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Par Marc Vandermeir
Il y a sept ans, Dominique Boccar a repris Biospeedhome, l’entreprise où elle travaillait. Pour elle, être femme chef d’entreprise implique aussi de ne pas se laisser intimider.
Dominique Boccar est une entrepreneur dans une activité réputée très « masculine » ; la construct ion. Plus précisément , la construction de maisons en bois massif et à ossature bois. Sa motivation ? « Lorsque j’ai commencé à travailler là, moi qui étais armée d’une licence en chimie et d’un diplôme en comptabilité, je ne connaissais pas la construction, et encore moins celle des maisons en bois massif. J’en suis tombée amoureuse dès que je les ai découvertes. J’en ai fait moi-même construire une en 2003. L’année suivante, les anciens propriétaires m’ont proposé de reprendre une grosse partie de la commercialisation, puis la reprise complète de cette société. »
N’est-il pas difficile, pour une femme, de se lancer dans un secteur réputé pour être féminin ? « La première société des anciens patrons était une scierie et j’étais donc déjà habituée, y ayant été la seule femme pendant plusieurs années », explique Dominique Boccar. Et de nuancer l’idée que ce soit plus laborieux pour une femme. « Le plus difficile, pour moi, n’a pas du tout été d’être une femme, mais bien que, de collègue de travail, je suis devenue patronne de l’entreprise. Ce n’est pas toujours simple, mais pas lié au fait d’être une femme ». Reste que Dominique Boccar concède que, hors de l’entreprise, elle ne rencontre pas souvent des collègues féminines, sauf dans le graphisme ou l’architecture. « Je ne l’ai jamais ressenti comme un problème. Il faut simplement savoir ce que l’on veut et ne pas se sentir intimidée. Je n’ai pas de souci à ce niveau. Mais savoir s’imposer n’est pas donné à tout le monde, il faut un certain caractère. Reste qu’il est vrai que, lorsque c’est une femme à la tête d’une entreprise, cela se remarque. Et, pour moi, ce n’est pas normal. Si je considère mon secteur d’activités, je me rends parfaitement compte que c’est bien d’avoir un intermédiaire entre moi et mes ouvriers pour le rapport quotidien. »
Quant au fait d’avoir l’esprit d’entreprendre, la patronne de Biospeedhome l’explique par le fait qu’elle est quelqu’un d’assez indépendante dans son travail. « Au moment de la reprise, ma décision est ainsi venue tout naturellement. »
Dépasser l’a priori
Lorsque l’on demande à Dominique Boccar la perception qu’ont d’une femme dirigeant une entreprise de construction – bois, qui plus est – ses interlocuteurs dans ce domaine, elle évoque les idées reçues. « C’est un a priori basé surtout sur un manque supposé de compétences techniques. À partir du moment où l’on arrive à s’imposer à ce niveau, il n’y a alors plus aucune barrière. Il y a donc une démarche en plus, qui est de dépasser ce préjugé. Je n’ai d’ailleurs jamais eu vraiment de souci envers les clients lorsque je m’occupais de la partie commerciale, ni envers d’autres corps de métier. Cela dit, je ne m’occupe pas de la gestion des chantiers. C’est une mission d’ingénieur. Là, peut-être aurais-je plus de difficultés à m’imposer. »
Mais des caractéristiques féminines, selon Mme Boccar, s’expriment par exemple dans la gest ion de son ent repr ise. « L’organisation », dit-elle sans hésiter et le sourire aux lèvres. « Je suis quelqu’un de très organisé. Ce n’est peut-être pas très féminin, mais je le rencontre peu autour de moi, et l’on dit toujours que les femmes savent faire plusieurs choses à la fois, pas les hommes ». Une « féminitude » qui se traduit aussi dans les relations humaines au sein de l’entreprise. « J’aime garder une ambiance conviviale. Je suis très ouverte, très disponible. Bien sûr, je dis ce que je pense, mais je ne suis pas une personne très autoritaire qui s’énerve pour un oui ou non. Je n’affirme mon autorité que lorsque c’est vraiment nécessaire. » Et pour la famille ? « Ce n’est en effet pas simple, mais j’ai la chance d’avoir un compagnon qui a des horaires un peu décalés et nous pouvons donc nous répartir la prise en charge de notre petit bout de quatre ans et demi. C’es vrai que je le vois moins que ce que je voudrais, mais je veille à me ménager des moments pour ma famille, surtout le week-end. Savoir se ménager ces moments, c’est très important pour l’équilibre de tous. »
Par ailleurs, le fait d’être une femme n’entraîne pas celui de privilégier l’embauche de femmes plutôt que d’hommes. « Ce qui me fait choisir, ce sont les compétences, l’expérience et la qualité du travail. Cela dit, le seul poste qui, dans mon entreprise, me paraît plus difficile à gérer par une femme, c’est la gestion du chantier. Je ne dis pas que c’est impossible – des femmes architectes le font et le font très bien d’ailleurs – mais c’est assez spécifique. Là, il faut tomber sur la bonne personne, qui saura réaliser un mariage harmonieux entre autorité et tact. »
Le milieu patronal, lui, a-t-il toujours certaines idées (très) préconçues sur la femme chef d’entreprise, d’autant plus dans la construction, ou ce temps-là est-il révolu ? « J’ai du mal à ressentir comment je suis perçue. Nous sommes occupés à créer un groupement d’entreprises de la construction bois, il n’y a autour de moi que des hommes mais je n’ai jamais ressenti quoi que ce soit de négatif de leur part. Je pense vraiment que ce sont les compétences générales et la qualité de la gestion qui importent. Tout comme les hommes savent qu’il y a sans doute chez moi des capacités qu’eux n’ont pas. »
Bio Express
1992 : Dominique Boccar obtient une licence en chimie, puis un graduat en comptabilité en 1996.
2003 : elle reprend, en tant que salariée, la partie commerciale de Biospeedhome.
2005 : elle rachète l’entreprise avec deux autres associés.
Renseignements
Biospeedhome
Rue des Boussines, 46
B-6960 Manhay
+32 (0)86 45 51 24
biospeedhome@biospeedhome.be
www.biospeedhome.be
Bois & Habitat Édition 2013
15 ans déjà que le Salon Bois & Habitat offre une vitrine exceptionnelle, complète et diversifiée de toutes les déclinaisons possibles du bois dans nos habitations.
Près de 200 exposants dévoilent le meilleur de leurs productions et de leurs innovations autour de trois thématiques :
1. Construction et rénovation
2. Aménagements d’intérieurs et d’extérieurs
3. Ameublement et design
Parmi eux, Biospeedhome sera bien évidemment présente. Pour cette édition anniversaire, une grande exposition rétrospective, en partenariat avec le magazine Déco Idées, mettra à l’honneur les designers passés par le Concours Design & Bois devenus des créateurs reconnus désormais mondialement. D’autres évènements tels des conférences, des rencontres, l’exposition Wooderful World ainsi qu’un « Ladies’Day » (accès gratuit pour ces dames le 25 mars) auront également leur place durant les 4 jours du Salon.
Renseignements
Salon Bois & Habitat
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Namur Expo
Avenue Sergent Vrithoff, 2
B-5000 Namur
www.bois-habitat.com