabernet sauvignon. Côtés bulles, Vintense se décline en blanc et en rosé. De manière générale, les œnologues de Vintense entendent rester dans les codes de ces cépages et offrir des vins qui s’en rapprochent le plus malgré l’absence d’alcool. Celle-ci est compensée par une augmentation des sucres qui peuvent être quatre à cinq fois plus élevés que dans le cas d’un vin traditionnel, attention donc pour les personnes au régime sans sucre.

 

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