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© David Olkarny
© Ne5t
© Maison Gersdorff

Camille Gersdorff

  • Business

Par Florence Thibaut

l’hospitalité dans le sang

A la tête de la Maison Gersdorff qui chapeaute les cinq enseignes familiales, Camille Gersdorff fourmille de projets. Elle édite des guides touristiques raffinés et vient d’ouvrir son premier hôtel dans le centre d’Etretat, en Normandie. Une entrepreneuse insatiable…


Infatigable globetrotteuse tombée dans l’hôtellerie dès son plus jeune âge – elle est la fille de Christine et Benoît, un couple d’entrepreneurs namurois à succès spécialisés dans l’hôtellerie et la restauration de luxe –, Camille Gersdorff a fait ses classes à l’étranger, de Shanghai à Londres en passant par New York. Diplômée du célèbre Institut Glion, en Suisse, elle se forme en parallèle à la nutrithérapie et à la photothérapie, et réfléchit à l’impact écologique du groupe familial. Rencontre avec une jeune femme pétillante.

Diplôme d’humanités en poche, vous avez passé quatre ans en Suisse dans le cadre de vos études. Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
L’Institut Glion est reconnu comme la meilleure formation hôtelière au monde. C’est une excellente école. On y balaie tous les aspects opérationnels du métier (salle, cuisine, œnologie) pour ensuite apprendre les rudiments du management et les différents aspects du business. Elle donne accès à un réseau d’une centaine de nationalités différentes. On est tous là pour apprendre le même métier. On vit au milieu des montagnes, loin de tout, cela crée des amitiés très fortes, d’autant plus qu’on part souvent travailler dans des villes similaires.

Votre premier stage vous a menée en Chine…
Après six mois de cours, j’ai eu la chance d’intégrer l’hôtel Portman Ritz Carlton de Shanghai durant six mois. J’ai travaillé pour le lounge VIP où je devais gérer les check in et les check out. Tous les systèmes étaient en chinois. J’ai dû me débrouiller pour comprendre. C’était une expérience très formatrice. J’ai été forcée de sortir de ma zone de confort. Un an et demi plus tard, je suis allée au London NYC Hotel, à New York, un hôtel au cœur de Manhattan. Nous avions beaucoup d’évènements à organiser lors des « fashion weeks ». J’y ai notamment appris à maîtriser la réservation de groupes. C’était une expérience d’une liberté incroyable. A la fin de mes études, je suis partie travailler pour le groupe de conseil d’investissement hôtelier CBRE, à Londres, comme « business development analyst ». Sur la même journée, je pouvais travailler sur le repositionnement d’un hôtel à Barcelone ou le rachat d’un hôtel à Paris.

Après ce séjour londonien, vous vous installez à Paris où vous cofondez la start-up Triptwin. A quels besoins est-elle venue répondre ?
L’idée était de matcher une offre d’hôtels avec la personnalité des voyageurs pour proposer un séjour idéal et une expérience unique. La plateforme Triptwin cible le profil de l’utilisateur, s’il voyage en famille, en couple, seul ou avec des amis, ainsi que ses goûts. J’ai créé cette application avec Xavier Rambaux qui a aussi un solide bagage dans l’hôtellerie internationale. Nous avons choisi de ne référencer que des hôtels uniques et indépendants.

Avec l’ouverture des « Tilleuls », à Etretat, en juin 2019, vous avez inauguré le premier établissement français du groupe. Comment ce projet est-il né ?
Cela fait dix ans que je n’habite plus en Belgique. Après trois ans à Paris, j’avais envie d’ouvrir un établissement en France. Je cherchais un lieu proche de la capitale et à taille humaine. J’ai entendu parler d’une belle maison d’époque de cinq chambres dans le centre-ville d’Etretat. Le bâtiment avait entièrement été refait, avec beaucoup de goût, par les anciens propriétaires. J’ai directement décelé le potentiel de l’endroit qui a la même âme, le même ressenti, que le « Ne5t », à la citadelle de Namur. Le projet s’est fait rapidement.

Qui sont vos clients ?
La ville d’Etretat accueille un million et demi de visiteurs par an. C’est une zone très touristique. J’ai ouvert pendant la haute saison qui court d’avril à septembre, ce qui est idéal pour se mettre dans le bain directement. Nous hébergeons des groupes en séminaires, des touristes, des Parisiens ou des Belges venus pour le week-end… C’est une clientèle très internationale.

En janvier dernier, vous avez lancé « Pépite », votre propre maison d’édition, à Paris. Comment est-elle née ?
J’ai vécu dans sept pays. En travaillant dans l’horeca, on a tendance à regorger de bonnes adresses. On connaît bien la scène culinaire d’une ville. J’ai commencé par un guide sur Paris, ma ville de cœur. J’ai ensuite publié un carnet sur Bruxelles avec la bloggeuse Claire Marnette. J’aime les beaux objets. Mes guides ont un côté esthétique affirmé. Ils reprennent chacun quarante trésors à découvrir. « Pépite » est à la fois une communauté et une marque. Je réfléchis à d’autres villes. Je suis mon instinct, comme dans chaque projet.

Quel est aujourd’hui votre rôle au sein de la Maison Gersdorff que vous dirigez depuis janvier 2017 ?
Je m’occupe du développement de la maison familiale et de la communication dans sa globalité, des réseaux sociaux aux relations presse. Nous travaillons en famille, chacun ayant son rôle au sein du groupe. Mon frère Guillaume gère le restaurant « Demain », au sein du Delta, la nouvelle Maison de la Culture de Namur. Ma mère est aux commandes de « La Plage d’Amée », à Jambes, le long de la Meuse. Mon père supervise l’ensemble et va là où on a besoin de lui. Il s’occupe généralement de la partie financière des projets. Il a toujours de nouvelles idées à développer. De mon côté, je réfléchis à un projet solidaire où les clients seraient conscientisés à l’agriculture raisonnée et durable.

Qu’est ce qui nourrit aujourd’hui votre inspiration ?
J’aime toujours autant voyager. J’étais au Japon en janvier, durant la fermeture des « Tilleuls ». J’ai plusieurs amis qui y travaillent. J’y ai découvert d’excellents restaurants, un art de vivre et des concepts hôteliers inédits. La qualité et la fraîcheur des produits y sont exceptionnelles. Je suis fascinée par ce pays, sa culture, sa précision. Il y a un niveau de respect et de service incroyable à vivre. Ce séjour m’a donné plein d’idées.

Avez-vous toujours su que ce secteur était fait pour vous ?
Jeune, on refoule souvent ce qu’on connaît. J’ai compris que c’était ce que je voulais faire quand j’ai accompagné mon père, en 2010, à l’Exposition universelle de Shanghai, où il s’occupait du pavillon belge. Je n’ai plus hésité ensuite. J’ai tendance à vouloir faire plein de choses, à être touche-à-tout. C’est un secteur de passionnés qui offre beaucoup de métiers différents. Aujourd’hui, mon poste est un véritable épanouissement professionnel et personnel. « Les Tilleuls » est le premier projet qui englobe l’ensemble de mes compétences. C’est très enrichissant !

La Maison Gersdorff
• NE5T Hôtel & Spa****, à Namur
• Restaurant « La Plage d’Amée »*, à Jambes
• Restaurant « Kookin » (Bib gourmand), à Perwez
• Restaurant « Demain », à Namur
• Hôtel « Les Tilleuls », à Etretat (France)


www.maisongersdorff.com
https://pepite-shop.com

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