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Petit géant deviendra grand

  • Dossier

Par Admon Wajnblum

Eclatée en de multiples sous-secteurs oeuvrant généralement seuls dans leur coin, la filière bois a compris que, dans un marché en plein essor, le rapprochement était économiquement salvateur.

Pour se faire une idée globale de la situation de la filière bois aujourd’hui, il est nécessaire de se livrer à d’épuisantes recherches tant le secteur est éclaté. Schématiquement, la filière bois se compose de quatre secteurs disposant chacun de sa propre commission paritaire : l’exploitation forestière, la première transformation du bois, le commerce du bois et la seconde transformation du bois (produits finis et semi-finis). Chacun de ces secteurs possède sa propre organisation représentative1, sans oublier les fédérations flamande, wallonne et bruxelloise des menuisiers, entre autres. à côté de ces organisations professionnelles, on trouve encore des associations publiques ou privées actives dans les domaines de la formation et de la promotion 2 auxquelles s’ajoute, depuis janvier 2012, le tout nouvel Office Economique Wallon du Bois… Bref, une véritable armée mexicaine dont chaque composante travaille généralement seule dans son coin, organisant ses propres actions de lobbying, campagnes de communication et de promotion, études, etc. On assistait ainsi à un gigantesque gaspillage de moyens et à de nombreuses redites, chaque maillon de la chaîne ayant le sentiment que le bénéfice qu’il pouvait tirer de son bois devait se faire au détriment des autres sous-secteurs. Dans ce contexte, la filière bois se défendait mal, tant vis-à-vis des pouvoirs publics que de la concurrence des autres secteurs.

1 UNEBO-UREBO (Union Nationale des Entreprises du Bois née du rassemblement de la Fédération Nationale des Négociants en Bois et de la Fédération Belge des Exploitants Forestiers et des Marchands de Bois, représente les secteurs de l’exploitation forestière et du négoce de bois), Fédustria (ex-Febelbois – industrie du bois et de l’ameublement), Fédération Nationale des Scieries, Fédération Nationale des Experts Forestier, Société Royale Forestière de Belgique (gestion des bois), Cobelpa (association belge des fabricants de pâtes, papiers et cartons)
2 RND (ex-Valbois), l’asbl Bois & Habitat, le Belgian Woodforum ainsi que différents centres d’études : Hout Info Bois (organe d’information de la fédération des scieries), Feref (Fonds d'Etudes et de Recherches des Exploitations Forestières), CFB (Centre de Formation du Bois).

Qui se ressemble s’assemble

Le récent développement de la construction bois a toutefois poussé les différents sous-secteurs à s’interroger sur la pertinence de leur mode de fonctionnement. « Tous ont le même dénominateur commun, vendre plus de bois. Pour ce faire, il est impératif de faire connaître leurs produits, apporter à l’utilisateur toutes les garanties de qualité qu’il est en droit de réclamer, valoriser leur savoir-faire et leur expérience afin de se distinguer des « touche-àtout » qui investissent ce créneau. », explique Emmanuel Defays, conseiller scientifique auprès du Belgian Woodforum.

L’idée a fait son chemin et, en mars 2006, a eu lieu un premier rapprochement avec le lancement des « Rencontres de la filière bois » qui a réuni 300 participants émargeant aux différents sous-secteurs. Une véritable révolution culturelle qui a permis d’améliorer quelque peu la visibilité de la filière. Sa crédibilité aussi. La réussite de cette initiative a poussé les professionnels à réitérer l’expérience. Ainsi, le 26 mars prochain, à l’occasion du Salon Bois & Habitat, aura lieu la 7e édition de ces Rencontres de la filière bois, lesquelles « sont devenues le lieu et le moment où l’avenir de la filière bois s’esquisse, où les tendances futures sont révélées, où les réflexions s’amorcent et les stratégies s’échafaudent… », résume Emmanuel Defays. De quoi répondre aux nombreuses questions que se posent encore tant le grand public que les professionnels. Et tout profit pour une filière bois qui intègre doucement la notion d’intérêt commun.

