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Namur  / Floreffe

Par Christian Sonon

Jo Van Hove est tout sauf un touriste. Pourtant, c’est à leur intention que ce Floreffois a créé les iBeakens. Ces petites histoires codées, à lire sur un site ou un monument via votre Smartphone, se multiplient en Wallonie et en Europe en attendant une mise en réseau des sites et musées.

« Le beffroi de Namur est un cas atypique parmi les beffrois wallons puisque celui-ci était à l’origine la plus importante tour défensive de la troisième enceinte de la ville… » Le message qui est apparu sur le Smartphone de Jo Van Hove avec une petite photo du monument classé porte l’adresse internet « qrwallonie. be/Namu0007 ». Pour le lire, il lui a suffi de scanner le code QR (Quick Response) inscrit sur une étiquette en haut du Bouclier Bleu planté au pied du beffroi et signifiant que celui-ci fait partie du patrimoine mondial culturel protégé en cas de conflit armé. C’est l’une des 2 800 iBeakens que lui a commandés l’Institut du Patrimoine Wallon et dont à peu près 660 sont déjà installées. Les provinces, villes, parcs et musées ont commencé à en faire l’acquisition également.

Qui est Jo Van Hove ? D’abord un voyageur, ensuite un passionné de nouvelles technologies et, accessoirement, un Flamand installé en Wallonie – à Floreffe, plus précisément. Mais avant tout, un entrepreneur qui ne manque pas d’idées.

« J’ai longtemps voyagé un peu partout dans le monde afin de chercher des paysages et décors pour une maison de production de photos publicitaires dans le domaine de l’automobile, explique ce père de famille de 47 ans. C’est ainsi que j’ai souvent constaté que ces sites manquaient d’informations ou que celles-ci ne figuraient que dans la langue du pays. Comment pourrait-on faire, me suis-je demandé, pour mieux communiquer avec les visiteurs présents sur le terrain ? La question me semblait d’autant plus pertinente que de moins en moins de gens, aujourd’hui, préparent leurs voyages. »

Nous étions en 2008 et le secteur de l’automobile amorçait un tournant difficile en raison de la crise économique. Jo Van Hove décide que le moment est venu de tenter une nouvelle expérience via le Net. « J’avais déjà lancé un site appelé “locamundo”, qui proposait des maisons en location. Une sorte d’e-commerce avant l’heure. Fort de cette expérience, j’ai réfléchi à la meilleure façon de présenter, sur un modèle similaire, tous ces lieux chargés d’histoire à travers le monde. Mon développeur de sites m’a suggéré d’utiliser les Smartphones qui n’en étaient alors qu’à leurs balbutiements. Je me suis mis à plancher sur une application et, en 2009, la commune de Floreffe a accepté de faire un test sur vingttrois sites touristiques. Je lui ai livré les plaquettes avec les QR -codes et elle a fabriqué les poteaux pour les y accrocher. L’essai s’étant révélé encourageant, je me suis attelé à développer l’application. Et, en septembre 2010, j’ai attaqué la prospection. Mon premier gros client a été la Province de Luxembourg qui m’a commandé des iBeakens pour toutes ses Maisons du Tourisme. »

Maximum 250 mots

Le principe ? Tout organisme (syndicat d’initiative, commune, musée…) ou professionnel du tourisme qui a envie de créer des iBeakens reçoit un code d’accès à la plate-forme mise au point par Jo Van Hove. Pour chaque site, bâtiment, monument ou oeuvre d’art de son choix, il lui suffit de rédiger un court texte explicatif ou anecdotique – « pas plus de 250 mots, souligne Jo, car nous avons remarqué qu’au-delà les gens décrochent. » – et d’y intégrer trois photos maximum. Un petit quiz peut y être ajouté pour encourager le visiteur à aller voir plus loin sur le sujet, ainsi qu’un commentaire audio, qui peut être un témoignage, un accompagnement musical ou une ambiance. Cette mise en place terminée, l’iBeaken reçoit un code QR qui lui permettra d’être répertorié, mais surtout d’être lu, dans la langue choisie, via toute une série d’applications disponibles sur n’importe quel Smartphone. « En réalité, je fais seulement payer l’accès à ma plate-forme via un système d’abonnement qui donne droit à un certain nombre d’iBeakens, explique l’entrepreneur. À cela, il faut ajouter les plaquettes personnalisées que je fais réaliser par un soustraitant. Pour les traductions, je fais appel à des free-lance recrutés dans différents pays. Et j’ai des agents un peu partout en Europe. Je n’ai pas encore d’employés car je désire rester simple. Je connais des concurrents qui ont fait faillite parce qu’ils ont voulu trop en faire. »

Un iBeaken peut en cacher un autre !

Le marché est en train d’éclater : « J’ai environ 500 clients dans le monde, dont un peu plus de 300 en Belgique, quasi tous en Wallonie. Les iBeakens se vendent moins bien en Flandre pour deux raisons : parce que les Flamands sont moins portés vers les nouvelles technologies et parce que je suis installé en Wallonie. Il n’y a rien à faire, j’ai beau être Flamand, les portes se ferment. »

Outre l’IPW et la Province de Luxembourg, Jo Van Hove a aujourd’hui comme clients la Province de Liège (550 plaquettes placées), la Ville de Namur (40 commandées) ou encore le Musée de la Céramique d’Andenne qui a choisi de poser une plaquette devant chaque vitrine. « Il arrive que le même site dispose de plusieurs iBeakens installés par des clients différents, explique-t-il, mais ils ne font pas double emploi. Ainsi, l’église Saint-Martin à Arlon en a quatre ! Celui de l’IPW met l’accent sur le volet patrimoine, celui de la ville sur son histoire, celui du réseau des églises ouvertes sur sa richesse intérieure et celui de la paroisse sur le point de vue du… paroissien. »


Le jeu et la collection, les deux piliers du futur

Pour Jo Van Hove, cependant , les Smartphones ne constituent pas l’avenir du système. « Le client qui souscrit un abonnement ne paie pas seulement pour les plaquettes mais pour que l’info travaille et devienne une plate-forme de marketing attractive. L’idéal serait d’arriver à une plate-forme active de mise en réseau des sites et des musées. J’aimerais également développer la notion de jeux intermusées. Steve Jobs, le patron d’Apple, l’avait bien compris : « Si vous voulez que quelque chose fonctionne, faites-le fonctionner par le jeu !», disait-il. À cette notion, j’ajouterai celle de collection. Le jeu et la collection d’infos via iBeaken seront mes deux piliers pour me démarquer de mes concurrents dans le futur. »

www.ibeaken.com

 

Qualifié en « Champions League »

Jo Van Hove est fier : il a récemment été contacté pour participer à un concours (www.llga.org) organisé par une association de 22 villes dans le monde connaissant des problèmes de croissance, telles que Barcelone, Boston, Londres, Mexico, Rio de Janeiro… « Ces villes ont déterminé 22 challenges pour leur avenir et l’un d’eux concerne la façon de communiquer avec les touristes, explique-t-il. Je leur ai proposé ma plateforme et j’ai été retenu parmi les cinq finalistes avant d’échouer sur le fil, battu seulement par Metaio, une société allemande spécialisée dans la réalité augmentée. C’est quand même déjà exceptionnel d’avoir été si loin, c’est comme si une petite équipe wallonne s’était hissée en finale de la Champions League en football ! », conclut l’entrepreneur qui a décidé de contacter le vainqueur du challenge en vue d’une éventuelle collaboration.

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