Un secteur qui pèse lourd

Si la Wallonie connaît depuis 25 ans environ une véritable explosion technologique dans de nombreux secteurs à haute valeur ajoutée, ce développement concerne également le bois. La filière forêt-bois wallonne, de la gestion forestière jusqu’à sa transformation et son négoce, est une activité prospère qui génère un chiffre d’affaires annuel de près de 5 milliards € et représente aujourd’hui près de 3 800 entreprises qui font vivre 17 000 familles en Wallonie. à l’heure d’un recours accru aux sources renouvelables d’énergie, aux produits plus respectueux de l’environnement, d’une recherche de la maîtrise de nos émissions de CO2 et du réchauffement climatique, le bois et sa filière ont le vent en poupe.

Le bois, matériau du XXIe siècle ?

à l’échelle européenne, la filière bois produit pour une valeur de 365 milliards €, génère une valeur ajoutée d’environ 120 milliards € et emploie plus de trois millions de personnes dans 344 000 entreprises. De nombreuses branches de cette filière jouent un rôle essentiel dans le maintien d’un emploi durable dans les zones rurales.

Le secteur forêt-bois pourrait bien voir son importance croître et embellir dans les années qui viennent sous la double conjonction de la crise énergétique et des bouleversements environnementaux. C’est que les choses bougent, tant à l’échelle de l’Union européenne qu’à celle de nombreux pays membres où les pouvoirs publics considèrent avec de plus en plus d’intérêt la double évidence suivante :
– la filière bois dispose d’un important potentiel et pourrait accroître considérablement sa contribution au développement de l’économie ;
– l’attention accordée au bois dans les programmes de lutte contre le changement climatique, et plus généralement dans les politiques environnementales, est largement insuffisante au regard des possibilités que ce matériau offre.

Le bois, ce puits de carbone

Les forêts absorbent le dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Les produits de la filière bois (tels que les matériaux de construction) stockent également le carbone tandis que l’intensification du recyclage intensif de papier et de bois plutôt que la mise en décharge prolonge la capacité des produits du bois à retenir le carbone. Voilà pourquoi le secteur peut apporter sa contribution aux actions ambitieuses initiées par l’Union européenne en vue de mettre en oeuvre les politiques de lutte contre le changement climatique.

Le bois au coeur des politiques européennes de développement durable

C’est dans ce contexte que la Commission a récemment présenté au Conseil et au Parlement européens une communication « sur une filière bois innovatrice et durable dans l’UE ». La stratégie politique industrielle de l’UE prévoit en effet plusieurs initiatives sectorielles et le secteur forêt-bois fait partie des priorités. La communication de la Commission constitue la plus récente étape de l’application de cette stratégie. Les actions qui y sont proposées ont fait l’objet d’un avis du Comité économique et social européen qui, tout en soulignant la pertinence de ces actions, insiste sur la nécessité de les intensifier pour renforcer la compétitivité à long terme de la filière bois européenne. Le Comité économique et social recommande en outre aux pouvoirs publics nationaux et territoriaux de reconnaître davantage le potentiel de la filière bois dans les domaines économique et environnemental et accompagne cette recommandation d’une série de mesures précises qui renforcent et complètent celles que propose la Commission.

Une force qui ne demande qu’à se déployer

Dans l’ensemble, la filière bois européenne est compétitive et affiche de très bons résultats techniques et commerciaux. Les secteurs du papier, de la pâte à papier, du bois et de l’imprimerie occupent une position de pointe sur le marché mondial dans de nombreux domaines. Ils sont néanmoins confrontés à un certain nombre de défis, notamment en ce qui concerne l’accès aux matières premières, la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’innovation et le commerce des produits forestiers. En outre, le rôle des PME est très important dans les secteurs du bois et de l’imprimerie.

Vers une explosion de la demande

Selon l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la demande en bois dans le monde a augmenté d’environ 25 % entre 1996 et 2010. Et les approvisionnements en bois devraient rapidement être soumis à une pression accrue du fait de la biomasse utilisée pour générer de l’énergie renouvelable. « Les forêts européennes sont en position de produire plus de bois tout en conservant leur durabilité », rassure toutefois Mme Maria Gafo Gomez- Zamalloa (Direction générale Entreprises et Industrie de la Commission européenne). De fait, selon la Commission européenne, les forêts européennes produisent suffisamment de bois toutes les trois secondes pour construire une maison en bois de 120 m2 et son potentiel de croissance n’est pas pleinement utilisé à l’heure actuelle. « Une production accrue permettra de maintenir le prix des matières premières à des niveaux compétitifs dans les industries du bois, qui sont vulnérables à des hausses de prix soudaines », poursuit- elle encore. Une autre stratégie consiste à utiliser davantage de matières premières recyclées et récupérées. à cet égard, Maria Gafo Gomez-Zamalloa précise que près de la moitié de la production de papier de l’Union européenne est actuellement constituée de papier récupéré.

La France opte pour une croissance « durable »…

Cet infléchissement de la politique européenne a visiblement trouvé un écho en France, laquelle est pratiquement la dernière en termes de consommation de bois par habitant (dans la construction neuve, sa part de marché peine à atteindre les 5% contre 15% en Belgique !) alors qu’elle dispose de la plus importante surface forestière d’Europe…

Conscient de ce paradoxe, le président Nicolas Sarkozy, s’appuyant sur un rapport établi par Jean Puech, ancien ministre français de l’Agriculture puis de la Fonction publique, a récemment annoncé un train de mesures (dont un fonds stratégique financé à hauteur de 20 millions €) destiné à doper l’activité économique du secteur forêts-bois qualifié de « gigantesque source de croissance durable ». Dans le même temps, le chef de l’Etat français veut multiplier par dix le seuil minimum d’utilisation de bois dans les constructions neuves à compter de 2010 !

 

Schématiquement, on peut subdiviser la Filière Forêt-Bois en 4 activités distinctes : la gestion forestière, la 1ère et la 2e transformation du bois et l’industrie papetière.

La gestion forestière veille principalement à la régénération et à l’éducation de nos forêts pour pouvoir produire du bois de qualité, en quantité et de manière durable. De nombreux métiers contribuent à cette mission : ingénieur forestier, garde forestier, expert forestier, pépiniériste, entrepreneur de travaux forestiers, élagueur…

La 1ère transformation du bois regroupe les activités d’exploitation forestière, de sciage, de tranchage, de déroulage, de séchage et d’imprégnation. Elle consiste à préparer le bois à une utilisation plus spécifique. Ce secteur est extrêmement bien développé en Wallonie. Annuellement, 750 000 m³ de feuillus et 2 800 000 m³ de résineux sont récoltés et transformés. à ce niveau de la filière, on retrouve les métiers de bûcheron, débardeur, chauffeur grumier, conducteur d’engins forestiers, opérateur en scierie, opérateur de séchoirs à bois…

La 2e transformation du bois apporte une valeur ajoutée à la matière première. Elle regroupe les fabricants de meubles et de panneaux, les entreprises de fabrication d’éléments de construction (portes, fenêtres, parquets, charpentes, habitations à structure en bois…). Ce secteur d’activités est en plein développement grâce, entre autres, à l’essor de la construction bois, et est porteur d’emplois. C’est particulièrement vrai pour le métier de « monteur de construction à ossature bois », mais aussi pour les métiers plus traditionnels tels que menuisier, charpentier, ébéniste, restaurateur de meubles ou parqueteur.

L’industrie papetière comprend les industriels de la pâte, du papier et du carton. En Wallonie, ces sociétés emploient plus de 3 000 personnes et réalisent un chiffre d’affaires annuel cumulé de plus d’un milliard €*.

*Source : Awex

On peut encore ajouter à ces secteurs d’activités celui du négoce du bois composé de négociants, grossistes ou détaillants qui fournissent la matière première indispensable aux entreprises locales de la seconde transformation ou les produits finis ou semi-finis aux consommateurs finaux.

www.woodforum.be

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